Cette recension aurait pu être comme les autres, respectant le format traditionnel. Mais il en est parfois autrement. Je partage aujourd’hui ce que le nouveau livre de Nicolas Vidal, journaliste et fondateur de Putsch Media m’a inspiré. Vous trouverez aussi ci-dessous sa première interview après la sortie de « Tu es né dans la tempête, lettre à mon fils » disponible en auto-édition sur le lien suivant.
« Lettre à mon père !
Je viens de naître dans la tempête… et tu m’as transmis mon héritage en ce livre. À l’heure où les choix seront faits pour moi ou mes apprentissages seront définis par d’autres, ce faire-part de naissance est pour moi plus qu’une simple missive – c’est une ancre dans le tumulte, une plume trempée dans l’encre de la réalité.
À Paris, on se contente d’un faire-part de naissance électronique. N’est pas d’ailleurs ce qu’a fait le chef de l’État à travers un tweet sur X, annonçant la naissance non pas d’un enfant de la patrie, mais d’un « ministère de la vérité » – ce label pour médias fiables, publié le 1er décembre 2025 par @Elysee, juste après ma naissance le 29 novembre. Monté comme un clip de thriller avec musique angoissante, cette vidéo de 50 secondes, juxtaposent des critiques de tes collègues surimprimées de « Attention fausse information » en rouge, pour retourner les accusations contre eux. C’est une caricature orwellienne, papa, comme dans 1984, où l’État se pose en juge de la vérité tout en accusant les autres de désinformation, financé par des fonds publics.
Toi, mon père, tu as choisi la plume, l’encre et le papier, authentiques et durables, alors que certains choisissent le froid éclat d’écran, viral mais vide, qui masque des intentions autoritaires sous un vernis de protection contre les « fake news ». Ton livre, lui, n’est pas un piège algorithmique ; c’est un héritage sincère, loin de ces trolls officiels qui polarisent et infantilisent. À l’aube de la fin de sa carrière et en pleine tempête sur les libertés, le sénateur Alain Houpert a écrit Lettres à mes pères expliquant au monde qu’un fils a un père de sang, de cœur, mais plusieurs autres qui guideront sa voie, sa pensée et sa vie. Ce livre me fait dire qu’en quelque sorte « être père » est un exercice de tous les moments.
Je suis né dans ce monde que tu décris comme une tempête, avec des vents qui hurlent et des pluies qui piquent les yeux. Quelques jours seulement, et déjà tes mots me bercent comme un mobile au-dessus de mon berceau – pas ceux en plastique avec des étoiles qui tournent, mais ceux faits de papier jauni, pleins d’histoires vraies. Ton livre, Lettre à mon fils, c’est mon premier biberon d’idées, chaud et un peu amer, comme le lait qui coule trop vite. Je l’ai « lu » à travers tes yeux, tes bras qui me portent, et les échos de ta voix qui lit à voix haute pendant que maman me change.
Mais, analysons-le ensemble, comme si j’étais déjà grand, avec mes petits poings serrés pour attraper les vérités qui flottent.
D’abord, ce que j’ai appris de ton livre. Tu m’as enseigné que naître dans la tempête, ce n’est pas une malédiction, mais une invitation à danser sous la pluie. Tes pages sur la France périphérique, avec ses routes serpentines et ses mains qui se serrent fort, m’ont fait comprendre que le monde n’est pas que des écrans froids et des QR codes qui clignotent comme des yeux méchants. Non, il y a de la terre mouillée, des promesses tenues, et des gens qui réparent les choses au lieu de les jeter. J’ai appris que l’engagement, c’est comme apprendre à marcher : on tombe, on pleure, mais on se relève pour tenter de toucher le soleil. Les Gilets Jaunes, que tu décris comme des feux sur les ronds-points, m’ont montré que la colère peut être une lumière, pas juste un bruit qui fait peur. Et les années Covid ? Elles m’ont appris que la liberté, c’est fragile comme une bulle de savon – un pass sanitaire, et pouf, elle éclate. Mais toi, tu dis qu’on peut la regonfler avec du courage et de la dignité. Candide comme je suis, avec mes yeux grands ouverts sur le plafond qui tourne, je me dis que ces leçons sont mes premiers jouets : solides, pour durer.
