Le Niger célèbre ce 18 décembre le 66e anniversaire de la proclamation de la République, qui a eu lieu en 1958 et a ouvert la voie vers la fin de la colonisation française proclamée deux ans plus tard. À cette occasion, le chef de l’État a délivré un discours puissant, centré sur la souveraineté, la gouvernance et les ambitions régionales.
Le 18 décembre 1958 marque la date de la fondation de la République au Niger, date qui avait ouvert la voie vers la proclamation de l’indépendance du pays le 3 août 1960, rejoignant la vague de décolonisation qui a marqué le continent africain au milieu du XXe siècle. Cet évènement est célébré chaque année comme un moment de fierté nationale et de nouveau départ pour le pays.
Dans un discours à la nation prononcé la veille, le chef de l’État, Abdourahamane Tiani, a salué la résilience du Niger, qui, selon lui, parvient désormais à «vivre sans la prétendue assistance étrangère souvent utilisée pour menacer ou humilier les Nigériens», fustigeant les «ennemis nostalgiques de leur position de puissance néocolonialiste», accusés de chercher à nuire à l’État nigérien.
Le 66e anniversaire de la République a été l’occasion pour le président Tiani de réaffirmer la volonté du Niger de tracer une voie indépendante, tant sur le plan national que régional, tout en réitérant l’importance d’une mobilisation collective face aux défis auxquels le Niger est confronté, qu’ils soient internes ou externes.
Tiani a insisté sur le fait que la souveraineté politique et économique demeure au cœur des priorités du pays dans le cadre d’une vision ambitieuse pour un Niger souverain, résilient et acteur clé de l’avenir, appelant à une coopération internationale respectueuse et équilibrée, tout en rejetant les influences néocoloniales.
Le pari stratégique de l’AES
Un des axes majeurs du discours du chef de l’État a été la mise en avant de l’Alliance des États du Sahel (AES), un partenariat stratégique unissant le Niger à ses voisins – le Burkina Faso et le Mali. Tiani a salué, au passage, la solidarité de ces «pays frères», affirmant que cette union symbolisait une nouvelle trajectoire pour le Niger et ses alliés.
La fête nationale au Niger intervient cette année alors que les trois pays sahéliens avaient acté le 6 juillet la création de la nouvelle Confédération des États du Sahel, fondée pour contrer l’influence de la CÉDÉAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), une organisation que ces trois pays jugent instrumentalisée par la France, ex-puissance coloniale.
Ces célébrations interviennent également alors que le gouvernement militaire, arrivé au pouvoir avec le coup d’État du 26 juillet 2023, a accusé les gouvernements précédents de «soumission aveugle» à la France, annonçant notamment la rupture d’accords de coopération avec Paris et l’UE, notamment dans l’exploitation des gisements d’uranium, outre le retrait du contingent militaire américain.
Le 18 décembre 1958 marque ainsi la fondation de la République et la création de la Présidence de la République, et le 3 août 1960 fut la date de la proclamation de l’indépendance du pays. Entre le 18 décembre 1958 et le 3 août 1960, le Niger resta une république semi-autonome au sein de la communauté coloniale française, le début de la présence française au Niger remontant à 1899.