Excentrique, détonante, grande gueule et répartie cynique, Sibeth Ndiaye, 43 ans, d’origine sénégalaise était la mignonne inclusive par excellence – la favorite féminine propulsée par Macron & Co. pour incarner la diversité et sa vision personnelle de la modernité.
Conseillère « particulière » (c’est le moins qu’on puisse dire) en communication durant la campagne présidentielle 2017, puis porte-parole du gouvernement (2019-2020), chacune de ses interventions publiques était pour Sibeth Ndiaye « une occasion d’exceller dans le ridicule » rappelle un observateur à la cour. Ce ridicule assumé, revendiqué, même, dans la tenue et les propos incohérents, voire antinomiques. Car avec ce ridicule délibéré, en fait, qui allie à l’arrogance et une mauvaise foi sans bornes, elle symbolisait l’audace macronienne. Néanmoins, comme les favorites de Louis XV, son ascension fulgurante s’est muée en chute libre : enchaînement de bourdes maladroites, frasques people, et un isolement récent qui l’a reléguée au rang de relique. Quitter la politique en 2020 pour le privé ? Une disgrâce déguisée, où la loyauté n’a pas suffi face à la vindicte populaire. Une aversion on ne peut davantage justifiée.
De la « com » élyséenne aux feux de la rampe
Née en 1982 à Bamako (Mali), fille d’un professeur de médecine, Ndiaye grandit en France et suit des études en communication à Sciences Po. En 2012, elle rejoint l’équipe de Macron à Bercy comme chargée de communication. Jugée « brillante » et directe, elle devient sa plume et sa confidente – une rare femme dans le cercle des mignons « macho genré » des débuts de Macron.
En 2017, après la victoire de ce dernier, elle est bombardée conseillère presse à l’Élysée.
Elle gère avec panache des médias c’est vrai totalement soumis. Ça aide ! En macronie, tout n’est que poudre de perlimpinpin. « Le Patron » (comme l’appelle Alexandre Benalla) l’a dit lui-même, lors du débat télévisé de l’entre-deux tours avec Marine Le Pen, sa garantie élection et réélection, et qui, elle aussi, à sa palanquée de mignons dans sa vicinité (nous en reparlerons plus tard).
En 2019, promotion expresse et symbolique, Sibeth est nommée porte-parole du gouvernement dans celui d’Édouard Philippe, première Noire à ce poste dans l’histoire de la République. À 37 ans, elle est la « voix de son maitre en Marconie », explique un autre observateur à la cour qui l’a côtoyée de près. Elle s’illustre notamment lors d’interviews cash sur France Inter, où elle défend avec acharnement les réformes entreprises par le Premier Ministre.
Son rôle de mignonne ? Relayer le prince avec « glamour » (version Emmanuel Macron) : tailleurs chics, tweets vifs et discours inclusifs. Le but de la manœuvre est de détourner l’attention. D’éviter « le focus sur les travers et la vie privée de Macron », décrypte notre observateur.
Elle pousse la parité avec ferveur, défend les quotas, et incarne la « France qui gagne ».
Cependant, la proximité affective avec le couple Macron (très amie avec Brigitte qu’elle est) la rend vulnérable : sa loyauté absolue, sans filet, va finalement la desservir.
Bourdes et frasques : le revers du glamour
Comme les mignons efféminés d’Henri III, Ndiaye paie son style flamboyant.
Ses bourdes, maladroites mais sincères, deviennent des petites phrases anti-Macron.
En voici un catalogue non exhaustif :
- Mars 2020, Covid : interrogée sur les métiers essentiels, elle lâche : « Un enseignant qui ne travaille pas aujourd’hui. » Mea culpa immédiat sur Twitter : « Mon exemple n’était vraiment pas le bon. » Scandale : en pleine crise, elle minimise l’engagement des profs.
- Avril 2020, masques : « On ne sait pas si les masques marchent vraiment. » Propos lunaires alors que la pénurie fait rage – elle rectifie, mais le mal est fait.
- 2019, grèves SNCF : « Grâce à ma voiture de fonction, je ne suis pas impactée. » Élitisme pur, en pleine mobilisation sociale.
- Chiffres fantaisistes : sur Renault (2019), elle annonce 700 licenciements au lieu de 8 000, Gaffe qui alimente les soupçons de manipulation.
- Frasques people : juillet 2019, tweet sur Simone Veil : « La meuf est dead. »
Irrespect moqué comme vulgaire. Et ses tenues « de cirque » (dixit Nadine Morano) : colliers ethniques, robes osées, sont critiquées comme totalement inappropriée et surtout « non françaises » – racisme sous-jacent.
Et ses frasques ?
Sa vie privée est exposée. Outre la révélation de sa relation avec le journaliste Romain Grandjean (2017), les rumeurs de parties de débauche élyséennes fusent. Infondées semble-t-il, mais qu’importe : elles sont amplifiées et elles persistent. Sur les réseaux, elle est la « tête de turc » des anti-Macron. Elle a certes 100 000 followers, mais là aussi les insultes quotidiennes fusent. Et à l’international, ce n’est pas mieux. La presse italienne (Il Foglio, 2022) la décrit comme « la porte-parole qui embarrasse Macron par ses gaffes pandémiques. »
Isolement récent : du gouvernement au purgatoire privé
En juillet 2020, lors du remaniement Castex, Ndiaye est éjectée. Officiellement c’est pour « raisons personnelles. » En réalité, elle est usée par les critiques. Elle refuse un poste de secrétaire d’État, préférant « se recentrer ». Après un départ amer, elle fait un mea culpa dans l’émission Quotidien. Elle y déclare que « certaines choses auraient pu être mieux faites ».
Toutefois, elle demeure proche de Macron. Mais dorénavant elle reste dans l’ombre. C’est ainsi que c’est un soutien discret qu’elle lui apporte durant la campagne présidentielle 2022.
Post-politique ? En 2021, elle rejoint Adecco, important groupe d’intérim, comme secrétaire générale. Avec un salaire estimé à 200 000 €/an, ce recasement corporate est fortement critiqué, car considéré comme étant du népotisme en liens avec l’Élysée. Sa contribution est décrite par l’observateur comme« ayant réellement contribué à l’affaiblissement du système de santé, en précarisant les professions de santé ».
Et, enfin, en 2025, elle est quasi-invisible.
Hormis un podcast sur la diversité, 2024, ses interventions se font rares et ses tweets sporadiques. L’isolement est total. Finies les invitations TV, elle est ostracisée par la macronie, cette macronie usée d’un Gabriel Attal qui l’ignore, et d’un François Bayrou qui la snobe.
Âgée maintenant de 43 ans, elle rumine en public, et sans doute ressasse-t-elle en privée la formule qu’elle a utilisée il y a deux ans, en guise de conclusion tirée au terme de son parcours auprès d’Emmanuel Macron : « la politique, c’est un métier d’homme. »
Comme Du Barry après Louis XV, elle paie pour avoir osé briller trop fort.
Ndiaye, la mignonne clouée au pilori, montre le sort des favorites : ascension par séduction, ruse ou autre, et chute par les mots. Loyale, elle n’a rien trahi. Mais hélas pour elle, la Cour n’oublie pas.
À suivre dans l’épisode 4 : « Les mignons de guerre : Attal, Beaune et la nouvelle génération. »