Actif, passif, haut de bilan, bas de bilan… un bilan doit toujours être regardé en entier.
Mais, pour avoir une analyse véritablement complète, et ainsi pouvoir tirer une conclusion objective et exhaustive, il faut également s’intéresser aux éléments qui sont hors bilan, ce sont parfois les éléments les plus importants.
Jean-Marie Le Pen, homme politique incontournable de la Vᵉ République, étant décédé, le 7 janvier 2025, il m’a semblé qu’il fallait que nous nous livrions à cet exercice le concernant.
Donc, allons-y, en commençant par les éléments à mettre à son crédit. À inscrire à l’actif, selon la morale contemporaine, de la période durant laquelle il est intervenu dans la sphère publique.
L’idée généralement admise, y compris par ceux qui l’ont considéré et qui le considèrent toujours (quoi qu’on puisse leur objecter de patent) comme un odieux raciste, un immonde xénophobe, et, pire encore au regard des critères perdurant du moment, comme un antisémite nauséeux à l’extrême, cette idée généralement admise est que Jean-Marie Le Pen était un patriote.
Mais, qu’est-ce qu’un patriote ?
Sans vouloir plagier « Les Inconnus » les plus célèbres que sont Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus (la tirade culte du sketch « Les Chasseurs »), on peut dire qu’il y a deux types de patriotes : le bon patriote et le mauvais patriote. Ou plus exactement, il y a le vrai patriote et le faux patriote. Je m’explique.
À vrai dire, s’agissant de Jean-Marie Le Pen, tout dépend de ce qu’on entend par « patrie. »
Étymologiquement, le mot « patrie » désigne le « pays des pères. » Et, suivant les époques, les lieux et les classes sociales, ce terme recoupe différentes notions, explicitement ou implicitement. Une version relativement moderne et guerrière dit que la Patrie est le pays, la nation, pour lesquels on est prêt à se sacrifier. Et, communément, la notion de patrie correspond à cette définition.
Et bien ; n’en déplaise à ceux qui risquent de s’offusquer, invoquant à cette occasion les très nombreuses « attaques » que « le système » a perpétrées contre Jean-Marie Le Pen en raison du patriotisme qu’il a toujours revendiqué, je m’interroge concernant ce point précis du sacrifice, jusqu’à sa vie, pour sa patrie, qu’un patriote est prêt à faire : Jean-Marie Le Pen en était-il vraiment un ?
En tout cas dans la définition de la patrie prise au sens de la France et des Français.
Ne hurlez pas. Pas tout de suite, du moins. Faites-moi crédit quelques instants.
Certes, Jean-Marie Le Pen s’est toujours affiché comme un amoureux de la France, pays pour lequel, selon son discours, il s’est battu « vaillamment » (ça, c’est la vérité vraie). Et, à en croire le parcours politique qu’on lui prête généreusement dans les médias, Jean-Marie Le Pen a incarné l’opposition « patriotique » à ce qu’il appelait « l’UMPS » ; contraction de « UMP » et « PS », le principal parti de droite et le principal parti de gauche à l’apogée de la carrière politique de Jean-Marie Le Pen, ceux qui se partagèrent le pouvoir de 1995 à 2017.
Eh bien, désolé, je ne suis pas d’accord. Et, cela s’applique également à moult personnalités politiques.
Je vous en ai déjà fait part à plusieurs reprises dans cette rubrique ; d’après des analystes politiques, chevronnés et auxquels je m’associe pleinement à ce sujet ; dans les faits, l’entreprise « Le Pen » s’est toujours employée à permettre à l’UMPS d’accaparer le pouvoir. D’abord, sous l’égide du père, Jean-Marie, puis, dans une mesure encore plus évidente, sous celle de la fille, Marine, et aujourd’hui du filleul, Jordan Bardella.
