Dans le sud de la France, Iter a franchi un cap décisif avec l’installation du solénoïde central le plus puissant jamais construit. Cet aimant colossal, fruit de décennies de coopération internationale, doit permettre de confiner un plasma à des températures extrêmes et d’ouvrir la voie à la fusion nucléaire contrôlée, promesse d’une énergie propre et quasi inépuisable.
13 teslas, soit environ 280 000 fois le champ magnétique terrestre. À ce stade, on ne parle plus d’ingénierie classique mais d’un acte de foi scientifique. Long de 18 mètres, pesant près de 1 000 tonnes, le solénoïde central d’Iter est le cœur électromagnétique du réacteur. Sans lui, pas de plasma stable, pas de fusion, pas d’avenir énergétique. Cette étape, relayée par Futura-Sciences, marque l’entrée du projet dans sa phase la plus critique.
Cet aimant n’est pas qu’une démonstration de force. Il agit comme un « starter » géant, capable d’initier et de maintenir un plasma chauffé à plus de 150 millions de degrés, sans jamais toucher les parois du tokamak. Le défi est de maintenir la supraconductivité à très basse température tout en domptant des forces électromagnétiques colossales. Pas le droit à l’erreur, donc.
Fabriqué par General Atomics aux États-Unis, puis assemblé en France, le solénoïde incarne une coopération rare entre 35 nations. Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, aucun État ne pourrait porter seul un tel projet. Iter n’est donc pas seulement un réacteur expérimental, c’est un test grandeur nature de notre capacité collective à préparer l’après-fossile. Si la fusion tient ses promesses, l’énergie pourrait cesser d’être une arme géopolitique pour devenir un bien commun sous haute maîtrise scientifique.