Les États-Unis ne peuvent pas gouverner l’hémisphère occidental comme en 1823


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par José Alberto Niño

Comment les pressions américaines ont transformé le Venezuela en un point d’appui stratégique pour les rivaux des États-Unis.

Le 10 décembre 2025, des garde-côtes ont effectué une descente en rappel depuis des hélicoptères de la Marine jusqu’au pont d’un pétrolier dans les eaux internationales au large du Venezuela, saisissant ce que l’administration Trump a baptisé le Skipper, un navire soupçonné de contourner les sanctions. La procureure générale Pam Bondi a déclaré que l’opération visait des réseaux finançant le terrorisme et des régimes voyous, tandis que le président Trump a commenté avec désinvolture le pétrole confisqué : «On le garde, je suppose».

Le gouvernement vénézuélien a réagi en qualifiant la saisie d’acte de piraterie internationale, arguant que les véritables motivations de Washington avaient enfin été dévoilées : non pas la restriction des migrations, ni la lutte contre le trafic de drogue, ni la promotion de la démocratie, mais une tentative d’acquérir les vastes réserves pétrolières du Venezuela.

Cette interdiction maritime flagrante n’est que le dernier épisode d’une campagne de pression qui a déjà fait des dizaines de victimes. Reuters a rapporté que les États-Unis ont reconnu avoir mené au moins cinq frappes contre des navires près du Venezuela, opérations qui ont coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes.

L’administration et les stratèges géopolitiques proches de Trump invoquent la doctrine Monroe pour justifier cette escalade. Or, cet appel occulte une réalité fondamentale : l’alignement actuel du Venezuela sur des adversaires extra-hémisphériques tels que la Russie, la Chine et l’Iran ne constitue pas une agression gratuite, mais une réponse prévisible à des décennies de guerre économique et d’efforts de déstabilisation menés par les États-Unis.

L’ironie est frappante. Les responsables de Washington mettent en garde contre l’influence croissante des puissances étrangères dans la zone d’influence américaine, apparemment sans se rendre compte que leurs propres politiques interventionnistes ont précisément conduit Caracas à ces arrangements. Plus les États-Unis s’opposent agressivement à la Russie, à la Chine et à l’Iran sur la scène internationale, plus ces puissances renforcent leur coopération avec le Venezuela. Ce que les décideurs américains redoutent comme une nouvelle crise des missiles de Cuba est en train de devenir une prophétie autoréalisatrice, alimentée non pas par les ambitions des adversaires, mais par les excès de l’impérialisme américain.

L’anatomie de l’intervention américaine

Pour comprendre les partenariats stratégiques actuels du Venezuela, il est essentiel de saisir la campagne systématique qui les a précédés. Depuis 2005, Washington a imposé douze séries de sanctions distinctes, instaurant ainsi l’une des campagnes de guerre économique les plus vastes de l’hémisphère occidental. Les États-Unis maintiennent actuellement 431 sanctions à l’encontre de personnes et d’entités vénézuéliennes, ayant sanctionné 81 personnes et 46 entités.

Le bilan humanitaire est catastrophique. Les sanctions financières de 2017 et les embargos pétroliers de 2019-2020 ont asphyxié les exportations vénézuéliennes, aggravant la crise humanitaire et provoquant un exode massif. John Bolton a reconnu sans détour que ces sanctions visaient à réduire au minimum la production de PDVSA afin de faire chuter le régime de Maduro. Face à la disparition des marchés financiers occidentaux sous la menace de sanctions secondaires, le Venezuela s’est tourné vers des nations prêtes à défier l’hégémonie financière américaine, créant ainsi une coalition de facto contre Washington.

L’architecture du contre-alignement

Les partenariats stratégiques noués par le Venezuela témoignent de l’isolement croissant du pays vis-à-vis du commerce occidental et de la nécessité de développer des réseaux alternatifs. Plus significativement, la Russie a signé en mai 2025 un partenariat stratégique global de dix ans avec le Venezuela, ratifié en octobre 2025, portant sur plus de 350 accords bilatéraux relatifs à la sécurité, à la défense et aux technologies. Des avions-cargos russes ont récemment atterri à Caracas, transportant des fournitures militaires supplémentaires. En octobre 2025, Maduro a sollicité l’aide de la Russie pour renforcer la défense aérienne, remettre en service les avions Su-30 et acquérir des missiles.

