Éoliennes en mer, la biodiversité maltraitée par la transition écologique


L’éolien offshore du golfe du Lion révèle une faille majeure de la planification écologique française. En octobre 2024, l’État a figé par décret les zones d’implantation de futurs parcs éoliens en Méditerranée. Sauf les données scientifiques clés sur les usages de cet espace par les oiseaux n’étaient pas encore connues. Elles le seront un an plus tard, à l’automne 2025, avec la restitution du programme Migralion, financé à hauteur de 4,2 millions d’euros par l’État et les Régions Sud et Occitanie.

Les dés ont été jetés un peu trop tôt. Migralion, vaste chantier scientifique mené entre 2021 et 2024, a suivi 824 oiseaux de 40 espèces grâce à des balises, des radars embarqués et 40 000 heures d’enregistrements côtiers. Verdict : plusieurs zones retenues par le gouvernement se superposent à des couloirs de migration et à des aires de forte fréquentation. « On a mis la charrue avant les bœufs », tranche Dominique Chevillon, vice-président de la LPO. Une alerte reprise par Reporterre, qui souligne l’ampleur du décalage entre recherche et décision publique.

« Dans l’imaginaire populaire, les oiseaux partent tout droit vers le Sahara… En réalité, beaucoup d’espèces prennent le moins de risque possible en longeant les côtes », explique Aurélien Besnard, coordinateur scientifique de Migralion. Or plus de la moitié des vols migratoires ont lieu à moins de 300 mètres d’altitude, exactement dans la zone de rotation des pales. Les dégâts potentiels sont jugés « non négligeables » par France Nature Environnement, alors que la Méditerranée a déjà perdu plus de la moitié de son abondance d’espèces en trente ans, selon l’institut de la Tour du Valat.

L’État, comme à son habitude, temporise. Les résultats « ne remettent pas en cause la planification retenue à dix ans », écrit le ministère de la Transition écologique, promettant de simples ajustements. Peinture des pales, arrêts ponctuels, radars de détection : des rustines coûteuses, à l’efficacité encore peu démontrée. « On est favorables aux énergies renouvelables, mais pas dans les lieux sensibles », insiste la LPO, qui envisage un recours.





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