Même les Américains se lassent d’Israël, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, décembre 2025)


Soutien inconditionnel, jusqu’à quand ?

L’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies, le 17 novembre dernier, d’un plan américain pour Gaza très favorable à Israël représente un succès diplomatique pour ce pays. Mais, simultanément, la cause israélienne devient de plus en plus impopulaire aux États-Unis, malgré la puissance de son lobby.

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Mikey Mosher. — « Requiem for the American Dream » (Requiem pour le rêve américain), 2020

La question d’Israël percute la politique américaine. Elle crée dans les deux grands partis une ligne de fracture à la fois médiatique et générationnelle. Les voix les plus hostiles au gouvernement israélien sont souvent jeunes et s’informent sur les réseaux sociaux et les chaînes YouTube. Les partisans d’Israël, plus âgés, sont pétris par une propagande plus traditionnelle, de Fox News au New York Times, que relaient depuis des décennies les dirigeants démocrates comme républicains.

Le Congrès américain illustre jusqu’à la caricature cette communion. Exemple, le 2 février 2021. Ce jour-là le Sénat acte, par une majorité de 97 voix contre 3, le maintien de l’ambassade des États-Unis en Israël à Jérusalem. La décision de la déplacer — elle était précédemment localisée à Tel-Aviv comme presque toutes les autres ambassades — avait été prise quatre ans plus tôt par le président Donald Trump. Il avait alors rompu avec le droit international et avec le choix de tous ses prédécesseurs depuis près de soixante-dix ans.

La continuité l’a en revanche emporté en février 2021. Conformément aux préférences du gouvernement israélien, les démocrates revenus au pouvoir n’ont pas relocalisé l’ambassade. Sur ce point au moins, le président démocrate Joseph Biden a prolongé la politique de son prédécesseur. Quelques années plus tôt, honorant à Washington la fête nationale israélienne, il avait commencé son discours en ces termes : « Je suis Joe Biden, et tout le monde sait que j’adore Israël. »

Depuis, la passion a fléchi dans son camp. Un moment-clé a marqué les esprits. Participant en juin dernier à un débat entre les candidats démocrates à la mairie de New York, M. Zohran Mamdani dut comme ses concurrents répondre à la question (piège pour lui) : « Où choisiriez-vous d’effectuer votre premier déplacement de maire à l’étranger ? » Nul n’ignorait la destination attendue. « Première visite, la Terre sainte », lance Mme Adrienne (…)

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