La fraude scientifique aux États-Unis : du règlement historique de 15 millions du Dana-Farber aux scandales persistants de la pandémie de COVID-19


La recherche scientifique, fondement de la médecine moderne, repose sur l’intégrité et la transparence. Aux États-Unis, où les National Institutes of Health (NIH) financent une grande partie des recherches biomédicales avec des milliards de dollars publics, les cas de fraude ou de manipulation de données sont scrutés de près par le Département de la Justice (DOJ). Le 16 décembre 2025, le Dana-Farber Cancer Institute (affilié à Harvard) a annoncé un règlement de 15 millions de dollars pour clore des allégations de fraude liées à des subventions fédérales. Ce cas, l’un des plus importants récents, met en lumière les failles dans la supervision de la recherche financée par les contribuables. Il s’inscrit dans un contexte plus large de crises d’intégrité scientifique, exacerbées pendant la pandémie de COVID-19 avec des affaires comme le « Lancetgate » impliquant Mandeep Mehra et l’essai britannique RECOVERY, dont les conséquences sur les traitements et la confiance publique persistent.

 

Retrouvez l’analyse en vidéo de l’article : 

Contexte général de la fraude scientifique aux États-Unis

Les États-Unis investissent massivement dans la recherche via les NIH, avec un budget annuel dépassant les 47 milliards de dollars. Cependant, des cas récurrents de manipulation de données, de conflits d’intérêts ou de mauvaise utilisation de fonds émergent. Le DOJ (Ministère de la justice), via le « False Claims Act » (lois sur les fausses informations), poursuit les institutions qui soumettent des demandes frauduleuses ou utilisent indûment des subventions. Ces enquêtes visent à protéger les fonds publics et à maintenir la crédibilité de la science. En 2025, plusieurs affaires ont illustré cette vigilance, dont le règlement Dana-Farber, mais aussi des investigations sur les pratiques éditoriales des revues médicales pendant la pandémie.

 
Le règlement record du Dana-Farber Cancer Institute : détails et implications

Le Dana-Farber (DFCI), l’un des centres anticancéreux les plus prestigieux au monde, a accepté de payer 15 millions de dollars pour résoudre des accusations de violation du « False Claims Act » entre 2014 et 2024. L’institut a admis que des chercheurs ont utilisé des fonds de six subventions NIH pour des travaux menant à 14 publications contenant des images et données manipulées : réutilisation d’images pour représenter des conditions expérimentales différentes, duplications, rotations, agrandissements ou étirements d’images.

Un chercheur principal a manqué de supervision adéquate, et un autre a obtenu quatre subventions en citant un article contenant des données falsifiées sans le divulguer. L’affaire a été révélée par le lanceur d’alerte, le biologiste britannique Sholto David, qui a devrait recevoir 2,63 millions de dollars soit 17,5 % de l’accord transactionnel entre DFCI et le DOJ. Dana-Farber n’a pas admis de fraude intentionnelle mais a reconnu sa responsabilité, coopéré avec les autorités et renforcé ses mesures d’intégrité (formation, audits accrus).

Cet accord transactionnel, le plus élevé à ce jour pour ce type d’allégations, souligne les risques pour les institutions prestigieuses : perte de confiance, rétractations (six articles retirés, 31 corrigés précédemment) et impact sur les patients dépendant de recherches fiables. Il illustre aussi le rôle croissant des whistleblowers dans la détection de fraudes.

 

Le « Lancetgate » : une rétractation retentissante et ses conséquences non résolues

La pandémie de COVID-19 a révélé des failles majeures dans le processus de publication scientifique. En mai 2020, une étude publiée dans The Lancet, menée par Mandeep R. Mehra (cardiologue au Brigham and Women’s Hospital, Harvard), Sapan Desai (Surgisphere) et d’autres, analysait des données de 96 000 patients et concluait que l’hydroxychloroquine (HCQ) augmentait le risque de mortalité et d’arythmies chez les patients hospitalisés.

Rapidement, des incohérences ont émergé : données incompatibles avec les statistiques officielles (par exemple, plus de cas en Australie que rapportés), refus de Surgisphere de partager les données brutes pour un audit indépendant. En juin 2020, trois auteurs (dont Mehra) rétractent l’article, déclarant ne plus pouvoir « vouer pour la véracité des sources primaires ». Une étude similaire dans le New England Journal of Medicine est aussi rétractée.

Dans une interview exclusive à France-Soir – seul média européen à l’avoir interviewé avant publication – Mehra défend l’étude comme une analyse observationnelle urgente face à l’usage massif d’HCQ sans preuves solides, soulignant les risques cardiaques connus. Il maintient que les conclusions sur l’absence de bénéfice chez les patients graves restent valides malgré les limites. Cependant, l’affaire – qualifiée de « Lancetgate » – a eu un impact majeur : suspension d’essais cliniques mondiaux sur l’HCQ par l’OMS, influence sur les guidelines internationales contre son utilisation.

Critiques persistantes : l’étude a potentiellement causé une « perte de chance » pour les patients en traitement précoce, où des études observationnelles (comme celles de l’IHU Marseille) montraient des réductions de mortalité de 55-62 % selon des méta-analyses. Cette rétractation n’a pas pleinement restauré le débat scientifique équilibré, et le poids sur les options thérapeutiques précoces reste débattu. 

HCQ

De plus, l’étude Pradelle Lega promue par le Pr Molimard fabriquait erronément 17 000 décès de l’hydroxychloroquine à partir d’une fausse modélisation. Un lancetgate à la française qui jette le discrédit sur la science. Cette étude a été rétractée en aout 2024 après une couverture médiatique très importante jetant le discrédit sur une molécule qui aurait pu « sauver des vies».

 
L’essai RECOVERY : controverses sur le dosage et accusations de biais

Autre scandale majeur : l’essai randomisé britannique RECOVERY, lancé en 2020 pour tester des traitements COVID. En juin 2020, il annonce l’absence de bénéfice de l’HCQ chez les patients hospitalisés, avec une mortalité plus élevée (27 % vs 25 % dans le groupe contrôle).

Le protocole est critiqué pour un dosage trop élevé : 2 400 mg le premier jour (puis 800 mg/jour, total ~9 600 mg sur 10 jours), considéré toxique par certains experts (trois à quatre fois supérieur aux doses recommandées en France ou pour le paludisme). Ce surdosage augmentait le risque d’arythmies fatales, potentiellement expliquant les décès excessifs (estimés à des dizaines ou des centaines dans le bras HCQ).

De plus, l’HCQ était administrée tardivement (moyenne 9 jours après symptômes) à des patients graves, contrairement aux protocoles précoces à doses modérées prônant un usage ambulatoire. Les investigateurs défendent le dosage comme basé sur des modélisations pharmacocinétiques pour maximiser l’effet antiviral, sans excès de toxicité observé précocement.

Malgré les critiques, RECOVERY a influencé les recommandations mondiales contre l’HCQ, contribuant à un consensus négatif hâtif. De nombreuses interrogations sur les publications de RECOVERY dans le New England Journal of Medecine ont été soumises à l’éditeur.

NEJM

 
Les enquêtes du DOJ sur les revues médicales et le contexte pandémique

En 2025, le DOJ a intensifié ses investigations sur l’intégrité scientifique, interrogeant des revues majeures (CHEST, NEJM, Obstetrics and Gynecology) sur leurs pratiques éditoriales pendant la pandémie : biais potentiels, conflits d’intérêts, suppression d’avis/opinions divergents sur les traitements COVID ou les vaccins. Ces enquêtes soulignent des soupçons de partialité systémique favorisant certains narratifs, notamment ceux les plus conformes aux directives des autorités sanitaires. En témoigne la récente publication par EPI-Phare qui conclut à la supériorité des vaccins pour quasiment la totalité des pathologies. C’est la seconde étude française de modélisation aux biais si nombreux que pas moins de trois lettres ont déjà été envoyées à JAMA, l’éditeur, dont certaines demandent la rétractation.
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Ces affaires révèlent des défis structurels : pression pour publier rapidement, conflits financiers (pharma), censure perçue de données contraires au consensus.

The Focal Points

 
Des impacts durables sur la confiance publique

Le cas Dana-Farber démontre une réponse ferme du DOJ à la fraude, protégeant les fonds publics. En contraste, les scandales COVID comme le Lancetgate et RECOVERY restent non pleinement résolus, avec des débats sur leurs biais et conséquences (perte de chance thérapeutique, mortalité potentiellement évitable). Ces controverses ont érodé la confiance mondiale dans la science institutionnelle, particulièrement en France : un sondage récent (MIS Group pour France-Soir et BonSens.org, novembre 2025) révèle que 81 % des Français rejettent la nouvelle campagne de vaccination COVID, marquant une fracture profonde avec les autorités sanitaires, attribuée aux « mensonges répétés » du gouvernement et à la gestion perçue comme opaque.

Avant-hier aux Etats-Unis, Robert Kennedy jr a fait un grand pas pour les malades de Lyme chronique en reconnaissant cette maladie et ses conséquences après des années de « maltraitance » et abandon des patients. Cette annonce a été saluée comme une grande avancée par le Pr Perronne, spécialiste des maladies infectieuses qui a soigné des malades de Lyme pendant plus de 25 ans.

La science avance par le doute, la transparence et le débat ouvert. Ces affaires rappellent l’urgence de réformes pour restaurer l’intégrité et la confiance. Kennedy Jr, ministre de la santé semble avoir fait un grand pas dans la direction des patients et de restaurer la confiance avec ces derniers.

 

 

 





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