Non, la Russie n’a pas « libéré l’Europe »


Alors que Donald Trump fait pression sur l’Ukraine pour accepter un « plan de paix » qui est en réalité une capitulation forcée, une dangereuse amnésie historique s’installe. On entend à nouveau dire que la Russie aurait « sauvé l’Europe », comme si des décennies d’occupation, de terreur et de destruction n’avaient jamais existé. Éclairage d’Elena Meilune, journaliste d’origine lituanienne dont la famille a vécu ce que certain·es persistent à appeler une « libération ».

Donald Trump maintient la pression sur Volodymyr Zelensky pour faire accepter un « plan de paix » qui entérinerait l’occupation russe – offrant à Moscou ce qu’elle n’a pas obtenu militairement, sans aucune garantie de désescalade ni de retrait.

En avalisant la mainmise russe sur les territoires occupés, cette approche reviendrait à légitimer une guerre d’agression – responsable d’un crime d’écocide – condamnée par la majorité des instances internationales. 

Par ailleurs, malgré les négociations en cours, des bombardements russes massifs se poursuivent sur l’Ukraine. Dans un contexte où les récits trompeurs se multiplient, la propagande continue de travestir les faits, brouillant la compréhension du conflit et des ambitions impérialistes du Kremlin.

Visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky au Conseil de l’Europe à Strasbourg, en juin 2025. Wikimedia.

La mécanique du mensonge : comment Moscou transforme l’occupation en « libération »

Loin de la propagande qui circule aujourd’hui en Europe occidentale, la réalité vécue durant l’occupation soviétique par les pays baltes, par l’Ukraine et par tant d’autres était celle d’une oppression systématique : déportations, interdictions linguistiques, tortures, violences sexuelles, occupations militaires, destructions culturelles. Assimiler cette histoire à une prétendue « libération » revient non seulement à falsifier le passé, mais aussi à piétiner la mémoire de celles et ceux qui ont résisté – souvent au prix de leur vie.

Et aujourd’hui, les mêmes mécanismes narratifs se répètent concernant la guerre en Ukraine : « dénazification », « protection des russophones », « libération du Donbass », comme si l’invasion, les massacres, les bombardements et les déportations de dizaines de milliers d’enfants n’étaient que de simples opérations humanitaires.

Face à cette résurgence de récits impérialistes, il est essentiel de rappeler ce que furent réellement les décennies de domination soviétique, ce que fut le courage des peuples qui ont combattu pacifiquement pour leur indépendance, et ce que révèle aujourd’hui encore la propagande d’un régime autoritaire – des récits mensongers qu’il faut déconstruire, un à un, pour en montrer la réalité.

Je viens d’un pays que l’on a voulu faire taire

Je suis Elena Meilune, journaliste chez Mr Mondialisation. Je viens de Lituanie, un pays qui a passé cinquante ans sous domination soviétique. Personne, dans ma famille, n’y a échappé : mes parents, mes grands-parents, dont la mémoire m’accompagne, et toutes les personnes qui me sont ou m’ont été chères ont vécu dans un État où la peur, la surveillance et la violence structuraient chaque recoin du quotidien. La culture était contrôlée, le russe imposé partout : à l’école, dans l’administration, dans la vie publique, tandis que le lituanien, l’une des plus anciennes langues vivantes d’Europe, était rabaissé, moqué, dénigré, qualifié par les Soviétiques de « langue de chiens ».

« [la lituanie sous domination soviétique] C’était une prison à ciel ouvert où l’on apprenait à se taire pour survivre. Où l’horizon se refermait à des frontières gardées par des soldats prêts à tirer à vue. Aujourd’hui, voir la propagande russe contaminer les esprits en Europe de l’Ouest – notamment ce récit qui présente la Russie comme ayant « sauvé l’Europe du nazisme » et aurait donc la légitimité à se poser en puissance libératrice – provoque en moi un choc profond. »

Un choc pas seulement intellectuel : un choc intime, viscéral. Car ce récit efface les décennies de violences infligées à des peuples entiers, dont le nôtre. C’est comme entendre quelqu’un réécrire notre propre histoire sous nos yeux – et en piétiner la mémoire.

« Malgré la peur, malgré la répression, la Lituanie a choisi la dignité. La résistance balte avait pris mille formes au fil des décennies – clandestine, culturelle, politique – mais c’est un moment précis qui a tout fait basculer. Le 11 mars 1990, la Lituanie proclame son indépendance à main levée, devenant le premier État de l’ex-URSS à oser ce geste. »

Une mobilisation pacifique sans précédent, bientôt suivie par les autres pays baltes et par l’Ukraine. Pas d’armes. Pas de milices. Aucune violence. Juste des voix humaines, fragiles mais unies. Et une solidarité internationale, certes tardive, mais déterminante, qui finit par reconnaître ces indépendances naissantes. Cette résistance pacifique a porté ses fruits : elle a ouvert la brèche qui mènerait à l’effondrement de l’URSS, même si Moscou s’accrochait encore de toutes ses forces.

