Dermatose Nodulaire Contagieuse : le décryptage scientifique de BonSens.org face à l’abattage « inutile »


Face à l’apparition de la Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC) en Savoie fin juin 2025, entraînant l’abattage de milliers de bovins, l’association BonSens.org s’est mobilisée pour offrir une analyse scientifique, réglementaire et éthique approfondie de cette crise, allant au-delà des mesures radicales imposées par le gouvernement français.

Cette mobilisation s’est matérialisée par la publication d’un rapport détaillé rédigé par des experts (Hélène Banoun, PhD en Pharmacie Biologiste, Jean-François Lesgards, PhD en Chimie-Biochimie, et Olivier Frot, PhD en Droit public), ainsi que par la diffusion de vidéos de vulgarisation et de témoignages d’experts, afin de permettre au public de comprendre les enjeux complexes de la maladie.

Pour comprendre la maladie, les solutions et les enjeux en 5 minutes en vidéo

 

Comprendre la DNC : une maladie virale et non Humaine

La Dermatose Nodulaire Contagieuse (LSD) est une maladie virale qui affecte exclusivement les bovins (domestiques, zébus et buffles d’eau). Il est essentiel de retenir que cette maladie n’est absolument pas transmissible à l’être humain. Le risque engendré par la DNC est donc économique et pour la santé animale, mais non pour la santé publique.

Les symptômes comprennent l’apparition de fièvre pouvant atteindre 41°C, des écoulements oculaires, une baisse de la production (lait et viande), et des nodules douloureux sur la peau. Cependant, la maladie a un faible taux de mortalité, généralement de 1 à 5 % des animaux atteints, et la morbidité (taux de maladie) se situe normalement entre 10 et 20 % du cheptel.

La transmission se fait principalement par des insectes piqueurs tels que les mouches et les moustiques. Le virus se propage ainsi rapidement et sur de longues distances, ce qui explique l’extension foudroyante de l’épidémie qui a atteint 71 foyers en Savoie et Haute-Savoie en quelques semaines à peine à l’été 2025.

 

L’abattage total : un choix politique contesté

La stratégie française de lutte contre la DNC repose sur trois axes, le premier étant l’abattage total des animaux de l’unité épidémiologique infectée, la création de zones réglementées, et le lancement d’une campagne de vaccination obligatoire.

Bien que l’Union européenne classe la DNC dans la catégorie A (maladies nécessitant une éradication immédiate), BonSens.org souligne que le règlement européen ne fait de l’abattage systématique qu’une mesure possible parmi d’autres, au même titre que la vaccination, le traitement ou l’isolement. C’est donc une décision d’opportunité des autorités françaises, et non une obligation imposée par l’UE.

Ce choix radical est d’autant plus préoccupant qu’il survient dans un contexte de fragilisation de la filière bovine française. Comme l’indique le rapport de l’association, la France a perdu près de 2,9 millions de bovins depuis 2017, soit une réduction de 15,2 % de son cheptel, et chaque abattage sanitaire accentue ce phénomène. L’objectif officiel derrière l’abattage total est de retrouver rapidement le statut de zone indemne pour préserver les capacités d’exportation de bovins vivants, notamment vers l’Italie et le pourtour méditerranéen.

L’association BonSens.org conduit des entretiens Parole d’expert : Helène Bannoun décrypte la DNC :   

 
L’alternative analysée par BonSens.org : Soigner plutôt qu’Éradiquer

L’analyse de BonSens.org insiste sur le fait que l’abattage n’est ni la seule option ni une garantie de succès à long terme, citant les exemples d’Israël et de la Turquie où la maladie est revenue malgré la même politique.

L’association met en avant deux leviers essentiels, comme cela se pratique hors d’Europe :

  1. La vaccination : L’association rappelle que la vaccination a permis de contrôler la maladie de manière efficace dans des régions comme les Balkans (en 2016-2017) et l’île de La Réunion (en 1992), souvent sans abattage total.
  2. Les traitements : L’approche de nombreux pays, tels que l’Inde ou l’Égypte, est de traiter les animaux malades pour les sauver, donnant la priorité aux soins plutôt qu’à l’élimination. Des études scientifiques publiées montrent l’efficacité de thérapies de soutien (anti-inflammatoires, antibiotiques contre les surinfections). Des traitements spécifiques ont montré des résultats prometteurs :
    • L’ivermectine, utilisée avec des antibiotiques, a permis une rémission totale sans lésion en 14 jours dans des cas rapportés en Inde.
    • La Propolis, encapsulée dans des nanoparticules d’alginate, a montré une guérison à 100 % des animaux traités lors d’un essai en Égypte, avec disparition des nodules en 3 à 7 jours.
    • Des mélanges de plantes étudiés en Inde, basés sur leurs propriétés antivirales et immunomodulatrices, ont fait cesser la formation de nouvelles lésions en 2 à 4 jours et ont permis la guérison de la fièvre et de la léthargie en 1 à 3 jours.

BonSens.org conclut qu’il est non éthique d’interdire de soigner les bovins malades avec ces traitements connus pour sauver le bétail, au lieu de le détruire, en parallèle des campagnes de vaccination des animaux sains.

 

*** Annexe ***

L’association BonSens.org a préparé des visuels qui permettent de comprendre en deux pages.

 «L’évolution du cheptel bovin en France (2010–2025) » (DNC 01) montre une baisse linéaire et continue du nombre de bovins, passant d’environ 19,6 millions en 2010 à une estimation de 16,4 millions en 2025. Le contexte économique de la crise est illustré dans le visuel ci-dessous. Il illustre que la politique d’abattage total, même si elle n’affecte qu’une petite partie du cheptel total (1 500 à 2 000 bêtes abattues en Savoie), s’inscrit dans un phénomène de décapitalisation de l’élevage français qui a déjà perdu près de 3 millions de têtes depuis 2017. L’abattage systématique, qui ne garantit pas l’éradication à 100 %, fragilise davantage la souveraineté alimentaire et la filière.

Image 1

Le second visuel intitulé « Bovin infecté par le virus de la DNCB » permet de comprendre les deux grandes voies de propagation du virus : la transmission non-vectorielle (par contact direct, utérin, ou via des sécrétions comme le lait et la semence, et le matériel médical) et la transmission vectorielle, via les insectes hématophages (mouches, taon, moustiques). Le virus est ainsi disséminé sur de longues distances. Par conséquent, l’association avance que l’abattage total est absurde pour une maladie transmise principalement par les mouches. Lorsque l’on abat un troupeau infecté, les insectes responsables de la propagation se sont déjà déplacés vers d’autres zones, ce qui rend la mesure d’éradication inefficace sur le plan épidémiologique immédiat et justifie l’approche alternative de la vaccination et du contrôle des transports d’animaux.

 

Pour une gestion équilibrée et éthique

L’association BonSens.org dénonce la gestion française jugée disproportionnée, inefficace et inhumaine par rapport à d’autres pratiques européennes (comme en Sardaigne ou en Hongrie) ou mondiales. L’association insiste sur le fait que le juste milieu est à trouver entre la sécurité sanitaire collective (qui pousse à des mesures extrêmes), le bien-être animal (mis en péril par l’abattage d’animaux sains), et la souveraineté alimentaire (menacée par la réduction du cheptel).

Les experts consultés par BonSens.org concluent sur la nécessité de vacciner, de contrôler strictement les transports d’animaux vivants, et de donner la possibilité de soigner les bêtes malades avec les traitements connus et publiés dans la littérature scientifique. La science, rappelle l’association, exige la remise en question constante des connaissances, et un consensus doit inclure des avis divergents.

 





Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *