L’interview choc du général Pellizzari et du sénateur Houpert sur les dérives du pouvoir exécutif et le contournement du Parlement – Bercoff sur le vif


La Constitution en danger : un ancien général et un sénateur dénoncent la livraison illégale d’armes à l’Ukraine

Dans un entretien accordé à André Bercoff, dans sa nouvelle émission « Bercoff sur le vif», le général Paul Pellizzari et le sénateur Alain Houpert (Côte-d’Or) ont soulevé des préoccupations majeures concernant l’engagement militaire de la France en Ukraine. Au cœur de la discussion se trouve une plainte pénale déposée contre de hauts responsables gouvernementaux pour la livraison illégale d’armes, et la tentative du Parlement de reprendre ses droits face à ce qu’ils perçoivent comme un contournement des institutions.

 

La plainte pénale : alerter contre le désarmement national

Le général Paul Pellizzari, ancien fonctionnaire et citoyen, a déposé une plainte pénale devant la Cour de justice en avril 2024. Cette action visait trois figures politiques de premier plan : Gabriel Attal, alors Premier ministre, Stéphane Séjourné, alors ministre des Affaires étrangères, et Sébastien Lecornu, ministre de la Défense de l’époque. L’accusation est grave : « livraison illégale d’armes à l’Ukraine depuis 2022 ».

Le général Pellizzari a expliqué que son action était motivée par une « dérive » observée depuis 2022. Ce qui a principalement retenu son attention est l’importance des stocks transférés, notamment le fait d’envoyer « le fleuron de notre artillerie là-bas », en citant le canon César. Il a souligné que cette distribution massive d’équipements divers, y compris les munitions et les systèmes de rechange, diminuait « la capacité opérationnelle de l’armée de terre d’une manière incroyable ».

Agissant comme citoyen et ancien fonctionnaire, il a rappelé l’importance de l’article 40, qui l’invite à porter plainte contre tout acte délictueux observé, dans une interview exclusive donnée à France-Soir en 2024. Pour lui, cette manière de faire était « absolument hors des cadres » de la loi et de la République.

Interview exclusive à France-Soir 30 avril 2024

Cependant, sa plainte a reçu une « fin de non-recevoir ». On lui a signifié qu’il n’était « absolument pas concerné par ces trucs-là ». Le général a rétorqué : « je paye mes impôts… j’estime être concerné ». Face à l’absence de suite, il a lancé une pétition intitulée« Halte à la livraison d’armes à l’Ukraine », qui a recueilli 11 000 signatures. Un autre document, la résolution constitutionnelle qui sera portée par le Sénateur Houpert, a été signé par beaucoup de militaires, dont « deux généraux de 5 étoiles ». Au total, l’initiative a rassemblé 33 000 signatures.

 
Sanction et bâillonnement

Suite à son recours pour excès de pouvoir, le Général Pellizzari a comparu devant le Conseil d’État après avoir été « radié par décret du 17 avril 2025 ». Il a révélé que le motif invoqué était le non-respect de son devoir de réserve en tant que général de 2e section, une position qu’il n’occupait plus, étant à la retraite depuis l’âge de 68 ans.

Le Général interprète cette radiation comme une tentative d’humiliation et un message clair destiné aux autres militaires et citoyens : « taisez-vous sinon vous allez perdre votre appellation ». Le Sénateur Houpert a abondé dans ce sens, décrivant la radiation comme une « tentative [de] bâillon [ner] celui le messager » et une incohérence par rapport aux discours tenus par d’autres hauts gradés.

Retrouvez la conférence de presse du général Pellizzari, du sénateur Alain Houpert, de Jacques Nikonoff et de Me Protat suite à l’audience au Conseil d’État visant à demander l’annulation de la radiation du général Pellizzari

 
Le sénateur Houpert et la résolution 547

Le Sénateur Alain Houpert, se tenant « auprès du plus faible », a officiellement déposé au Sénat, le 24 avril dernier, la résolution citoyenne initiée par le Général Pellizzari et des dizaines d’autres militaires.

Le fondement de cette démarche est purement constitutionnel. Le Sénateur a rappelé que la Constitution, son « livre de chevet », contient deux articles fondamentaux :

  • L’article 35 et l’article 53 exigent que tout engagement de l’État français, notamment dans des actions militaires ou de cession d’armes, « doit passer par l’avis du parlement ».
  • Le Sénateur insiste : « il doit passer par le parlement c’est obligatoire bien sûr ».
Résolution
Résolution 547 déposée par le sénateur Houpert

Pourtant, malgré l’importance de ce droit parlementaire, Alain Houpert a fait face à un silence assourdissant. Il a envoyé une lettre recommandée pour que la résolution soit inscrite à l’ordre du jour, mais elle y est toujours pas. Il dénonce un « contournement de nos institutions et de la constitution ». 