Je pense à mes parents. À ce qu’ils ont vu. À la nuit du 12 au 13 janvier 1991, quand les chars soviétiques sont entrés dans Vilnius pour tenter d’écraser cette liberté fragile. Comme des dizaines de milliers d’autres, ils ont marché jusqu’au Parlement, déterminé·es à protéger leur pays, sans armes. Vers trois heures du matin, le président du Parlement leur demande de se disperser : l’assaut est imminent, leur vie est en danger. Ils refusent. Tout le monde refuse. Alors ils s’enlacent, respirent profondément, peut-être pour la dernière fois, et restent debout.

Citoyen lituanien désarmé face à un tank soviétique, Vilnius, 13 janvier 1991 – @WikimediaCommons

Plusieurs bâtiments stratégiques de la ville sont protégés par des chaînes humaines. Des civils désarmés, face aux blindés. Cette nuit-là, quatorze personnes sont tuées, près d’un millier blessées. Je pense à Loreta Asanavičiūtė, 23 ans, écrasée par un char soviétique. Ce n’était pas une guerre : c’était la violence nue d’un empire qui s’accrochait avec une brutalité inouïe à des territoires qui n’avaient jamais été et ne seront jamais les siens.

Si je n’ai pas grandi dans une dictature autoritaire, si je n’ai pas été forcée de parler russe, si j’ai pu apprendre l’histoire de mon pays dans des livres non censurés, c’est uniquement grâce au courage immense de celles et ceux qui se sont dressé·es, sans armes, face à l’armée soviétique. Des êtres humains qui ont eu la force inimaginable de résister pacifiquement, parfois au prix de leur vie, libérant un pays qui demeure à ce jour marqué par une mémoire traumatique collective bien ancrée, largement documentée.

Alors quand je lis ou j’entends aujourd’hui des discours qui glorifient la Russie car elle aurait « libéré l’Europe », je ressens une douleur que j’ai du mal à décrire. Pas une douleur tournée vers le passé, mais celle de voir l’oubli gagner, de voir des récits mensongers remplacer des faits, de voir des vies entières reléguées à des notes de bas de page. C’est assister à un déni total des déportations, humiliations, tortures, violences sexuelles massives, qui faisaient partie intégrante de la domination soviétique.

J’y vois une méconnaissance abyssale de la réalité historique, teintée de mépris pour ces vies brisées, pour notre culture que l’on a tenté d’effacer, pour les corps meurtris, pour nos livres brûlés. Cette propagande qui circule aujourd’hui n’est pas seulement fausse : elle est une insulte à la mémoire des peuples qui ont survécu à l’occupation soviétique et qui luttent encore pour préserver leur liberté.

Et si une part de moi aurait envie de laisser éclater une colère brute face à celles et ceux qui reprennent ces discours, je refuse de tomber dans le piège de l’accusation individuelle envers des personnes mal informées, mais nullement mal intentionnées. Car le problème ne réside pas en ces individus : il réside dans un système qui les égare. Un puissant système de propagande qui recycle l’héritage colonial soviétique pour continuer à légitimer la domination. Mais la vérité historique n’est pas un territoire que l’on peut annexer. Elle résiste. Elle survit. Comme nous.

Tombe de Loreta Asanavičiūtė, victime de l’intervention soviétique en Lituanie en 1991, une des défenseures de la tour de télévision de Vilnius. Wikimedia.

Propagande et manichéisme : des armes impérialistes

Le mythe d’une « Russie libératrice » n’a rien de nouveau : c’est le même discours utilisé chaque fois que l’État russe – tsariste, soviétique ou actuel – tente d’occuper un pays. Depuis des siècles, les invasions sont justifiées au nom de la « protection », de la « libération » ou de la « défense » de populations prétendument menacées. Une rhétorique impériale classique et systématiquement recyclée, qui sert à travestir des conquêtes territoriales en actes humanitaires.

Présenter l’URSS comme un sauveur revient ainsi à effacer les crimes commis dans les pays qu’elle a occupés : l’annexion de territoires entiers, le massacre de millions de personnes, l’écrasement des mouvements démocratiques, la suppression violente des cultures. Cela transforme un empire autoritaire en héros et réduit les victimes au silence.

Citoyens désarmés défendant la Maison de la presse lituanienne face à des soldats de l’armée soviétique, Janvier 1991, Vilnius, Lithuanie – @WikimediaCommons

À cela s’ajoute un manichéisme toxique : bien des personnes qui portent un regard critique – légitime – sur l’OTAN, pensent que cela implique ipso facto de soutenir Vladimir Poutine, notamment dans sa guerre contre l’Ukraine. Comme si refuser un impérialisme obligeait à en applaudir un autre. Comme si on ne pouvait avoir une histoire indépendante de ces jeux de blocs. Cette vision simpliste empêche de comprendre les dynamiques impériales réelles – et alimente exactement la propagande que la Russie cherche à imposer.

