Syrie, l’année zéro de l’après-dictature, par Akram Belkaïd (Le Monde diplomatique, janvier 2025)


Un pouvoir islamiste mais non djihadiste s’installe à Damas

Toutes les guerres se finissent un jour. Celle qui a dévasté la Syrie depuis 2011 a connu un dénouement provisoire avec la chute d’un régime en place depuis 1970. Si la Turquie fait figure de grande gagnante de ce bouleversement, la passivité des soutiens internationaux du pouvoir déchu (Russie et Iran en tête) interroge. Revendiquant un recentrage idéologique, le nouveau pouvoir en place à Damas doit prouver qu’il a rompu avec le djihadisme.

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Abdalla Al Omari. – « Under the President’s Bridge » (Sous le pont du président), 2022

© Abdalla Al Omari – Courtesy of the artist and Ayyam Gallery, Dubai

«Louanges à Dieu, le tyran a détalé ! » Dans la nuit du 7 au 8 décembre, la rumeur se propage à travers les réseaux sociaux arabes avant même que l’information soit confirmée par des officiels syriens. Le président Bachar Al-Assad a quitté le pays pour une destination inconnue – on apprendra plus tard qu’il s’agit de Moscou. Durant quelques heures, la prudence et le scepticisme le disputent à l’euphorie, même si circulent déjà des images montrant la progression triomphale dans les faubourgs de la capitale de soldats de l’Armée nationale syrienne (ANS) – l’une des deux grandes organisations impliquées dans le renversement de M. Al-Assad avec Hayat Tahrir Al-Cham (HTC, Organisation de libération du Levant). L’incertitude est vite balayée. Après vingt-quatre années et demie de règne impitoyable pour ses opposants, celui qui avait succédé à son père, Hafez – président de 1971 à 2000 –, vient de fuir à la surprise quasi générale. Un nouveau chapitre s’ouvre de l’histoire tourmentée du Proche-Orient. Comprendre les multiples raisons de l’effondrement de ce régime aide à en esquisser les possibles conséquences géopolitiques, dans un contexte marqué entre autres par les tueries massives et les destructions commises à Gaza ou au Liban par l’armée israélienne ainsi que les déroutes du Hezbollah et du Hamas. Sans oublier les brefs affrontements balistiques entre Israël et l’Iran, ou encore les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) en novembre contre le premier ministre Benyamin Netanyahou et son ancien ministre de la défense Yoav Galant pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis dans l’enclave palestinienne.

L’une des principales causes de la chute de M. Al-Assad tient au pourrissement continu des institutions syriennes. Après avoir maté dans le sang la révolte populaire de 2011, l’ex-président n’a pu empêcher son pays d’abdiquer sa souveraineté en raison des ingérences militaires étrangères, qu’elles soient le fait d’alliés (Russie, Iran, Hezbollah) ou de (…)

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