Depuis février 2022, près de 600 000 armes livrées à l’Ukraine se sont évaporées, selon l’ONG suisse GI-TOC. Publié en juin 2024, ce constat relance le débat à Bruxelles et Washington, alors que l’UE vient d’accorder 90 milliards d’euros à Kiev et que la traçabilité des armes reste un point de friction majeur.
Dans le chaos des combats, une masse d’armes légères et portables sort des radars. Le rapport de la Global Initiative against Transnational Organized Crime évoque un agrégat de pertes, vols et détournements, sans conclure que tout alimente le marché noir. Mais l’Ukraine, déjà identifiée avant 2022 comme zone de transit, voit le volume exploser, multipliant les occasions de fuite le long de la chaîne logistique.
Sur le terrain, les explications sont connues et peu glorieuses. « Souvent, ce sont des soldats qui partent avec, comme dans tous les conflits », explique l’analyste Ulrich Bounat. « Certains commandants militaires gonflaient le nombre de soldats pour avoir une quantité d’armes adéquate, et en détournaient une partie », ajoutait-il dans Le Parisien. Comme le rapporte The Epoch Times, les systèmes lourds, eux, restent sous surveillance étroite grâce à des outils numériques comme Korovai et à des contrôles réguliers exigés par les alliés occidentaux.
Le vrai talon d’Achille demeure les armes légères. L’armée américaine a admis début 2024 son incapacité à suivre plus d’un milliard de dollars d’équipements de petit calibre. « Les millions de fusils d’assaut ou de Kalachnikov sont impossibles à suivre… Mais nous avons une vision assez claire des endroits où se trouve le matériel important », résume Ulrich Bounat. GI-TOC alerte sur un marché criminel structuré, appelé à durer bien au-delà des combats, un scénario déjà observé dans les Balkans ou en Afghanistan.