Ce n’est pas seulement l’histoire qui démontre la nature impérialiste du régime russe : les propres textes doctrinaux du pouvoir le confirment. En 1997, Moscou publiait les Fondamentaux de la Géopolitique, un manuel destiné aux écoles militaires russes. Tout y est déjà : la volonté de dominer l’Ukraine, de fragmenter les États voisins, d’affaiblir l’Europe, d’utiliser la désinformation et le soutien à l’extrême droite pour miner les sociétés démocratiques. Rien n’a été improvisé : dès la fin des années 1990, la stratégie impériale était écrite noir sur blanc.

Première de couverture de l’édition russe du livre « Fondamentaux de géopolitique –
L’avenir géopolitique de la Russie »

Cet ouvrage n’est pas une analyse académique, mais un programme politique où l’Ukraine est décrite comme, une « anomalie absolue », un non-État qui doit être conquis et annexé, où le Royaume-Uni devrait être séparé de l’Europe pour affaiblir celle-ci, où les États baltes doivent être neutralisés et où l’Occident doit globalement être divisé de l’intérieur. Vingt-huit ans plus tard, la Russie applique exactement ce qui y est décrit.

Ukraine : déconstruire les mensonges de la propagande russe

Non, la Russie n’a pas pour but de « dénazifier » l’Ukraine

Il existe bien des mouvements d’extrême droite en Ukraine – comme dans de nombreux pays, dont la France – mais ils restent largement inférieurs en nombre, marginalisés politiquement et n’ont aucun contrôle sur l’État. Selon Eugene Finkel, politologue et historien à l’université américaine Johns Hopkins, spécialiste de la violence politique, du génocide, de la politique est-européenne et israélienne, et des études sur l’Holocauste :

« Les groupes néonazis et d’extrême droite sont bruyants et peuvent être enclins à la violence, mais ils sont peu nombreux, marginaux et leur influence politique au niveau de l’État est inexistante. Cela ne veut pas dire que l’Ukraine n’a pas de problème d’extrême droite. Elle en a un. Mais je considère le Ku Klux Klan aux États-Unis et les skinheads et groupes néonazis en Russie comme un problème et une menace bien plus importants que l’extrême droite ukrainienne. »

L’accusation s’effondre d’autant plus en sachant qu’elle vient de la Russie, un pays dirigé par un autocrate ultranationaliste qui, dans sa propre armée comme dans ses milices affiliées (Wagner, Rusich, etc.), tolère, protège et utilise des groupes ouvertement néonazis qui ont par ailleurs combattu lors de la guerre du Donbass.

Parler de « dénazification » tout en s’appuyant sur des unités armées arborant des symboles nazis, tout en muselant la presse, en emprisonnant ou assassinant les opposants, relève d’une incohérence totale – et expose la fonction réelle de cet argument : une distorsion pure et simple de la réalité, un outil de propagande destiné à justifier une guerre d’invasion, légitimant un impérialisme ancien sous un vernis pseudo-moral.

Et pendant que Poutine accuse l’Ukraine de nazisme, ses alliés les plus fervents en Europe sont… des groupes d’extrême droite que la Russie finance. De nombreuses organisations néofascistes et ouvertement antisémites affichent un soutien assumé au Kremlin. Certaines ont bénéficié de financements, de relais médiatiques ou de réseaux d’influence liés à la Russie, d’autres ont noué des coopérations politiques ou idéologiques avec Moscou. Ensemble, ils forment une avant-garde radicale qui mène une propagande virulente contre l’Ukraine, au nom d’une vision ultranationaliste et autoritaire parfaitement en phase avec celle du régime de Poutine.

Non, l’Ukraine ne bombardait pas son propre peuple par choix

Dire que « l’Ukraine bombardait son propre peuple » est aussi l’un des éléments de langage centraux de la propagande russe pour justifier l’invasion. Pour comprendre pourquoi cette affirmation est trompeuse, il faut rappeler le contexte :

En 2014, la Crimée est annexée par la Russie de manière illégale.

– L’intervention russe dans l’est de l’Ukraine (le Donbass) débute à la suite de cette annexion : des groupes armés pro-russes sont activés, encadrés et financés par Moscou, tandis que des unités régulières russes s’infiltrent puis participent directement aux combats.

Le conflit ne se présente donc pas comme une « guerre civile spontanée » où l’Ukraine bombarde son propre peuple pour des motifs internes, mais comme une guerre initiée par une puissance extérieure via des alliés sur place. Dire que l’Ukraine « bombardait son propre peuple » revient à effacer le rôle central de la Russie dans l’armement, le financement et la direction de la majorité des opérations séparatistes dans le Donbass.

