Antoine Bachelin Sena est un auteur et journaliste indépendant qui critique la désinformation médiatique et explore les dynamiques de pouvoir. Il vient de publier son nouveau livre Amazonie Politique qui analyse et explique ce qui se passe en Amazonie, des conflits d’intérêt, aux inversions scientifiques menant à des décisions contraires aux intérêts des populations, avec comme outil principal les lobbys des ONG. Il y en a 850 000 au Brésil.
Ce livre est une invitation à une réflexion face à la manipulation des narratifs que l’on peut entendre dans les médias mainstreams et qui rejoint l’analyse faite par le lanceur d’alerte, ex-lobbyiste Frédéric Baldan dans son ouvrage UrsulaGates, la compromission par les lobbies.
Empires coloniaux et jalousie ancienne
L’Amazonie a toujours été au cœur de rivalités coloniales, un théâtre où se sont jouées les ambitions de plusieurs empires européens.
Dans une lettre adressée au roi du Portugal, le pasteur jésuite Antonio Viera a critiqué les motivations réelles des administrateurs coloniaux, qui semblaient davantage intéressés par la richesse que par le bien-être des territoires administrés.
Le Traité de Tordesillas de 1494, qui partageait le Nouveau Monde entre l’Espagne et le Portugal, a exclu d’autres puissances comme la France, provoquant des commentaires ironiques de Charles VIII sur cette division arbitraire du monde.
Les Portugais ont développé des stratégies complexes pour dominer l’Amazonie, y compris des alliances avec des ordres religieux comme les Franciscains et les Jésuites, et des accords avec les chefs indigènes pour sécuriser leur contrôle sur la région.
En nommant des indigènes à des postes militaires et administratifs, ils ont aussi encouragé le métissage, renforçant ainsi leur influence.
L’immensité de l’Amazonie, couvrant des distances comparables à celles entre Lisbonne et Moscou, a toujours représenté un enjeu stratégique, notamment en ce qui concerne la navigation fluviale, où les Portugais ont longtemps restreint l’accès aux étrangers pour protéger leurs intérêts.
Projets de navigation et obstacles environnementaux
L’idée d’une intégration sud-américaine via une grande voie navigable n’est pas nouvelle.
Des personnalités comme le gouverneur Luís Albuquerque de Melo e Cáceres et le naturaliste Alexander von Humboldt avaient déjà envisagé ce potentiel au XVIIIe et au début du XIXe siècle.
La voie navigable Paraguay-Paraná, signée par l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay en 1992, visait à relier ces pays par une route fluviale de 3 442 km. Cependant, presque immédiatement, des ONGs environnementalistes internationales ont commencé à s’opposer à ce projet. « Wetlands for the Americas » a publié un rapport alarmant sur la vulnérabilité du Pantanal, suggérant que ce développement pourrait anéantir cet écosystème unique.
Le WWF et d’autres organisations ont orchestré des campagnes, des expositions de photos et la création de nouvelles ONGs comme « Living Rivers » pour arrêter ce projet, faisant valoir que le développement économique devait céder la place à la préservation écologique.
Les actions en justice et les injonctions ont paralysé le projet, révélant comment l’environnementalisme peut être utilisé comme une arme politique pour freiner le progrès économique et renforcer des agendas géopolitiques.
Alarmisme international
L’année 1990 a vu une Commission d’Enquête Parlementaire brésilienne dénoncer l’exagération de la déforestation amazonienne par certains scientifiques et médias occidentaux.
Des figures comme Philip Fearnside ont fait des prévisions catastrophiques établies sur des calculs exponentiels erronés, alimentant une campagne de désinformation internationale.
Des médias comme Time Magazine et le New York Times ont décrit la situation en Amazonie comme une tragédie environnementale imminente, comparant les politiques brésiliennes à l’apartheid ou à l’holocauste.
Cette rhétorique a été renforcée par des personnalités comme Al Gore, incitant à des sanctions financières contre le Brésil pour une gestion supposée inadéquate de ses ressources naturelles.
Des leaders mondiaux comme François Mitterrand et Mikhaïl Gorbatchev ont même suggéré un contrôle international de l’Amazonie, remettant ainsi en question la souveraineté brésilienne.
Cette atmosphère de peur et d’alarmisme a été établie sur des mythes plutôt que sur des données scientifiques rigoureuses, illustrant comment des narratifs alarmistes peuvent être utilisés pour manipuler l’opinion publique et la politique internationale.
Autonomie et développement des indigènes
L’avocat indigène Ubiratan Maia a souligné la nécessité de développer les communautés indigènes en accord avec leurs aspirations plutôt que de les instrumentaliser pour des causes étrangères.
Il critique l’impact des ONGs globalistes et de grandes entreprises qui, selon lui, sabotent le développement légal et autonome des peuples autochtones.
La loi « marco temporal » de 2023 vise à permettre aux indigènes de mener des activités économiques à grande échelle, mais elle est toujours contestée.
