« Ce ne sont pas les aides qui sont trop élevées mais les salaires qui sont trop bas »
Le gouvernement français annonce davantage d’austérité. Ses propres statistiques établissent pourtant que de plus en plus de ménages ne parviennent pas à couvrir plusieurs dépenses de la vie courante — chauffage, alimentation ou entretien du véhicule. Parcourir la Bretagne permet d’apprécier l’ampleur des dégâts, notamment en milieu rural et périurbain.
Un samedi matin glacial de janvier, dans la zone commerciale de Saint-Renan (Finistère). Mme Christine Floch va acheter « deux, trois bricoles » au magasin Action. On la croise au parking, elle nous montre son smartphone. « Tous les jours, je vais sur l’application EDF, pour vérifier ma consommation. Voyons… Bon… On est seulement le 20, j’ai déjà atteint le montant de ma facture du mois dernier… » Elle range l’appareil, dépitée, puis se frotte les mains, pour les réchauffer. « Ils annoncent encore une hausse de 10 % en février ? Ça va durer jusqu’à quand ? On nous parle de sobriété énergétique, mais nous ça fait longtemps qu’on est en dessous des 19 degrés ! On aimerait bien pouvoir se les payer, les 19 degrés… » La sobriété des uns devient le luxe des autres. « Il y a deux ans, je vivais avec ma fille. Maintenant je suis toute seule, mais ma facture d’électricité a doublé. » Mme Floch va encore baisser le chauffage, porter un pull supplémentaire, espacer les machines à laver.
« Il faut être futée pour s’en sortir, résume cette aide à domicile d’une soixantaine d’années, mais je ne sais vraiment pas comment font les familles. » Les personnes âgées chez qui elle travaille « ne chauffent souvent qu’une seule pièce ». Et elles sont de plus en plus nombreuses à chercher à retravailler, constate Mme Cendrine Perquis, conseillère à la Maison de l’emploi dans une commune voisine. « Pas plus tard qu’hier par exemple, un couple de septuagénaires est arrivé après avoir reçu sa facture d’électricité, qui avait explosé. Nombreux sont ceux qui, au minimum vieillesse [1 012 euros], ne font plus trois repas par jour et ne peuvent pas se restreindre davantage de ce côté. » Du reste, « ici à la campagne, la plupart des gens vivent dans des maisons, parfois anciennes, difficiles à chauffer, souvent sans les moyens de faire les travaux, donc de vraies passoires thermiques ».
« On veut que les enfants se sentent comme les autres »
« Tout flambe ! (…)
Taille de l’article complet : 4 396 mots.
Cet article est réservé aux abonnés
accédez à la base de données en ligne de tous les articles du Monde diplomatique de 1954 à nos jours.
Retrouvez cette offre spécifique.