Bien sûr, des civil·es ont été touché·es – et il faut en parler. L’armée ukrainienne a bien commis des violations lors de la guerre du Donbass, on ne peut pas le nier. Mais dans un contexte créé de toutes pièces par l’intervention russe, lorsque l’État ukrainien intervient, ce n’est pas par plaisir de frapper ses propres concitoyen·nes : il répond à une insurrection armée, alimentée par un acteur extérieur, utilisant des civils et des infrastructures civiles comme zones de combat. Le principe est clair dans les analyses. Le but de la Russie n’est aucunement de défendre un peuple réprimé, elle intervient dans le Donbass avec l’objectif de ramener l’Ukraine dans sa sphère.

Selon le Center for Preventive Action (centre de recherche et de diffusion d’informations en matière de prévention des conflits armés), sans l’annexion de la Crimée et sans cette intervention russe, il n’y aurait tout simplement pas eu de guerre de grande ampleur dans l’est ukrainien.

Accords de Minsk : un compromis ambigu, en faveur de l’agenda expansionniste de la Russie

Les accords de Minsk (2014 et 2015) visaient à instaurer un cessez-le-feu, retirer les armes lourdes et organiser un processus politique dans le Donbass. En pratique, ils n’ont jamais été pleinement mis en œuvre, notamment à cause des désaccords profonds sur le statut du Donbass et sur la souveraineté ukrainienne. Selon une étude du Stockholm Centre for Eastern European Studies (organisation à but non lucratif suédoise) en réalité, ces accords étaient voués à l’échec dès leur conception, tant leur architecture institutionnelle et leur langage ambigu favorisaient mécaniquement la position russe.

Les travaux du politologue norvégien Kristian Åtland confirment ce diagnostic : ces textes n’étaient ni « efficaces », ni « équitables », ni « durables » et ont été « imposés à l’Ukraine sous la menace des armes, alors même que les forces russo-séparatistes gagnaient du terrain et contraignaient les forces ukrainiennes à la défensive. »

L’Ukraine a ensuite été poussée par certains partenaires occidentaux – principalement la France et l’Allemagne – à accepter une « solution de compromis ». Mais pour Kyiv, ce compromis n’en était pas un : les accords penchaient clairement en faveur de Moscou, et l’Ukraine ne disposait d’aucune alternative réaliste face à une armée russe supérieure et à des milices séparatistes soutenues par le Kremlin. Refuser Minsk, c’était risquer une escalade immédiate.

L’ambiguïté volontaire du texte a aggravé la situation : pour Kyiv, certaines dispositions n’étaient applicables qu’après le retrait des forces russes et la fin des ingérences ; pour Moscou, ces mêmes dispositions devaient être appliquées avant tout rétablissement de la souveraineté ukrainienne. Ces lectures irréconciliables ont paralysé le processus.

Pendant ce temps, la Russie utilisait les accords de Minsk comme un instrument tactique : un moyen de geler le conflit, de légitimer les structures séparatistes, de maintenir la pression militaire et diplomatique tout en poursuivant son agenda impérial. De 2015 à 2022, c’est Moscou qui en a bloqué la mise en œuvre en refusant systématiquement les étapes impliquant son propre retrait ou la fin de son contrôle territorial.

Et l’histoire l’a confirmé : en février 2022, la Russie choisit d’y mettre fin de façon unilatérale – non pas par un retrait, mais par la force, en lançant une invasion totale de l’Ukraine. Preuve que Minsk n’était jamais, pour le Kremlin, un véritable plan de paix : seulement un outil temporaire destiné à maintenir l’Ukraine affaiblie jusqu’au moment opportun pour frapper.

Non, l’OTAN n’a pas forcé la guerre : Moscou avait déjà annexé la Crimée avant toute perspective d’adhésion ukrainienne

Si l’OTAN est critiquable sur de multiples points, présenter son action comme cause majeure de la guerre en Ukraine revient à nier la responsabilité première de la Russie. L’Ukraine n’avait aucune perspective concrète d’adhésion à l’OTAN au moment où la Crimée était annexée par la Russie, ni lorsque Moscou a activé et armé des groupes séparatistes dans le Donbass.

Une déclaration d’intention avait seulement été formulée en 2008 lors du sommet de Bucarest, qui n’a jamais été suivie d’un processus formel. Plusieurs pays membres de l’Alliance y étaient fermement opposés, ce qui bloquait toute avancée réelle.

Entre 2014 et 2022, aucune troupe de combat de l’OTAN n’est stationnée en Ukraine, et aucun processus formel d’adhésion n’était engagé. La seule armée massée aux frontières ukrainiennes est celle de la Russie. L’OTAN n’a renforcé sa présence sur son flanc Est qu’après l’annexion de la Crimée – en réaction, pas en anticipation. Aucun déploiement de forces alliées n’a eu lieu en Ukraine avant 2022.

