l’affaire Jacques Baud ou la faillite intellectuelle européenne


Ancien colonel suisse, expert du renseignement, auteur s’appuyant sur des sources occidentales, Jacques Baud n’a commis ni crime ni délit.

Son tort ? Avoir analysé la guerre en Ukraine sans se plier au récit officiel.

En le sanctionnant sans procès, l’Union européenne franchit une ligne rouge : celle où la bureaucratie remplace le débat, et où la neutralité suisse se dissout dans le silence.

Le 15 décembre 2025, le Conseil de l’Union européenne a ajouté un nom pour le moins inattendu à sa liste de sanctions : Jacques Baud.

Ni oligarque.

Ni espion.

Ni trafiquant d’armes.

Un ancien colonel suisse, analyste stratégique, spécialiste du renseignement, auteur d’ouvrages documentés sur la guerre en Ukraine.

Ce geste, présenté comme une mesure technique de lutte contre la « désinformation pro-russe », constitue en réalité un tournant politique grave : Bruxelles a décidé de punir non pas un crime, mais une pensée. Et, ce faisant, elle expose crûment sa propre faillite intellectuelle — une bureaucratie incapable de débattre, qui préfère censurer ceux qui la contredisent.

Pendant ce temps, la Suisse — patrie historique de la neutralité — regarde ailleurs, délaissant son compatriote au nom d’une prudence diplomatique qui frise la lâcheté.

Un profil trop sérieux pour être caricaturé

Le cas Jacques Baud embarrasse Bruxelles parce qu’il résiste à la caricature. Baud n’est ni un influenceur marginal, ni un agitateur idéologique. Il est :

• ancien colonel de l’armée suisse,

• formé au renseignement stratégique,

• expert ayant travaillé pour l’ONU, l’Union africaine et dans des cadres liés à l’OTAN,

• auteur d’ouvrages reposant sur des sources ouvertes, référencées et vérifiables.

Le point central — soigneusement éludé par la décision européenne — est pourtant simple et explosif : les analyses de Jacques Baud reposent majoritairement sur des sources occidentales. Rapports de l’OTAN. Documents du Pentagone. Statistiques de l’ONU. Communiqués officiels ukrainiens. Presse européenne et américaine.

Autrement dit, Bruxelles ne sanctionne pas une propagande étrangère, mais une lecture non conforme de ses propres sources. Le problème n’est pas l’origine de l’information. Le problème est la conclusion.

Sanctionner l’analyse pour masquer l’incompétence

C’est ici que l’angle devient révélateur : ces sanctions kafkaïennes masquent l’incompétence flagrante de la bureaucratie bruxelloise, incapable de débattre sur le fond et préférant la matraque administrative pour étouffer les voix discordantes.

L’Union européenne n’est plus capable de répondre par le débat. Elle n’est plus capable de contrer une argumentation par une contre-argumentation. Alors, elle recourt à l’arme administrative.

Qualifier Jacques Baud de « relais de propagande pro-russe » permet d’éviter l’essentiel : examiner ses arguments, ses chiffres, ses contradictions soulevées dans le récit officiel. C’est un aveu d’échec intellectuel.

Face à la complexité du réel, la bureaucratie bruxelloise choisit la matraque réglementaire plutôt que l’intelligence. Elle ne réfute plus : elle blackliste.

Cette dérive transforme l’UE en caricature d’elle-même : une machine normative ridicule, incapable de tolérer que des faits publics, analysés rigoureusement, puissent produire des conclusions politiquement dérangeantes.

Des sanctions kafkaïennes : punir sans juger

Sur le plan juridique, l’affaire est tout aussi inquiétante.

Jacques Baud n’a fait l’objet :

• d’aucune inculpation,

• d’aucun procès,

• d’aucune condamnation judiciaire.

Il est frappé par une décision administrative, fondée sur des notions floues telles que « désinformation » ou « narratif pro-russe », sans définition juridique précise, sans débat contradictoire, sans preuves publiques détaillées.

Le mécanisme est désormais bien rodé :

• l’exécutif accuse,

• l’exécutif sanctionne,

• la peine s’applique immédiatement,

• le recours juridique, long et coûteux, vient éventuellement après.

C’est l’inversion complète des principes fondamentaux de l’État de droit : présomption d’innocence, séparation des pouvoirs, droit à un procès équitable.

Pire encore, ces sanctions kafkaïennes et iniques débordent la personne visée, restreignant non seulement Baud — gel des avoirs, interdiction de visa — mais aussi ses soutiens.

Conférences annulées, invitations retirées, collaborations intellectuelles gelées : une punition collective informelle s’installe, dissuadant quiconque de citer, défendre ou simplement discuter les travaux de l’analyste sanctionné.

Kafkaïen, car absurde. Inique, car arbitraire. Efficace, car intimidant.

La Suisse : de la neutralité souveraine à la lâcheté diplomatique

Mais cette affaire révèle une seconde faillite, plus silencieuse encore : celle de la Suisse, qui délaisse son compatriote avec une passivité consternante.

Jacques Baud est suisse. Ancien officier suisse. Expert engagé dans des cadres internationaux avec l’aval de Berne.

Et pourtant :

• aucune protestation diplomatique ferme,

• aucun rappel clair du principe de neutralité,

• aucune défense publique de la liberté d’analyse.

Autrefois, la neutralité suisse était un choix politique courageux, parfois inconfortable, mais assumé. Aujourd’hui, elle ressemble de plus en plus à une neutralité décorative, conditionnée à l’approbation tacite de Bruxelles et de Washington.

En laissant un de ses ressortissants être sanctionné pour ses opinions, sans réaction digne de ce nom, la Suisse envoie un message inquiétant : la neutralité vaut tant qu’elle ne coûte rien. Ce n’est plus de la neutralité.

C’est de la soumission préventive, maquillée en prudence diplomatique.

Un précédent dangereux pour l’Europe

En sanctionnant Jacques Baud, Bruxelles ne combat pas la propagande. Elle révèle sa faillite intellectuelle : préférer punir la pensée plutôt que confronter ses propres contradictions.

Elle affirme qu’il existe désormais :

• des analyses autorisées,

• et des analyses punissables,

même lorsqu’elles reposent sur des sources occidentales reconnues.

La Suisse, en se taisant, devient complice de cette dérive.

Jacques Baud n’est pas un cas isolé. Il est le symptôme avancé d’une Europe bureaucratique qui, faute d’arguments, brandit la sanction comme ultime réponse.

Quand penser devient un délit administratif, la démocratie européenne n’est plus qu’un mot creux. Et quand la neutralité se tait, elle trahit tout ce qu’elle prétend défendre.



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