La coopération iranienne a eu un impact sous-estimé. Téhéran a apporté son aide au développement de la technologie des drones et au contournement des sanctions, permettant ainsi au Venezuela de maintenir une partie de ses exportations de pétrole malgré les efforts d’interception américains. L’engagement économique de la Chine, via le programme «pétrole contre prêts», est peut-être le plus déterminant. Depuis 2007, Pékin a accordé environ 68 milliards de dollars de financements. Le Venezuela s’engage à fournir à la China National Petroleum Corporation des volumes quotidiens minimums de pétrole, allant de 230 000 à 800 000 barils en fonction des fluctuations du prix, afin d’honorer sa dette.

Ces accords représentent bien plus qu’une simple commodité économique. Ils constituent une stratégie délibérée de la Russie, de la Chine et de l’Iran visant à établir des positions dans l’hémisphère occidental qui compliquent la planification militaire américaine et contraignent Washington à détourner des ressources des théâtres d’opérations eurasiens.

La spirale auto-infligée

La dynamique à l’œuvre obéit à une logique terrible. Tandis que les États-Unis accentuent la pression sur la Russie concernant l’Ukraine, sur Pékin concernant Taïwan et sur Téhéran concernant son programme nucléaire, ces puissances trouvent un terrain d’entente pour soutenir des gouvernements qui contestent l’hégémonie américaine. Le Venezuela apparaît comme un candidat idéal : sa situation géographique inquiète Washington, il possède de précieuses ressources énergétiques et il est déjà fragilisé par les sanctions américaines.

Plus Washington mène des campagnes de «pression maximale» à l’échelle mondiale, plus les puissances adverses sont incitées à créer des points de pression au sein de la sphère d’influence traditionnelle des États-Unis. Les stratèges russes comprennent que la coopération militaire avec le Venezuela oblige le Pentagone à envisager des scénarios caribéens parallèlement aux plans d’urgence européens. Les économistes chinois reconnaissent que les ventes de pétrole vénézuélien garantissent la sécurité énergétique et offrent des opportunités de développer les échanges commerciaux en yuans. Les responsables iraniens apprécient le fait que la coopération technologique avec Caracas complexifie davantage la tâche des services de renseignement américains, déjà fortement sollicités.

Cela crée précisément le scénario cauchemardesque que les invocations de la doctrine Monroe sont censées empêcher : l’établissement d’une présence militaire et de renseignement par des puissances hostiles à proximité du territoire américain. Or, cette situation ne résulte pas d’une agression vénézuélienne, mais de la guerre économique menée par Washington, qui n’a laissé à Caracas d’autre choix que de rechercher d’autres partenaires. La crise des missiles de Cuba, que les responsables craignent de voir se matérialiser, est en train de se produire car la politique américaine a créé les conditions qui rendent une telle évolution rationnelle du point de vue vénézuélien.

Comprendre la doctrine Monroe

Le président James Monroe avait formulé cette doctrine dans son discours sur l’état de l’Union du 2 décembre 1823, déclarant l’hémisphère occidental fermé à toute future colonisation européenne. Pourtant, dès son origine, cette doctrine relevait davantage de l’aspiration que de la capacité. Les États-Unis ne disposaient pas de la puissance militaire nécessaire pour la faire appliquer ; la Grande-Bretagne, grâce à la suprématie de sa Royal Navy, l’a effectivement mise en œuvre tout au long du XIXe siècle.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, George Canning, proposa une déclaration anglo-américaine conjointe, mais le secrétaire d’État John Quincy Adams s’y opposa, arguant qu’il serait indigne pour l’Amérique d’intervenir «comme un canot de sauvetage dans le sillage du navire de guerre britannique». Monroe publia une déclaration unilatérale, tandis que la Grande-Bretagne en assurait l’application concrète. La Grande-Bretagne avait des raisons impérieuses : son économie en pleine industrialisation avait besoin des marchés d’Amérique latine, et cette doctrine s’inscrivait dans la stratégie informelle de l’empire britannique visant à maintenir sa domination économique sans supporter les coûts directs du colonialisme dans le Nouveau Monde.

Lorsque les puissances européennes violèrent cette doctrine, la réaction américaine révéla son impuissance. En 1833, la Grande-Bretagne s’empara des îles Malouines ; Andrew Jackson protesta, mais resta passif. De 1838 à 1850, la France et la Grande-Bretagne bloquèrent l’Argentine, sans que les États-Unis n’interviennent. En 1861, l’Espagne réannexa la République dominicaine tandis que l’Amérique était en proie à la guerre de Sécession. Plus significatif encore, Napoléon III envahit le Mexique en 1862 et installa Maximilien comme empereur. Washington fut incapable d’intervenir avant la fin de la guerre de Sécession.