Autrement dit : non, ce n’est pas l’OTAN qui est la cause guerre. Et c’est précisément l’absence de défense collective qui rend les pays vulnérables à l’impérialisme russe. Un impérialisme territorial profondément structurel, antérieur à la création de l’OTAN de plusieurs siècles.

N.B. : L’OTAN a été créée en 1949 pour contenir l’expansion soviétique. L’URSS venait d’annexer les pays baltes, d’occuper militairement l’Europe de l’Est et d’imposer des régimes autoritaires sous contrôle de Moscou. Ce contexte, et non une hostilité envers la Russie en tant que nation, a mené à la naissance de l’alliance.

Non, la Russie ne s’arrêtera pas si Kyiv capitule : l’histoire de la région en témoigne

Le schéma est clair : l’occupation, l’annexion, la consolidation puis l’extension. L’histoire de l’époque tsariste, de l’URSS, puis de la Russie moderne, montre que céder un territoire ou une autonomie partielle n’a jamais freiné ses desseins impériaux. L’indépendance des pays baltes, les États d’Europe de l’Est, l’Ukraine : tous ont été confrontés au même type de logique. C’est donc un pari absurde de penser que « si Kyiv capitule, tout s’arrête ». Ce serait ignorer des siècles d’histoire.

Le grand mensonge : « La Russie a sauvé l’Europe du nazisme »

Si la propagande russe contemporaine trouve un écho dans certains milieux occidentaux, c’est parce qu’elle repose sur une vérité partielle, soigneusement déformée : oui, l’URSS a combattu l’Allemagne nazie – mais non, elle n’a jamais « sauvé l’Europe ». L’histoire réelle est infiniment plus complexe et surtout, beaucoup plus sombre.

@Vicktor Temin – Mil.ru. / Wikipedia

L’Union soviétique n’entre en guerre contre Hitler qu’en 1941, lorsque celui-ci envahit son ancien partenaire. Car avant d’être ennemis, l’URSS et l’Allemagne nazie ont été liées par le Pacte Molotov-Ribbentrop, signé en août 1939, qui incluait un protocole secret prévoyant le partage de l’Europe de l’Est entre les deux régimes totalitaires. Dans ce cadre, l’Armée rouge envahit la Pologne orientale en septembre 1939, puis annexe de force les États baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), la Bessarabie et attaque la Finlande. En 1940, le NKVD massacre plus de 20 000 officiers polonais à Katyn – un des nombreux crimes soviétiques longtemps niés par Moscou.

Un documentaire letton, The Soviet Story (2008), s’appuie sur des archives pour montrer cette réalité : loin d’avoir « sauvé l’Europe », l’URSS a d’abord collaboré avec l’Allemagne nazie, participé au partage de l’Europe de l’Est et commis des crimes de masse parallèles. Ce film illustre de manière accessible ce que démontrent les historiens : la terreur stalinienne n’a jamais été une entreprise de libération, mais l’imposition d’un empire autoritaire.

Lorsque l’Allemagne attaque l’URSS en 1941, Staline mobilise non seulement les citoyens russes mais aussi des millions de personnes issues des territoires annexés, parfois à peine soviétisées : Baltes, Ukrainiens, Moldaves, Caucasiens, Asiatiques. Beaucoup sont enrôlées de force, envoyées au front sans formation, parfois même utilisées comme « troupes pénales » ou comme lignes sacrifiables pour épuiser les munitions allemandes. Ces morts, aujourd’hui récupérés par la propagande russe, n’étaient pas « l’armée russe » : ils étaient les victimes d’un empire qui les a exploités puis effacés de la mémoire officielle.

Lorsque l’URSS avance vers Berlin après 1941, elle n’apporte pas la liberté aux pays qu’elle traverse : elle impose sa propre domination. Ce qui suit n’a rien d’une libération : arrestations massives, exécutions politiques, déportations, viols de masse, russification forcée, destruction des élites locales, installation de gouvernements fantoches. L’Europe de l’Est passe simplement d’une occupation à une autre.

Dire que « la Russie a sauvé l’Europe » revient aussi à réécrire le rôle de toutes les autres nations sous le joug des soviétiques: Ukrainiens, Baltes, Biélorusses, Géorgiens, Arméniens, Kazakhs, Ouzbeks,… Ce sont eux qui ont payé le prix du sang. L’URSS n’était pas la Russie.

Minsk, 2.7.41
Gefangene russische Soldaten @Wikimedia Commons

S’ajoute à cela un autre fait volontairement occulté : sans l’aide matérielle massive des États-Unis et du Royaume-Uni (via le programme Lend-Lease), Staline n’aurait très probablement jamais résisté à la Wehrmacht. La Russie n’a donc pas « libéré l’Europe » : elle a participé à la défaite du nazisme tout en construisant son propre empire autoritaire sur les ruines des peuples qu’elle prétend aujourd’hui avoir sauvés.

