Une décision “historique”. La Fédération internationale de judo (FIJ) a annoncé hier, jeudi 27 novembre 2025, la réintégration totale de la Russie dans ses compétitions. Les athlètes russes pourront de nouveau concourir “sous leur drapeau national, leur hymne et leurs emblèmes”. La Fédération russe a salué cette décision, qui intervient au moment où le Comité international olympique (CIO) ouvre la voie à un éventuel retour des athlètes russes. “Le judo promeut toujours l’amitié, le respect, la solidarité et la paix”, rappelle la FIJ.
Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie fin février 2022, le statut des athlètes russes a connu plusieurs revirements majeurs. Initialement autorisés à concourir sous bannière neutre, ils ont ensuite fait l’objet d’une interdiction totale prononcée en septembre par la Fédération internationale de judo (IJF), qui s’alignait alors sur les recommandations restrictives du Comité international olympique (CIO).
“Le sport doit rester indépendant”, explique la FIJ
Cependant, la situation a évolué au printemps 2023 lorsque le CIO a assoupli sa position. Dès le mois d’avril, les judokas russes ont été réadmis dans les compétitions individuelles sous bannière neutre et sous de strictes conditions, bien que toujours exclus des épreuves par équipes. Cette réintégration a immédiatement provoqué une réaction politique forte de Kiev, qui a décidé de boycotter les championnats du monde de Doha au mois de mai en signe de protestation.
En septembre, c’était au tour du Comité international paralympique de lever la suspension partielle de la Russie et de la Biélorussie. Ces derniers pourraient participer aux Jeux d’hiver de Milan-Cortina, du 6 au 15 mars 2026, sous leurs couleurs nationales, à condition que les fédérations internationales des sports figurant au programme des Paralympiques donnent leur aval.
“La Fédération Internationale de Judo (FIJ) a traversé une période de forte pression géopolitique (…) À la suite des récents développements, notamment le rétablissement de la représentation nationale complète pour les athlètes biélorusses (en juin dernier, NDLR), la FIJ estime qu’il est désormais approprié d’autoriser la participation des athlètes russes dans des conditions équivalentes”, annonce-t-on dans un communiqué.
“Historiquement, la Russie est une nation majeure du judo mondial, et son retour complet devrait enrichir la compétition à tous les niveaux tout en respectant les principes de la FIJ en matière d’équité, d’inclusivité et de respect”, poursuit la FIJ.
La fédération a rappelé que “le sport est le dernier pont qui unit les peuples et les nations dans des environnements de conflits difficiles”, insistant sur le fait que “les athlètes ne portent aucune responsabilité dans les décisions des gouvernements ou d’autres institutions nationales”. “Le sport doit rester neutre, indépendant et libre de toute influence politique. Le judo, fondé sur les valeurs de paix, d’unité et d’amitié, ne peut devenir une plateforme pour des agendas géopolitiques”, lit-on encore.
Moscou salue une “décision historique”
Les judokas russes peuvent d’ores et déjà participer au Grand Slam d’Abou Dhabi 2025, qui débute ce vendredi et qui prend fin le dimanche 30 novembre.
“Le tournoi du Grand Chelem d’Abu Dhabi sera la première compétition officielle depuis longtemps où des judokas russes concourront sous le drapeau national. En cas de victoire, l’hymne national sera joué en leur honneur”, a de son côté annoncé la Fédération russe de Judo. “Nous remercions la FIJ pour cette décision courageuse, juste et attendue depuis longtemps (…) Nous nous réjouissons que le judo international ait été le premier à prendre cette décision historique, fidèle aux valeurs humaines universelles et à sa capacité d’agir pour le bien commun”, a-t-elle déclaré dans un communiqué.
La veille de l’annonce de la FIJ, la présidente du CIO, Kirsty Coventry, a déclaré laisser la porte ouverte à une réintégration des athlètes russes, en marge de la cérémonie d’allumage de la flamme pour les Jeux d’hiver de 2026. Leur statut pourrait potentiellement changer d’ici l’ouverture des Jeux en février prochain.
Cette éventuelle évolution, a-t-elle expliqué, est directement conditionnée par le contexte géopolitique et les négociations en cours entre Kiev, Moscou et Washington. Le CIO reste dans l’attente des résultats de ces pourparlers, alors que Donald Trump a récemment annoncé avoir affiné son plan de paix et se dit confiant quant à la conclusion prochaine d’un accord.