Les forces de ton livre, elles brillent comme des étoiles dans la nuit de la tempête. Ton style, si simple et rauque, comme une berceuse qui gronde, rend tout accessible, même pour un bébé comme moi qui n’a que des cris pour mots. Tu mélanges le personnel – ton village du Gard, les vendanges, les cabanes de fortune – avec le grand, comme Bruxelles le Léviathan ou le mépris des élites qui dégouline comme une pluie acide. C’est fort, parce que ça touche le cœur avant la tête : je sens l’amour pour la France, indéfectible, comme tes bras autour de moi. Et l’espoir têtu, cette « éclaircie » promise, c’est une force immense – pas un rêve vide, mais un chemin tracé avec patience, gestes simples et parole d’honneur. Tes chapitres sur les grands-parents et maman (oh, maman !) ajoutent de la chaleur, comme un feu de cheminée dans la tourmente. C’est un héritage vivant, pas juste des mots sur papier ; c’est une boussole pour quand je serai perdu dans les écrans et les onomatopées geignardes du monde.
Mais, même avec mes yeux innocents, je vois des faiblesses, comme des nuages qui passent devant la lune. Ton ton est parfois trop unilatéral, comme un cri continu sans pause pour respirer – les élites sont toutes méprisantes, l’État toujours répressif, l’UE un monstre sans nuance. Et si, dans ma candeur de nouveau-né, je me demande : y a-t-il des éclaircies chez eux aussi ? Des gens bien dans les salons de Paris ? Tes répétitions sur le mépris et la répression, elles martèlent comme un hochet secoué trop fort, et pourraient fatiguer un lecteur qui n’est pas déjà dans la tempête avec toi. Pas de sources extérieures, juste ton expérience et ton bon sens – c’est authentique, mais ça manque parfois de cartes pour naviguer, comme si tu me disais « marche droit » sans me montrer tous les sentiers. Et la politique, si présente, pourrait noyer la poésie paternelle ; moi, avec mes pleurs primitifs, je préfère les passages intimes, où tu parles de dignité comme d’une main tendue.
Quand tu entendras mes pleurs la nuit, ce ne sera pas pour exprimer la faiblesse, mais une marque que le temps passe et que peut-être j’ai faim ou que les dents poussent. Ces dents qui sortent chez le peuple d’en bas devant ces arracheurs de dents qui nous considèrent mal – comme tu le dis dans tes pages sur les ronds-points, où les pavés volent et les mains se serrent contre l’injustice. Mes cris, ce sont mes premiers engagements, mes « non » au monde qui geint. Ils disent : je suis vivant, je résiste déjà.
Et à ma mère… Maman, toi que papa décrit comme une source de sérénité dans la tempête, une ode vivante avec tes rires qui chassent les nuages. Dans son livre, tu es la promesse d’un avenir doux, celle qui m’aidera à traverser. Merci de m’avoir porté dans ce monde rauque, avec tes bras comme un rempart. Tes yeux sur moi, ils sont ma première éclaircie, et ensemble avec papa, vous me transmettez non pas un faire-part froid par SMS, mais un héritage chaud, calligraphié à la plume du cœur. Maman, tes berceuses seront mes leçons de patience, tes sourires mes forces contre les vents.
« A la gloire de mon père », un chef-d’œuvre de Pagnol écrit non loin de là où je suis né, dans une série qui marquera ton enfance. Ce titre était déjà pris puisque Marcel Pagnol l’a utilisé ; cependant, sache qu’en recevant cet héritage que tu me transmets, c’est ce qui m’est venu à l’esprit ! Merci papa. Merci pour cette lettre qui n’est pas une fin, mais mon premier pas candide dans la vie – yeux grands ouverts, cris prêts à devenir mots, prêt à apprendre et à résister.
Louis, né le 29 novembre, dans l’œil de la tempête.
à une date future.»
Le livre est disponible en autoédition sur le lien suivant : « Tu es né dans la tempête, lettre à mon fils ».