La « libération » version Staline : des millions de personnes massacrées

Le récit officiel soviétique, aujourd’hui repris par la Russie, présente l’URSS comme un « libérateur » des peuples de l’Est. La réalité est exactement inverse : avant 1939, la plupart de ces pays étaient indépendants, et c’est l’URSS qui les a envahis, annexés, soviétisés de force.

Il faut rappeler l’ampleur vertigineuse des crimes commis sous Staline dans les pays occupés : famines organisées (dont l’Holodomor, qualifié de génocide par plusieurs États), système concentrationnaire du Goulag, purges, exécutions, déportations massives, élimination des élites locales, réquisitions agricoles, torture, violences sexuelles systématisées, russification de la langue et des institutions. La terreur d’État était une méthode de gouvernement.

Le bilan humain du stalinisme se compte en millions, voire dizaines de millions de morts selon les estimations des historiens. Plusieurs travaux universitaires situent le total des victimes – famine, répression politique, déportations, exécutions, mortalité carcérale – à un niveau comparable, voire supérieur, à celui du régime nazi. Rappeler ces chiffres ne relativise en rien les crimes d’Hitler : cela montre simplement que présenter l’URSS comme un « libérateur » est historiquement absurde et moralement obscène.

La domination soviétique après 1945

La logique impériale de l’Union soviétique ne se limite ni aux pays baltes et à l’Ukraine, ni à la période stalinienne (1922-1953 mais dont le spectre continue à ce jour à hanter la Russie). Après 1945, l’URSS transforme l’Europe centrale en zone d’occupation permanente : Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Allemagne de l’Est, Roumanie, Bulgarie… Dans toutes ces sociétés, les troupes soviétiques demeurent stationnées pendant des décennies, et chaque tentative d’émancipation est écrasée dans le sang.

En Hongrie, la révolution de 1956 est écrasée par les chars soviétiques : des milliers de civils sont tués, 200 000 personnes fuient vers l’Autriche, et le pays reste sous tutelle de Moscou jusqu’en 1991. En 1968, la Tchécoslovaquie est envahie par le Pacte de Varsovie, pour mettre fin au Printemps de Prague et empêcher toute démocratisation.

En Allemagne de l’Est, l’armée soviétique ne quitte le territoire qu’en 1994, soit cinq ans après la chute du mur de Berlin (1989) – un évènement vécu par la majorité de la population allemande comme la fin d’un système autoritaire imposé par l’URSS.

Dans tous les cas, la rhétorique reste la même : le pouvoir soviétique invoque la « protection » pour écraser toute volonté d’émancipation. Aujourd’hui, même stratégie utilisée pour légitimer l’invasion de l’Ukraine : « Nous libérons le Donbass. », «  Nous protégeons les russophones. », « Nous menons une opération spéciale pour dénazifier l’Ukraine. ». Ces slogans sont la continuité logique d’un schéma impérial éprouvé, où la violence la plus brutale se déguise en mission humanitaire. Chaque fois, la « libération » n’est qu’un paravent pour légitimer la conquête de territoires qui ne lui ont jamais appartenu.

Kyiv a été fondée à l’époque où la Russie n’existait même pas

Pour Poutine, l’Ukraine « n’existe pas ». Elle ne serait qu’un morceau égaré de la Russie, un territoire qu’il faudrait « récupérer ». Pourtant, l’histoire raconte exactement l’inverse : Kyiv apparaît dès le IXᵉ siècle et devient le centre politique, culturel, religieux et économique du monde slave oriental. À cette époque, Moscou n’existe pas encore : sa première mention date de 1147, près de trois siècles plus tard. Le cœur de la civilisation slave orientale n’est donc pas Moscou, mais bien Kyiv – une réalité historique que la propagande russe actuelle tente désespérément d’effacer.

Pendant plusieurs siècles, Kyiv est le principal pôle religieux, commercial et diplomatique de la région. C’est là que naissent l’écriture slavonne, l’orthodoxie locale, l’architecture monumentale, les échanges économiques et les premières structures étatiques des Slaves de l’Est. La Moscovie, bien plus tard, ne pourra revendiquer cet héritage que parce que Kyiv aura été détruite en 1240 lors de l’invasion mongole, ouvrant un vide politique dans lequel elle s’engouffre progressivement.

Ce n’est qu’à partir du XVIIIᵉ siècle que la Russie impériale devient une puissance expansionniste majeure, engageant une politique systématique de conquêtes, d’assimilation forcée, de russification, de destruction des institutions locales et d’effacement des cultures qu’elle soumet. L’histoire impériale russe n’est donc pas une continuité naturelle : c’est une construction idéologique qui repose sur l’appropriation de l’héritage kyivien et la domination violente de ses voisins.

