La nouvelle secoue le Portugal. Un avocat, ancien collaborateur de l’ex-ministre de la Justice, a reconnu, devant un juge, avoir abusé sexuellement d’au moins deux enfants d’une dizaine d’années. Son interpellation intervient après l’identification de l’adresse IP d’un ordinateur du ministère de la Justice, où il a commis plusieurs infractions liées au téléchargement de contenus pédopornographiques.
C’est une enquête internationale provenant des États-Unis et menée avec le soutien du FBI qui a mené à l’interpellation de Paulo Abreu dos Santos, à la perquisition de son domicile, de son cabinet d’avocats et du ministère de la Justice, où il était collaborateur de l’ex-ministre, Catarina Sarmento e Castro.
Des contenus illégaux téléchargés à son bureau
Selon CNN Portugal, l’enquête a débuté après une dénonciation du National Center for Missing and Exploited Children (NCMEC), alimenté par des systèmes automatisés des géants technologiques comme Google, Facebook ou Signal. Ces plateformes scannent des millions de fichiers via des « hashes » (une fonction générant une empreinte ou une signature digitale unique, NDLR) pour détecter les images ou vidéos de pornographie infantile partagées, même sur des apps chiffrées comme Signal, si des backups automatiques (Google/iCloud) ou signalements internes sont activés.
Les données signalées au NCMEC, incluant l’adresse IP portugaise du ministère de la Justice, ont été transmises à la Police judiciaire portugaise (PJ), qui a identifié un ordinateur du ministère, précédemment utilisé par l’avocat incriminé.
Plusieurs perquisitions ont été effectuées. Au domicile de l’ancien adjoint de Catarina Sarmento e Castro, une partie des preuves a été retrouvée, comme des vidéos de délits sexuels. Des perquisitions ont également eu lieu dans le cabinet d’avocats où Paulo Abreu dos Santos travaille actuellement, Ana Bruno & Associados. La même source précise qu’une partie des infractions liées au contenu illégal a eu lieu dans son bureau au ministère de la Justice.
Placé en détention provisoire samedi après avoir été arrêté par la PJ en partenariat avec le Département d’Investigation et d’Action Pénale (DIAP) de Lisbonne, l’avocat a avoué au juge qu’il avait abusé des deux enfants. La PJ tente d’identifier formellement les enfants abusés afin qu’ils puissent être entendus en tant que victimes dans l’affaire.
Un aveu inévitable, puisque des vidéos enregistrées par le suspect le montrent en train d’abuser de ces deux victimes. Environ 500 fichiers provenant de plusieurs pays et liés à l’accès et au partage de contenus pédopornographiques ont également été récupérés.
Son cabinet et sa faculté réagissent
La PJ soupçonne alors Paulo Abreu dos Santos de faire partie d’un réseau pédophile national ou international, ayant réquisitionné son téléphone portable pour vérifier si d’autres infractions n’ont pas été commises et partagées via les plateformes et les réseaux sociaux.
Outre son poste au ministère entre 2023 et 2024, Paulo Abreu dos Santos a été professeur invité à la faculté de droit de l’université de Lisbonne. Son cabinet d’avocats a exprimé son choc face à ces révélations tout en prenant ses distances, tandis que la faculté a immédiatement mis fin à son contrat.
Le Portugal a connu plusieurs scandales de pédocriminalité ces dernières années, avec un pic de révélations en 2023 via une enquête indépendante sur l’Église catholique révélant près de 5 000 victimes d’abus sexuels par 512 agresseurs cléricaux sur 60 ans, entraînant des démissions et réformes internes. Plus récemment, en avril 2025, Europol a démantelé le réseau mondial KidFlix, spécialisé dans la pédopornographie en direct, avec deux arrestations portugaises parmi 79 suspects dans une opération transnationale.
En novembre 2025, la Polícia Judiciária, qui enquête sur un réseau en ligne de partage de pédopornographie à Lousada, a procédé à une arrestation pour possession et diffusion de milliers de fichiers.