Le sénateur a déploré son isolement, indiquant qu’il est « le seul à dire ça » et qu’il n’a « aucun soutien sur cette demande de résolution » parmi les 900 parlementaires.

 

Le débat sur le Chef d’État-Major des Armées (CEMA) et la peur

L’interview s’est élargie pour analyser les récentes déclarations du Général Mondon, Chef d’État-Major des Armées (CEMA), notamment celles faites au congrès des maires en novembre, où il affirmait que la France était en risque si elle n’était pas prête « à accepter de perdre ses enfants » et « de souffrir économiquement ».

Plusieurs observateurs, dont d’anciens officiers cités, ont conclu que ces propos avaient été tenus « sur ordre du président de la République ». Le Général Gomard, cité, a affirmé qu’il accusait « plus le président de la République qui ne parle pas » mais qui fait parler le CEMA, car « l’institution militaire est sans doute l’institution dans laquelle les Français ont le plus confiance ».

Le général Pellizzari a vérifié les attributions officielles du CEMA, notant qu’il est responsable de l’emploi des forces et conseiller militaire du gouvernement, mais qu’il « n’est nulle part écrit… qu’il est responsable de la communication du gouvernement ». Il a jugé que le SEMA, en désignant directement la Russie « comme ennemi », était sorti de son rôle militaire pour entrer dans un « rôle politique », violant ainsi la nécessaire neutralité.

Alain Houpert, rejoignant le sentiment que le CEMA était « en service commandé de l’Élysée », a critiqué le fond du message. Il estime que le gouvernement « distille la peur » et que « la peur ça paralyse et ça mobilise pas ». Citant Spinoza, il a rappelé que « la peur est une passion triste », insistant sur l’importance de la « bienveillance » envers les Français.

 

Incohérence et préparation à la guerre

Les deux hommes ont soulevé l’incohérence du discours mobilisateur actuel. D’un côté, on parle d’une menace russe imminente « dans 3 ou 4 ans » ; de l’autre, le CEMA admet que la France « n’est pas prête ». Pellizzari a ironisé : 

« Moi, je suis à la place de monsieur Poutine je vais dire ‘OK je vais en profiter’ »

Il voit cela comme le résultat de la « promiscuité de cet homme [Mandon] avec monsieur Macron depuis 5 ans ».

Concernant la défense européenne, le général Pellizzari l’a qualifiée de « rêve qu’on n’atteindra jamais » et de « leurre ». Il a rappelé que la France possède « l’arme atomique et la dissuasion », s’interrogeant sur la raison pour laquelle Poutine attaquerait la France.

La réalité des capacités militaires françaises est préoccupante. Le général a estimé que l’armée française ne peut mettre à disposition qu’environ « 20 000 personnes avec une relève », ce qui n’est « pas lourd » comparé aux armées russes ou ukrainiennes. De plus, les stocks de munition sont extrêmement faibles : « les stocks de munition, c’est une semaine ».

Le sénateur Houpert a également soulevé une autre dérive récente : la création par un décret du 1er novembre de ce qu’il appelle des « opérateurs de référence », qui sont en réalité des « sociétés militaires privées » avec habilitations secrets défense. Il a dénoncé « On a critiqué Wagner et on est en train de faire Wagner. »

 

L’abîme entre le réel et le narratif

En conclusion, l’interview a mis en lumière un sentiment d’absence de contre-pouvoir. Les deux invités ont dénoncé un « détournement des institutions françaises » et une « manipulation de l’information ».

Le sénateur Houpert a insisté sur le fait qu’ils ne sont « ni russophiles ni russophobes » mais seulement Français. Il a critiqué l’esprit moutonnier qui fait que « quand vous êtes contre le gouvernement, vous êtes un complotiste » ou un munichois lorsque vous souhaitez la paix. Il a martelé que faire la paix est un débat, et « c’est un débat avec ses ennemis, pas avec ses amis ».

Le général Pellizzari a exprimé sa confiance absolue dans la force morale des soldats français pour défendre les frontières nationales, mais a tempéré : « Les meilleurs soldats du monde, s’ils n’ont pas d’armes, s’ils n’ont pas de munitions, bah voilà ».

Les deux hommes ont souligné l’« abîme entre le réel et un certain narratif ». Ils restent néanmoins déterminés, comme l’a conclu le général en citant le maréchal Leclerc : 

« il n’y a pas de cause désespérée mais seulement des gens qui désespèrent ».





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