L’impérialisme russe ne date pas d’hier et se poursuit aujourd’hui

Durant les XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles, l’Ukraine devient l’une des principales cibles de l’expansion russe. Lorsque la République populaire d’Ukraine proclame son indépendance en 1917, elle ne « crée » pas un pays : elle réactive une histoire ancienne, étouffée par des siècles de domination impériale. Cette indépendance est brisée dès 1920, lorsque l’Armée rouge envahit le pays et l’intègre de force à l’URSS. Kyiv n’a jamais « choisi » Moscou : elle a été contrainte par un impérialisme qui s’est efforcé d’effacer son identité.

Et l’Ukraine est loin d’être un cas isolé. Bien avant l’Union soviétique, l’impérialisme russe s’abattait déjà sur la Géorgie, les pays baltes, la Moldavie, la Pologne, la Tchécoslovaquie et d’autres peuples d’Europe de l’Est. Partout, la logique est la même : occupation militaire, destruction des institutions locales, répression politique, russification forcée, liquidation des élites, et rhétorique mensongère de « protection » ou de « libération » servant à légitimer la conquête.

La Géorgie en fournit un exemple frappant : annexée au début du XIXᵉ siècle, redevenue brièvement indépendante en 1918, envahie à nouveau en 1921, elle subit encore une attaque en 2008. Aujourd’hui, Moscou occupe l’Abkhazie, et l’Ossétie du Sud y installe des régimes fantoches et pratique un grignotage territorial constant, identique aux méthodes employées en Ukraine ou dans les pays baltes.

La Tchétchénie illustre une autre facette de ce même impérialisme : l’écrasement de toute aspiration à l’autodétermination. Conquise au XIXᵉ siècle après des décennies de résistance, elle est brutalement frappée sous Staline, qui déporte en 1944 l’ensemble du peuple tchétchène – causant la mort d’un quart de sa population. Après la chute de l’URSS, sa nouvelle déclaration d’indépendance déclenche deux guerres d’une violence extrême (1994-1996 puis 1999-2009) : bombardements massifs sur les civils, disparitions forcées, tortures systématiques, destruction totale de Grozny. Une fois encore, Moscou justifie la répression par un discours mensonger – cette fois sous couvert de « lutte antiterroriste » – alors qu’il s’agit avant tout d’écraser un peuple qui refuse de se soumettre.

La Syrie : un des laboratoires contemporains de la violence russe

La logique impérialiste de la Russie ne s’arrête pas aux frontières de l’ex-URSS. Elle se prolonge au XXIᵉ siècle, en dehors de l’Europe, avec une brutalité parfaitement documentée. L’intervention russe en Syrie, aux côtés de la dictature de Bachar al-Assad, en est l’un des exemples les plus frappants : bombardements massifs sur des zones civiles, frappes sur des hôpitaux et infrastructures vitales, sièges prolongés et affamement de populations entières, destruction systématique de quartiers entiers à Alep et Idlib, utilisation de la guerre comme outil de consolidation d’un régime autoritaire.

Cette stratégie n’est ni un accident, ni une dérive ponctuelle : elle s’inscrit dans une continuité historique de l’usage de la violence de masse comme outil politique et géopolitique – de la Tchétchénie à l’Ukraine, de la Géorgie à la Syrie. L’histoire est la même : la Russie ne libère jamais les peuples qu’elle touche – elle les soumet.

Le culte autour de Poutine : réalité d’un dictateur, un homme formé par le KGB

Vladimir Poutine est le produit d’un appareil de sécurité entièrement tourné vers la surveillance, la manipulation et la répression. Officier du KGB à Leningrad, il a été formé aux techniques de contrôle interne et de guerre psychologique, au service d’un État obsédé par l’élimination de toute dissidence. Cette culture du secret, de la peur et de la loyauté aveugle constitue la base de sa vision du pouvoir, qu’il a transposée presque intacte au Kremlin.

Un dictateur responsable de crimes de guerre

Son passage à la tête de la Fédération de Russie s’accompagne d’opérations militaires marquées par une violence extrême. En Tchétchénie, les bombardements ont transformé Grozny en ruines, causant la mort de milliers de civils. En Ukraine, les massacres de Bucha, le siège de Marioupol et les frappes répétées sur des hôpitaux ou des infrastructures civiles sont documentés par l’ONU et de nombreuses organisations de défense des droits humains. En Syrie, il a soutenu les bombardements du régime de Bachar al-Assad, visant des quartiers entiers, des écoles, des marchés et des hôpitaux. Partout où il intervient, la même méthode apparaît : une guerre totale contre les populations.

