Cette année, la conférence annuelle classique du président Poutine – dont le doctorat en droit est souvent oublié — a duré près de cinq heures et a été ponctuée de 80 questions, parmi lesquelles les piques venimeuses des médias anglo-saxons se sont démarquées [1].
Les données concrètes concernant la Russie à la fin de 2025 sont très prometteuses : sur le plan économique, une croissance de 9,7 % en trois ans, bien supérieure à celle de l’Europe, et un taux de change du rouble qui s’est fortement réévalué à 78 contre un dollar, malgré les sanctions occidentales et le « vol » (dixit Poutine) des actifs russes d’Euroclear (Bruxelles) ; sur le plan militaire, l’armée russe a irrésistiblement sapé la fragile ligne de défense ukrainienne ; et sur le plan géostratégique, Moscou maintient un « équilibre stratégique » avec les États-Unis à l’ère Trump, qu’elle a loué pour ses « efforts » visant à instaurer la paix dans l’Ukraine pratiquement vaincue du comédien khazar, Zelensky.
Après avoir révélé qu’à Anchorage (Alaska), « nous étions pratiquement d’accord avec les propositions de Trump » et « (…) nous avions accepté ses propositions de paix », il a fait l’éloge du président chinois Xi Jinping, le qualifiant d’« ami fiable, de partenaire stable et d’allié (sic !) de la Russie », alors même que « les relations russo-chinoises sont un facteur important pour la stabilité mondiale ». Il s’agissait ni plus ni moins que du G3 de Poutine !
Je me souviendrai toujours de la déclaration de Joe Biden, quand, durant sa carrière politique, il avait posé que le principal talon d’Achille de la Russie était son faible taux de natalité, problème qui s’était considérablement accentué durant la période désastreuse de Boris Eltsine (1992-1999), qui coïncidait avec une grave crise économique, avec pauvreté et hyperinflation, entraînant un effondrement démographique connu sous le nom de « croix russe » ou « crise démographique russe », lorsque le nombre de décès a dépassé celui des naissances à partir de 1992.
En 1999, les naissances avaient déjà chuté de 50 % — sur le plus grand territoire de la planète (environ 18 millions de kilomètres carrés) avec une population insuffisante — à tel point que l’ancien secrétaire d’État clintonien Strobe Talbott — associé au magazine Time et ancien président de la pugnace Brookings Institution — n’a jamais caché son désir de balkaniser l’ancienne URSS divisée.
Selon Intellinews : « Les données du Service fédéral des statistiques (Rosstat) montrent que le pays a enregistré 1,22 million de naissances en 2024, le chiffre le plus bas depuis 1999. Ce chiffre représente une baisse d’un tiers par rapport à 2014 et reflète une tendance mondiale, dans les pays développés comme dans les pays en développement, à des taux de fécondité inférieurs au seuil de remplacement. »
Intellinews ajoute que, pour contrer ce déclin, la Russie a mis en place une série de mesures incitatives, notamment une prime de naissance unique, des prestations de maternité élargies et une aide financière régulière pour les familles avec enfants. Le gouvernement a également rétabli le titre de « Mère héroïque », hérité de l’époque soviétique, assorti d’une prime pour les femmes ayant plus de dix enfants [2].
Poutine a déclaré que le taux de natalité actuel, de 1,4 enfant par femme, est alarmant, et a insisté sur la nécessité de prendre des mesures pour le porter à au moins deux enfants par femme.
Il a ensuite fait remarquer que la question démographique est une préoccupation pour tous les pays post-industriels et qu’elle a atteint des niveaux « dramatiques », comme le taux de fécondité total du Japon, qui s’élève à 0,8, tandis que celui de la Corée du Sud a diminué à 0,7 : « Nous constatons également une légère baisse, d’environ 1,4 %. Nous devons atteindre au moins 2 %. Il faut que cela devienne une priorité, afin que les gens comprennent ce que signifie le bonheur d’être mère ou père. »
Le président russe a identifié des mesures visant à soutenir le désir des jeunes de fonder une famille, notamment des aides à l’accès au crédit immobilier pour les familles.
Quoi qu’on en dise, la guerre menée par les États-Unis, l’OTAN et l’Union européenne en Ukraine contre la Russie comporte une forte composante démographique, de par sa nature géostratégique multidimensionnelle.
