La guerre en Ukraine a généré autant de CO2 que quatre pays européens


24 février 2025 à 06h00

Durée de lecture : 4 minutes

Il y a des anniversaires que l’on voudrait ne jamais fêter. Voilà déjà trois ans que la Russie a envahi à grande échelle l’Ukraine, le 24 février 2022. Le nombre officiel de victimes de cette guerre n’est toujours pas connu — il est estimé à 1 million de morts et de blessés par le Wall Street Journal. D’autres chiffres sont, eux, désormais disponibles : ceux des émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par la guerre. Celles-ci ont atteint 230 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2e) en trois ans, soit l’équivalent des émissions annuelles de l’Autriche, de la Hongrie, de la République tchèque et de la Slovaquie réunies.

« Le coût climatique de l’invasion de l’Ukraine par la Russie a atteint de nouveaux sommets », commentent les auteurs d’une analyse publiée le 24 février, menée par l’Initiative on Greenhouse Gas Accounting of War. Ce collectif de recherche est financé en partie par le gouvernement suédois et la Fondation européenne pour le climat, et est soutenu par l’Ukraine.

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Selon cette nouvelle étude, les émissions liées à la guerre ont augmenté de 55 MtCO2e en 2024. Celles générées par le secteur militaire (les véhicules lourds consommant du carburant, l’acier et le béton utilisés pour les fortifications, etc.) obtiennent la première place de ce triste podium, avec 82 MtCO2e émises depuis 2022. La seconde marche est occupée par la reconstruction des infrastructures et des bâtiments endommagés (62 MtCO2e).

Davantage d’incendies

Une troisième catégorie se développe à vitesse grand V : les émissions générées par des feux. « Les incendies provoqués par des combats ont connu une augmentation notable en raison de conditions de sécheresse inhabituelles, probablement dues au réchauffement climatique », écrivent les chercheurs. Alors que 47 000 hectares de forêt ont brûlé en 2022, puis 29 000 hectares en 2023, ce sont 92 000 hectares qui ont disparu dans les flammes en 2024. Ces feux ont généré 25,8 MtCO2e en 2024, soit plus que les émissions combinées de 2022 et 2023 (22,9 MtCO2e).

« L’été 2024 a été beaucoup plus sec que la moyenne en Ukraine, peut-on lire dans l’étude. Cela a créé les conditions idéales pour que les incendies causés par les combats démarrent sous la forme de petits feux, avant de s’étendre à de plus grandes étendues de manière incontrôlée. » D’autant qu’il est trop dangereux pour les pompiers d’opérer dans la zone de combats.

Selon l’étude, « l’année 2024 est un exemple inquiétant de la façon dont le changement climatique et les conflits armés se renforcent mutuellement, entraînant un réchauffement accru de la planète ». Une évaluation détaillée, « pouvant contenir des sources d’émissions supplémentaires qui n’ont pas encore été prises en compte », sera publiée au printemps 2025.

« La Russie devrait assumer le coût de ses émissions climatiques »

« La Russie a commencé cette guerre et devrait assumer le coût de ses émissions climatiques », estime l’un des auteurs, Lennard de Klerk. De son côté, l’Ukrainienne Svitlana Krakovska, membre du Giec [1], présentera à ses collègues les résultats de cette nouvelle étude le 24 février, lors de la 62e session du Giec, en Chine.

Outre les émissions de GES liées à la guerre, « la Russie de Vladimir Poutine se sert des désastres environnementaux et des dégâts provoqués pour faire pression sur l’Ukraine. L’écocide devient alors une arme de guerre », estimait en octobre dernier Sophie Marineau, doctorante en histoire des relations internationales, dans un entretien à Reporterre. Incendies à répétition, destruction du barrage de Kakhovka en juin 2023, pollution des cours d’eau à l’été 2024… Les coûts mis en place pour reconstruire les infrastructures détruites sont autant de moyens financiers qui ne sont pas investis dans la défense militaire.

Après trois ans, nul ne sait quand cette guerre prendra fin. La semaine dernière, Donald Trump a multiplié les fausses déclarations à l’égard du président ukrainien Volodymyr Zelensky, le qualifiant de « dictateur sans élection », et l’accusant — à tort —d’être à l’origine de la guerre déclenchée par Moscou. Le président étasunien a également déclaré que son homologue ukrainien avait fait « un très mauvais travail de négociations » jusqu’à présent. En parallèle des pourparlers américano-russes, les principaux dirigeants européens se sont réunis le 17 février, à Paris, espérant peser dans le processus en cours.

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