Il fallait oser. En gommant les visages de Marie, Joseph, Jésus et des Rois mages, la capitale belge pensait apaiser les sensibilités. Elle les a plutôt échauffées. La crèche, en tissu recyclé et quadrillage de tons beiges et bruns, a été imaginée pour symboliser « toutes les couleurs de peau », explique l’un des artisans du projet cité par La Libre.
Pour justifier ce dérapage esthétique, la Ville évoque la vétusté de l’ancienne installation. « Elle commençait à s’effondrer », rappelle le maire Philippe Close (PS), déterminé à moderniser les « Plaisirs d’Hiver ». Est-ce vraiment une bonne raison ? Le footballeur Thomas Meunier a tweeté : « On touche le fond… et on continue de creuser. » Des internautes dénoncent une « perte du beau », une « commémoration au rabais ». D’autres encore, plus terre-à-terre, redoutent que les silhouettes effraient les enfants. Et il y a de quoi… Le soir, la crèche s’illumine et l’humeur s’assombrit.
Comme le rapporte le JDD, le débat dépasse l’esthétique et touche à l’identité. « Christianisme charia compatible », assène l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler. La philosophe Valérie Kokoszka évoque « la violence symbolique de cette crèche (…) littéralement défigurée au nom d’une inclusivité salafisée ». Des accusations lourdes qui cristallisent un malaise plus vaste : comment concilier patrimoine chrétien, espace public pluraliste et communication institutionnelle en quête de consensus ? D’autant que, comme le rappelle La Libre, le dispositif est prévu pour rester cinq ans. L’Enfer est pavé de bonnes intentions…