La doctrine s’est transformée au tournant du siècle. La crise vénézuélienne de 1902-1903 a incité Theodore Roosevelt à proclamer le corollaire Roosevelt, métamorphosant la doctrine Monroe, d’un bouclier défensif en une arme offensive justifiant l’intervention américaine en Amérique latine. Durant la guerre froide, elle a justifié la lutte contre l’influence soviétique. Dans les années 1980, la version de Reagan a engagé les États-Unis dans le soutien aux insurrections anti-marxistes, le Nicaragua étant une cible prioritaire.

La perversion contemporaine

En effet, la réactivation explicite de la doctrine Monroe dans la politique américaine envers le Venezuela sous la présidence de Trump marque un retour aux relations entre grandes puissances. En mars 2019, le conseiller à la sécurité nationale de l’époque, John Bolton, déclarait que, sous cette administration, l’Amérique n’hésiterait pas à invoquer la doctrine Monroe. Bolton a fait référence à cette doctrine lors d’une discussion sur une éventuelle intervention pour convaincre Maduro de démissionner, affirmant à CNN que l’Amérique s’était opposée aux menaces extérieures dans l’hémisphère occidental depuis l’époque de Monroe et qu’il était temps de la remettre au goût du jour.

Bolton a présenté cette doctrine comme une justification de l’opposition à toute ingérence étrangère au Venezuela, notamment de la part de la Russie, de la Chine, de Cuba et de l’Iran. Il a évoqué la «Troïka de la tyrannie» (Cuba, Nicaragua et Venezuela), soulignant que la forte présence cubaine, avec des milliers d’agents de sécurité déployés au Venezuela, était inacceptable pour les États-Unis. En avril 2019, Bolton a affirmé aux vétérans du débarquement de la Baie des Cochons que la doctrine Monroe était toujours d’actualité.

Cela représente un renversement de l’objectif affiché de cette doctrine. À l’origine, elle a vu le jour à une époque où les États-Unis étaient une puissance relativement faible, aux ambitions internationales limitées. Aujourd’hui, elle est invoquée par une nation qui maintient près de 800 installations militaires dans plus de 70 pays et mène des guerres simultanément sur plusieurs continents. Les États-Unis sont passés d’une république aux ambitions de politique étrangère modérées à un empire consumériste mondial, déployant sa puissance militaire aux quatre coins du globe.

Distinguer les applications légitimes des applications illégitimes de la doctrine

C’est là que réside la distinction cruciale que la politique actuelle omet totalement de faire. La doctrine Monroe conserve sa légitimité lorsqu’elle établit des lignes rouges claires face aux véritables menaces à la sécurité – notamment, empêcher les puissances extra-hémisphériques comme la Russie et la Chine d’établir des bases militaires dans l’hémisphère occidental. Cela représente un intérêt de sécurité nationale légitime, conforme à l’objectif défensif initial de la doctrine. Aucune administration américaine ne devrait tolérer la présence d’installations militaires russes ou chinoises à Cuba, au Venezuela ou ailleurs sur le continent américain, susceptibles de menacer le territoire américain ou de permettre une projection de puissance contre les États-Unis.

Une telle politique de sécurité fondamentale diffère fondamentalement de la politique étrangère universaliste actuellement menée. Fixer une ligne rouge concernant les bases militaires étrangères est une chose ; poursuivre un changement de régime global, une ingénierie sociale et un étranglement économique à l’étranger en est une autre. La première relève d’une préoccupation légitime en matière de sécurité ; la seconde constitue un projet irréaliste de domination impériale qui sape systématiquement les intérêts de sécurité mêmes qu’il prétend défendre.

L’objectif devrait être une hégémonie bienveillante, permettant aux États-Unis de maintenir une influence suffisante dans l’hémisphère occidental pour prévenir les menaces militaires hostiles, tout en respectant la souveraineté et la capacité d’action des nations latino-américaines à développer leurs propres systèmes politiques et économiques. Cela implique d’accepter que certains gouvernements de la région ne partagent pas les préférences américaines, entretiennent des relations économiques avec la Chine ou maintiennent des liens diplomatiques avec la Russie et l’Iran. Tant que ces relations ne conduisent pas à l’implantation de bases militaires étrangères ou à la projection de puissance contre les États-Unis, elles relèvent de la sphère légitime de la souveraineté américaine. Plus important encore, les États-Unis réduiraient leur présence militaire à l’étranger en fermant leurs centaines de bases militaires étrangères et en rapatriant les plus de 170 000 soldats d’active déployés hors des États-Unis. Dès lors, les États-Unis pourraient élaborer une stratégie de sécurité nationale axée sur la protection de leurs frontières et des voies maritimes dans l’hémisphère occidental.

