Géopolitique en plein chaos : Le général Wesley Clark livre ses vérités dans le deuxième épisode de « Pièce de Résistance » au micro de Stan Wojewodzki


Dans un monde en plein bouleversement, où les alignements de sécurité décennaux sont remis en question, le second épisode du podcast « Pièce de Résistance » accueille une figure d’autorité mondiale : le général Wesley Clark. Ancien commandant suprême de l’OTAN et vétéran décoré de la guerre du Vietnam, Clark rejoint l’animateur Stan Wojewodzki pour une analyse sans concession des failles systémiques qui menacent la stabilité internationale.

L’amitié américaine : un cadeau empoisonné ?

L’entretien s’ouvre sur une citation provocatrice souvent attribuée à Henry Kissinger : s’il est dangereux d’être l’ennemi de l’Amérique, être son ami peut s’avérer « fatal ». Le général Clark confirme cette tendance historique des États-Unis à exercer une pression maximale sur leurs alliés les plus dépendants lorsqu’ils ne peuvent pas contraindre leurs adversaires. Il cite en exemple la gestion de la crise ukrainienne en 2014 : selon lui, Washington a littéralement « jeté l’Ukraine sous le bus » en lui conseillant de ne pas défendre la Crimée, manquant ainsi aux promesses de soutien faites en 1994.

La stratégie de Poutine : une lutte sans fin

Pour ceux qui cherchent à comprendre les motivations russes, Clark apporte une vision, que l’on peut qualifier  d’« atlantiste », de la situation en déconstruisant l’idée que la Russie aurait un jour voulu rejoindre l’OTAN. Il affirme que Vladimir Poutine aurait toujours eu pour dessein de réacquérir l’Ukraine et de reprendre le contrôle des anciens pays du Pacte de Varsovie. Le point le plus frappant de son analyse concerne la perception même du conflit :

  • L’Occident voit une séparation nette entre la paix et la guerre.
  • La Russie et la Chine perçoivent le monde comme une lutte permanente (« struggle »), qu’elle soit économique, diplomatique ou militaire.

Clark décrit Poutine comme un homme d’État redoutable et déterminé, qui ne cherche pas seulement le contrôle du Donbass, mais qu’il cherche probablement l’effondrement total de la légitimité du gouvernement ukrainien pour regagner une influence sur toute la région, incluant la Biélorussie et la Géorgie.

 

Le « Pivot » vers l’Asie : une erreur stratégique ?

Le général critique vivement le désengagement relatif des États-Unis vis-à-vis de l’Europe au profit de l’Asie. Il rappelle que l’alliance transatlantique est le fondement de la prospérité économique américaine, l’Europe étant collectivement son plus grand partenaire commercial. Pour lui, l’idée de recréer une structure type OTAN dans le Pacifique est illusoire, car des nations comme le Japon ou la Corée sont trop intégrées économiquement à la Chine.

Un regard sur l’hémisphère occidental

L’interview explore également les tensions au Venezuela et la crise en Haïti. Si Clark considère Maduro comme une menace mineure (un « moustique ») par rapport à Poutine, il insiste sur la nécessité pour les nations d’Amérique latine de trouver une stabilité propre au-delà des cycles historiques entre gouvernements socialistes et régimes militaires. Concernant Haïti, il appelle à une implication accrue de la diaspora pour reconstruire les institutions.

Pourquoi regarder cet épisode ? Parce que Wesley Clark ne se contente pas de commenter l’actualité ; il offre une leçon de realpolitik basée sur des décennies de commandement au plus haut niveau. Son analyse permet de comprendre que derrière les poignées de main diplomatiques se cache une réalité de « lutte » continue où l’idéalisme occidental est souvent une faiblesse.

Pour illustrer la vision du général, on pourrait dire que la diplomatie mondiale ressemble à une partie de cartes où l’Occident pense que le jeu s’arrête dès que l’on pose ses cartes, tandis que ses adversaires considèrent que la partie continue dans la rue, à la banque et jusque dans le prochain tournoi, sans jamais s’arrêter.

 





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