Par Alexandre Lemoine pour Observateur-Continental
Londres et Paris tentent une dernière fois, avant le départ de Joe Biden de la présidence des États-Unis, de le convaincre de lever l’interdiction de frapper avec des missiles le territoire russe en profondeur. Ils s’empressent de le faire avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
« Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron devraient faire une dernière tentative désespérée pour contrecarrer les efforts de Donald Trump visant à réduire le soutien américain à l’Ukraine », a rapporté The Telegraph, citant des sources au sein du gouvernement britannique.
Les politiciens tenteront de convaincre Joe Biden, en fin de mandat présidentiel, d’autoriser Kiev à frapper des cibles sur le territoire russe avec des missiles franco-britanniques Storm Shadow.
Le 11 novembre, Starmer s’est rendu à Paris pour une cérémonie marquant l’anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale. L’armistice de Compiègne avait été signé ce jour-là en 1918.
Londres espère profiter au maximum du temps restant avant la fin du mandat de Biden et considère que le président américain « donnera enfin l’autorisation que l’Ukraine exige depuis plusieurs mois ». Les médias américains avaient rapporté début octobre que Biden pourrait autoriser les forces armées ukrainiennes à frapper en profondeur la Russie après les élections américaines.
Macron et Starmer ont évoqué lors de leur récente rencontre l’impact de la victoire de Donald Trump sur la guerre au Moyen-Orient et en Ukraine, ainsi que la possibilité d’une guerre commerciale entre les États-Unis et les pays européens.
Les frappes potentielles sur des cibles en profondeur sur le territoire russe étaient activement discutées mi-septembre. Il était attendu qu’après les négociations du Premier ministre britannique à Washington avec Joe Biden, une levée des restrictions pour les forces armées ukrainiennes sur l’utilisation des missiles britanniques Storm Shadow, français Scalp et américains ATACMS serait annoncée. Cependant, cela ne s’est pas produit, bien que la question n’ait pas été retirée de l’ordre du jour et que les discussions se soient poursuivies.
Cette question a notamment été soulevée lors des négociations entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Joe Biden pendant l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Kiev a transmis aux États-Unis et au Royaume-Uni une liste de cibles sur le territoire russe que les forces armées ukrainiennes pourraient frapper avec des missiles si elles en avaient l’autorisation. Il s’agissait de dépôts d’armes, de réservoirs de carburant, de lieux de déploiement de militaires et de centres de commandement.
Le Royaume-Uni et la France ont soutenu le président ukrainien, mais les États-Unis s’y sont opposés. Washington craint qu’en réponse la Russie ne commence à frapper les bases militaires occidentales. Sans l’accord des autorités américaines, Londres et Paris ne peuvent pas donner leur autorisation, car les missiles utilisent des composants américains, et il existe également des inquiétudes quant à l’impossibilité de leur guidage sans l’utilisation de données collectées par les États-Unis.
Avant la fin du mandat présidentiel de Joe Biden, Washington enverra à Kiev tous les fonds restants de l’aide qui lui a été allouée, soit environ 6 milliards de dollars. L’administration démocrate craint que le soutien à l’Ukraine ne cesse avec l’arrivée de Donald Trump.
L’Union européenne, pour sa part, craint que dans ce cas, Bruxelles ne doive assumer l’entière responsabilité financière de l’Ukraine. Cependant, tous les représentants de l’UE ne sont pas d’accord avec cela. Par exemple, le Premier ministre slovaque Robert Fico a immédiatement déclaré que son pays s’opposerait à une telle initiative.
Quelques jours après l’élection présidentielle américaine, les dirigeants des pays de l’UE se sont réunis à Budapest pour discuter de la tactique à adopter après l’investiture de Donald Trump.
En particulier, ils ont décidé que Bruxelles et Washington devraient continuer à soutenir l’Ukraine, car sinon « cela enverrait un signal très dangereux non seulement à la Russie, mais aussi à d’autres pays ».
Dans leurs discours, les dirigeants de l’UE parlaient de plus en plus de la nécessité d’unité dans leurs relations avec les États-Unis et de la nécessité de veiller à leur propre sécurité. Au cours du premier mandat présidentiel de Trump, ce dernier avait des relations difficiles avec de nombreux partenaires européens.
Pour l’instant, les perspectives de fin de la guerre en Ukraine restent floues. Les médias américains, citant des sources, ont rapporté que le président élu Donald Trump et le dirigeant russe Vladimir Poutine avaient eu une conversation téléphonique au cours de laquelle ils ont évoqué la guerre en Ukraine. Cependant, le Kremlin a démenti cette information.
Alexandre Lemoine
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