La politique actuelle reste obstinément attachée au maintien de la primauté américaine, au mépris des conséquences. Washington poursuit un changement de régime et impose des sanctions globales au Venezuela non pas parce que Caracas abrite des bases militaires russes – bien que la politique américaine encourage précisément cette situation – mais parce que le pays possède de vastes réserves de pétrole et que le gouvernement vénézuélien conteste les préférences américaines et entretient des relations avec les adversaires des États-Unis. Il en résulte une spirale infernale où la guerre économique pousse le Venezuela dans les bras de la Russie, de la Chine et de l’Iran, créant ainsi les menaces militaires mêmes qui justifieraient légitimement des actions conformes à la doctrine Monroe.

Si Washington persiste dans cette voie, il pourrait bientôt se retrouver confronté à une crise géopolitique qu’il aura lui-même engendrée, née non pas à Caracas ou à Moscou, mais dans les recoins aveugles de sa propre ambition impériale.

Extraits des commentaires :

•  Ce n’est plus la doctrine Monroe. C’est la doctrine Matzo, et elle stipule que les États-Unis doivent intimider, menacer, réprimer ou détruire tout pays qui défie l’Empire de Judée.
La doctrine Monroe considérait les États-Unis comme la puissance hégémonique de l’hémisphère occidental. La doctrine Matzo affirme que les États-Unis sont la principale colonie de l’Empire de Judée, puissance hégémonique mondiale, et doivent obéir aux ordres de Sion.

•  Je suis surpris que Trump n’ait jamais invoqué la doctrine Monroe pour expulser le Danemark du Groenland. Il est important de noter que Maduro n’est pas un dictateur qui a usurpé le pouvoir. Il a été choisi par le parti politique le plus important et le plus populaire du Venezuela après la mort de Chavez. Si Maduro venait à fuir ou à être tué, il serait remplacé par une personne partageant les mêmes convictions nationalistes.
Les États-Unis ne déploient qu’environ 2000 soldats au sol près du Venezuela et pourraient en acheminer quelques milliers de plus par avion. C’est largement insuffisant pour envahir ce pays. Personne ne semble savoir ce que l’équipe Trump espère de cette folie, y compris Trump lui-même.

•  Le journal israélien Israel Hayom affirme que c’est Israël qui a poussé Trump à provoquer un changement de régime au Venezuela.

•  Il me semble que la junte américaine est en train de mettre en scène un nouvel outrage artificiel, comme à Pearl Harbor, l’«incident» du golfe du Tonkin, le «11 septembre», la «Covid», etc., afin de perpétrer un nouveau massacre. Ceux qui tirent les ficelles semblent se nourrir du sang des innocents et des naïfs. Pas seulement celui des personnes de couleur. N’importe quel sang fera l’affaire. En 2003, on entendait beaucoup parler de «Pas de sang pour du pétrole !», mais le pétrole n’était qu’un détail. Ce que ces gens recherchent vraiment, c’est la terreur, la mort et la destruction. Et non pas, comme le prétendait ce slogan insensé et sinistre, «reconstruire en mieux». Non, l’horreur est une fin en soi.

•  La Chine, la Russie et l’Iran ont de solides raisons de défendre le Venezuela. Si le puissant dirigeant parvient à éliminer un à un les petits pays aspirant au BRICS, plus personne ne lui fera confiance et ne rejoindra ses rangs. La Chine, la Russie et l’Iran disposent tous d’équipements militaires très performants, produits à grande échelle, qui pourraient permettre au Venezuela de faire du renversement de Maduro une question de vie ou de mort pour l’empire chinois.

•  L’Amérique est la seule puissance non coloniale à avoir exercé une forme de colonisation, dans le sens où elle n’a pas accaparé les richesses pétrolières de l’Irak et de la Libye, mais a fini par y consacrer son sang et ses ressources pour perpétuer l’illusion du libre-échange. Si cela avait été l’Espagne, les Latino-Américains qui crient le plus fort au scandale devraient s’en souvenir : la richesse aurait disparu depuis longtemps et aucun étranger de couleur n’aurait jamais eu la moindre chance de poser le pied sur ce territoire. Les États-Unis n’agissent pas ainsi pour le bien de leur population, toujours plus appauvrie, mais pour les oligarques qui corrompent Washington. Le Venezuela n’est pas différent : ses nantis basés à Miami (?) exigent un changement de régime pour annuler les politiques initiées par Hugo Chávez qui les ont privés du privilège de piller les richesses pétrolières. N’oublions pas que nous combattons encore les Cubains pour que les familles Cruz, Rubio et Menéndez puissent récupérer leurs fermes perdues depuis longtemps. Nous voulons simplement destituer Maduro pour faire place à un candidat à la peau plus claire, comme Machado… c’est bien plus avantageux en termes d’image.