Un régime dictatorial qui étouffe toute dissidence

À l’intérieur de ses frontières, Poutine gouverne comme un dictateur. Les assassinats et empoisonnements d’opposants – d’Anna Politkovskaïa à Boris Nemtsov, jusqu’à Alexeï Navalny – montrent que la critique peut coûter la vie. Les médias indépendants ont été fermés ou déclarés « agents de l’étranger », les ONG sont harcelées ou interdites, et des lois permettent d’emprisonner n’importe quelle personne qui s’oppose à la guerre ou au régime. Les minorités, notamment LGBTQ+, sont ciblées par des lois ouvertement discriminatoires. La Russie actuelle n’est pas un État « autoritaire » au sens vague : c’est un système répressif total, où la justice, les médias, la police et l’armée sont subordonnés au pouvoir d’un seul homme.

Pourquoi certains en font un « messie »

Malgré cela, Poutine bénéficie encore d’une aura dans certains milieux, en Russie comme à l’étranger. Sa propagande joue sur un virilisme ostentatoire, sur le mythe d’un chef fort et sur un anti-occidentalisme simpliste. Certaines personnes opposées à l’OTAN projettent sur lui un fantasme de « contre-empire », ignorant que la Russie applique depuis des siècles une politique impérialiste d’une violence extrême. Cette fascination repose sur une illusion : Poutine n’est pas un rempart contre l’impérialisme, mais l’un de ses représentants les plus brutaux et les plus constants au XXIe siècle. Il ne tient pas sa légitimité d’une souveraineté populaire, mais de la peur, de la propagande et de la répression. C’est cela, la réalité de son pouvoir.

Il est important de préciser que s’opposer à Poutine, à ses crimes et à son impérialisme ne signifie pas tolérer la guerre ni applaudir les logiques militaristes. Critiquer un dictateur ne revient pas à justifier le militarisme occidental ; cela revient simplement à refuser qu’un peuple soit écrasé. C’est dans cette perspective, et seulement dans celle-là, que s’inscrit une position réellement antimilitariste et anti-impérialiste.

Antimilitarisme, anticapitalisme et refus de tous les impérialismes

Dans ce monde saturé d’empires militaires, la guerre n’est jamais une solution : elle est l’arme des puissants pour sacrifier les pauvres. Elle ne sert jamais les peuples : elle sert les oligarchies, les régimes autoritaires, les puissances qui transforment la violence en levier politique, sans oublier l’industrie et les financiers. Le capitalisme de guerre prospère précisément là où les corps s’effondrent : dans les usines d’armement qui tournent en continu, dans les contrats juteux négociés loin du front, dans l’économie de crise qui détourne l’attention des injustices internes et offre aux élites l’occasion d’étouffer toute contestation sociale.

Refuser l’invasion russe ne signifie pas applaudir l’OTAN. Résister à un envahisseur n’a rien à voir avec soutenir le militarisme occidental. La critique de l’impérialisme ne peut pas être sélective : elle englobe l’impérialisme russe, mais aussi celui des États-Unis, de l’OTAN, des puissances économiques qui profitent des conflits pour renforcer leur domination. L’important reste de défendre les peuples contre tous les empires qui cherchent à les écraser.

En Ukraine, même des anarchistes ont pris les armes, non par amour de la guerre, mais parce qu’ils savent que, s’ils ne le font pas, il ne restera plus aucun espace pour quelque liberté que ce soit. Plus aucune possibilité d’exister en dehors d’un pouvoir totalitaire. Ils combattent pour empêcher un empire de refermer sa main sur leur pays, non pour glorifier une armée ni pour justifier un système militariste qu’ils rejettent profondément.

Ce que les peuples brisés portent encore debout

L’histoire des pays baltes, comme celle de l’Ukraine, de la Géorgie, de la Tchétchénie et de tant d’autres peuples que la Russie a tenté d’écraser, est une histoire de résistance et de résilience. C’est une histoire portée par des voix humaines qui refusent de se taire, même quand tout autour d’elles s’effondre. Une histoire tissée d’insurrections silencieuses, d’êtres humains debout face aux tanks, de langues réprimées qui survivent dans les chuchotements, de livres brûlés dont la mémoire continue pourtant de vibrer dans les générations suivantes.

Ce sont des peuples qui ont traversé la déportation, la famine, la guerre, la torture, l’effacement programmé – et qui continuent malgré tout de se tenir debout. Des peuples qui ont construit leur liberté non pas dans la violence, mais dans la dignité, le courage et la solidarité.

Et si les empires s’effondrent, si les dictateurs passent, si les mensonges se fissurent, c’est parce que ces femmes et ces hommes ont choisi la résistance plutôt que la résignation. C’est parce qu’ils ont refusé que leur histoire soit confisquée. Ils sont la preuve que la liberté, même piétinée, même assiégée, finit toujours par respirer à nouveau.

Elena Meilune


Source image d’en-tête : Unarmed Lithuanian citizen standing against Soviet tank, Vilnius, January 13, 1991 – @WikimediaCommons

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