L’avocat Ubiratan met en lumière que les indigènes cherchent un développement réel, avec accès à des services de base comme l’eau potable et l’électricité, plutôt que d’être confinés dans des réserves sans possibilité de croissance économique.
Il cite des exemples de communautés indigènes qui ont réussi dans l’agriculture et la production laitière, montrant un potentiel souvent ignoré ou bloqué par des politiques qui privilégient l’isolement et le maintien dans des conditions de pauvreté sous prétexte de préservation culturelle ou environnementale.
Instrumentalisation de l’indigénisme et de l’environnementalisme
L’activisme environnemental et indigéniste au Brésil est fréquemment critiqué pour son manque de transparence et de contrôle.
Avec des centaines de milliers d’ONGs actives, habituellement financées par des fonds internationaux, il y a un risque élevé de corruption et d’ingérence dans les affaires nationales.
La démarcation des terres autochtones peut être vue comme une stratégie de balkanisation, où des intérêts internationaux cherchent à diviser et à contrôler, utilisant l’indigénisme comme une façade pour des objectifs politiques.
Des mouvements comme la Théologie de la Libération ont influencé des pratiques sociales et politiques, parfois en manipulant des populations vulnérables.
Des organisations internationales et des conférences, soutenues par des puissances étrangères, ont cherché à transformer les conflits locaux en luttes globales, visant à affaiblir les structures nationales.
L’exemple de la Banque Mondiale, qui sous la pression environnementale et indigéniste a retiré son soutien à des projets comme Belo Monte, illustre comment des institutions mondiales peuvent agir contre le développement national, instrumentalisant les droits des peuples autochtones pour leurs propres agendas.
L’exemple d’élevage de crevettes, cible de l’appareil environnementaliste international
L’aquaculture, particulièrement l’élevage de crevettes au Brésil, est devenue une cible des campagnes de l’appareil environnementaliste-indigéniste international, révélant un caractère anti-humain et antisocial dans ces actions.
L’aquaculture, qui consiste en l’élevage contrôlé de poissons, crustacés, mollusques, et algues, a connu une expansion rapide mondiale, offrant une alternative à la pêche traditionnelle et répondant aux besoins croissants en protéines animales.
Au Brésil, l’industrie de l’élevage de crevettes a significativement augmenté, passant de quelques milliers de tonnes dans les années 1990 à des dizaines de milliers au début des années 2000, avec une concentration dans le Nord-Est grâce à des conditions climatiques favorables. Cette croissance a généré des milliers d’emplois et a positionné le Brésil comme l’un des principaux producteurs mondiaux.
Cependant, cette expansion a attiré une opposition féroce de groupes environnementalistes comme Greenpeace, Fundación Avina, Hivos International, et l’Agence Espagnole de Coopération Internationale, parmi d’autres.
Ces organisations accusent l’aquaculture de dévaster les mangroves et d’avoir des impacts sociaux négatifs sur les communautés traditionnelles.
Ils cherchent à freiner le développement de l’industrie en lançant des campagnes alarmistes, prétendant protéger des modes de vie traditionnels, mais en réalité, ces actions empêchent les populations locales d’accéder à une meilleure productivité économique et à des conditions de vie améliorées.
Les critiques contre l’industrie se concentrent sur la prétendue destruction des mangroves et la pollution des eaux côtières. Pourtant, des études scientifiques, y compris celles parrainées par l’Association Brésilienne des Producteurs de Crevettes (ABCC), montrent que l’impact sur les mangroves est exagéré et qu’il y a même eu une augmentation de la superficie des mangroves dans certaines régions.
De plus, les données sur la pollution des eaux par les fermes de crevettes indiquent que les niveaux sont conformes ou en dessous des normes environnementales brésiliennes et internationales.
La réponse des producteurs brésiliens à ces attaques a été de souligner la désinformation et l’irresponsabilité des campagnes environnementalistes.
Par exemple, le documentaire « Le Prix de la Crevette» de la BBC a mis en lumière les failles dans les accusations d’organisations comme l’EJF, montrant que les preuves de destruction de mangroves et de biodiversité n’étaient pas substantivées.
Les producteurs critiquent également le manque de focus sur de véritables problèmes environnementaux, comme les effluents non traités, qui posent une menace bien plus grande aux écosystèmes côtiers.
En conclusion, bien que l’aquaculture ait des défis à relever en termes de durabilité, la campagne contre elle semble motivée par des intérêts autres que la protection de l’environnement, visant plutôt à freiner le développement économique des pays émergents comme le Brésil.
Les attaques contre l’industrie montrent une tendance à utiliser l’environnementalisme comme un outil de guerre économique pour affaiblir les initiatives de développement national.
Le livre d’Antoine Bachelin Sena met en lumière comment le Brésil est confronté à des forces entravant son développement. Ces dynamiques montrent un conflit entre la souveraineté nationale et des agendas mondiaux, souvent masqués par des préoccupations environnementales et indigénistes.