Les lois du mal, par Lotfi Hadjiat



Le mal ne s’oppose pas ontologiquement au bien, le mal est une torsion du bien, un bien qui a mal tourné…

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Le bien se déploie souverainement (le fameux souverain bien de Platon). Mais il peut y avoir une torsion. Le bien se retourne alors sur lui-même – narcissisme, orgueil… – et le mal apparaît.

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Si le mal est une torsion du bien, un bien qui a mal tourné, on peut alors considérer que revenir au bien c’est opérer une détorsion, dans la mesure où il y a volonté d’y revenir…, à défaut, cette détorsion peut-être longue, peut durer une vie, ou plusieurs vie, ici-bas, ou outre-bas, outre-mort… Et si l’obstination à ne pas y revenir persiste, les souffrances persisteront… Toutefois, un bien, même dans une torsion extrême, démoniaque, a pour vocation, même si cela doit durer l’éternité, de revenir à lui-même. 

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La torsion du bien commence lorsqu’on se regarde et qu’on sacralise ce qu’on voit… qu’on sacralise la torsion… Quant à la détorsion, elle commence lorsqu’on perçoit l’altérité… l’autre… jusqu’à s’y reconnaître. C’est souvent par la souffrance, la grande et longue souffrance que l’on en vient à la reconnaissance d’autrui ; cela peut prendre plusieurs vies…

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Ce que comprennent peu les Occidentaux aujourd’hui c’est la reddition intérieur. Maître Eckart l’avait compris, la Gelassenheit…, abdiquer devant le Souverain bien…

Batailler dans le souverain rien ou abdiquer devant le Souverain bien, telle est la question.

La torsion la plus extrême est le narcissisme rationnel, qui nie le déploiement souverain primordial jusqu’à l’oublier. 

Le narcissisme rationnel c’est chérir la rationalité, chérir cette volupté narcissique, lui faire confiance jusqu’à y voir la seule source de salut, le seul moyen de vaincre la mort… la gnose du Serpent…

Dans le fruit défendu, ce qui était défendu c’était ultimement la torsion du narcissisme rationnel, la torsion du Serpent…

Il y a plusieurs degrés dans le narcissisme ; le narcissisme intellectuel ou rationnel en est le dernier. 

On entre dans le démoniaque lorsqu’on en vient à la torsion de l’altérité… la torsion de l’autre… jusqu’à sa négation, jusqu’à le tuer. Caïn.

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