•  L’Amérique est la puissance coloniale par excellence : elle a anéanti de nombreuses nations autochtones et perpétré un génocide contre leurs peuples afin de conquérir le continent nord-américain ! C’est pourquoi l’Allemagne nazie et le Japon militariste ont tenté de suivre son modèle.

•  Il n’y aura pas d’invasion du Venezuela, ce sera comme en Libye, au Panama ou en Syrie, et comme ils ont tenté de le faire au Liban et en Iran : des frappes dévastatrices contre le gouvernement central, des bombardements massifs des quartiers résidentiels où vivent les familles des fonctionnaires. Une fois ces familles massacrées et mutilées, le gouvernement et ses employés ne seront plus aussi fiables ; ils auront tendance à fuir pour sauver leurs proches.
Le génocide à des fins lucratives et de plaisir est un art pratiqué et perfectionné depuis avant l’époque de Jules César.

•  Même si la production de pétrole de schiste ne connaissait pas de déclin, les États-Unis ont toujours besoin de pétrole lourd pour le raffinage en diesel. Les réserves vénézuéliennes sont majoritairement composées de pétrole lourd (ceinture de l’Orénoque). La production américaine de pétrole de schiste est légère, douce et en diminution, et les marges bénéficiaires sont faibles même aux prix mondiaux actuels. Les États-Unis sont terrifiés chaque fois que les grands producteurs mondiaux évoquent une augmentation de la production et une baisse des prix mondiaux. Sans une baisse significative du prix du pétrole, le pétrole américain restera sous terre (le gaz naturel est un cas particulier). Trump tente de convaincre le monde que les États-Unis vont intensifier leurs forages pour contrer la chute des prix de l’OPEP+, mais en réalité, le nombre de plateformes de forage américaines a chuté et continue de diminuer.
Outre le besoin en pétrole lourd comme matière première, les États-Unis souhaitent que leurs raffineries fonctionnent à pleine capacité (cela va de soi). Le pétrole vénézuélien peut être acheminé par voie maritime directement vers les raffineries du Golfe, contrairement au pétrole lourd canadien (la prochaine source disponible pour WestHem), dont le transport terrestre engendre d’importants coûts d’infrastructure et d’expédition, sans parler des obstacles environnementaux et réglementaires (souvenez-vous des problèmes rencontrés avec l’oléoduc XL) sur son trajet vers les raffineries du Golfe et du sud des États-Unis. Hormis la production conventionnelle encore substantielle de pétrole lourd en Alberta et en Saskatchewan, les réserves totales du Canada sont composées en grande majorité de bitume des sables bitumineux (de l’Alberta), par définition entièrement lourd.
Historiquement, lorsque les États-Unis n’ont pas réussi à s’emparer directement de la production pétrolière étrangère, ils se sont contentés d’exercer un contrôle accru sur le prix mondial du pétrole. Or, la stratégie actuelle de Trump (via le département du Commerce de H. Lutnick) concernant le pétrole vénézuélien consiste, certes, à le voler lorsque cela est possible ; à le produire si le coût est suffisamment bas ; mais surtout à convertir numériquement ses vastes ressources pétrolières (dont une grande partie est prouvée) en cryptomonnaies afin de les utiliser comme garantie pour les réserves de stablecoins que Trump prévoit d’échanger contre des titres du Trésor américain détenus à travers le monde. Fait intéressant, le récent décret de Trump établissant une sorte de réserve de cryptomonnaies précise que son financement se fera par confiscation, et non par achat (au niveau national, conformément aux dispositions relatives à la confiscation civile, mais je ne me souviens plus s’il prévoit également des confiscations à l’étranger).
Nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur les raisons du refus de Trump de l’offre (apparemment généreuse) de Maduro de partager l’exploitation des ressources pétrolières. L’une des raisons invoquées est qu’elle ne répondait pas aux exigences d’un changement de régime. Mais une autre est que, pour que ce système de tokenisation et de garantie d’actifs fonctionne, Trump ne se contente pas d’accéder à des volumes de production opérationnels relativement faibles (encore plus faibles en cas de coopération ou de coexploitation) ; il exige la pleine propriété de l’intégralité des ressources souterraines. Faute de titre de propriété contractuel, il doit trouver un moyen de parfaire la garantie américaine sur le pétrole et les autres ressources vénézuéliennes. La menace des armes suffira.

source : The Unz Review via Entre la plume et l’enclume

traduction Maria Poumier



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