En effet, outre les multiples rétropédalages de ces deux derniers, notamment sur la sortie de l’Union européenne et de l’Euro, qui ont fait fuir beaucoup plus d’électeurs, acquis et potentiels, qu’en ont fait venir leurs concessions au politiquement correct (concessions à ce point autant abondantes qu’elles ont fait du RN un parti à la ligne politique affichée quasiment similaire en tous points avec celle des partis catalogués « républicains » par la kommandantur). Oui, outre cela, il faut bien sûr retenir les deux fois où, lors du débat télévisé de l’entre-deux-tours (élection présidentielle), Marine Le Pen ne semble pas s’être mis en posture de conquérante et laissa le sentiment d’avoir tout fait pour se saborder au mieux : propos incohérents, référence à la série « Les Envahisseurs », gestuelles ne correspondant pas à l’occasion. J’en passe et des… pires.
Lorsqu’en 2002, lui aussi a atteint le second tour de l’élection présidentielle, Jean-Marie Le Pen ne fut pas mis en mesure de se livrer à une telle mascarade. Les spins doctors de l’époque, connaissant les qualités oratoires et les sorties « O combien » provocatrices de Jean-Marie Le Pen, voulaient s’assurer que l’on ne voit pas trop qu’il avait été placé là pour assurer à Jacques Chirac d’être réélu. Alors, il a été décidé de l’absoudre de ce débat. Absous au prétexte avancé alors par lui que, « Il n’y a pas de débat possible avec l’extrême droite ! », Jacques Chirac a refusé de se prêter à l’exercice. Venant d’un homme qui a commencé sa carrière politique à l’extrême droite de l’extrême droite, et qui durant le périple qui l’a finalement conduit à l’Élysée, a eu pour fait d’armes médiatique, en 1991, d’incriminer avec raciste et une xénophobie extrême « maladroite », les étrangers et leurs enfants français puisque nés en France, avec « le bruit et les odeurs », en 1991, une saillie tristement célèbre, mais diablement efficace pour rallier à lui des suffrages en importance, quel foutage de gueule son « Il n’y a pas de débat possible avec l’extrême droite ! » de 2002.
Afin que le FN, puis le RN, puissent pleinement jouer ce rôle d’opposition contrôlable et contrôlée, qui assure aux cadres de « l’entreprise FN-RN » de profiter grassement des avantages en pécuniaire et en nature du système depuis cinquante ans, les médias mainstream ont fait en sorte que « l’entreprise Le Pen » accapare l’entièreté de l’espace médiatique dévolu à l’extrême droite. Le parti politique répertorié « extrême droite » dont le système a besoin pour pouvoir cantonner, à l’action politique ainsi méthodiquement vouée à l’échec, les velléités que, sans ce subterfuge, l’opposition véritable, elle, au système, qui réunissait énormément de Français en 1981, ne s’organisât en une résistance armée.
Notons au passage, car c’est encourageant, que malgré l’œuvre en dégénérescence de la télévision, de l’éducation nationale et de la culture, il existe, en 2025, une opposition authentique au système, qui compte au moins autant de personnes qu’en 1981, voire davantage.
Et, depuis l’avènement d’Internet, toutes les plateformes qui y officient, s’emploient identiquement à donner à « l’entreprise Le Pen » et aux autres opposants factices au système, la lumière nécessaire à ce qu’ils puissent sévir en le leurre pernicieux que j’ai décrit plus haut.
Oui. « Amenez à moi les petits récalcitrants, je m’occupe du reste », à savoir cantonner les fameux « Gaulois réfractaires » dans un combat politique tronqué et mené délibérément pour perdre, tel est concrètement le slogan officieux, mais effectif de « l’entreprise Le Pen. » Une pièce de théâtre sans cesse renouvelée qui se traduit par un résultat peu ou prou identique, histoire que le peuple ait le sentiment qu’une opposition existe. D’ailleurs, on ne peut que s’interroger sur la différence qu’il existe aujourd’hui entre le RN et la Macronie puisqu’ils sont tous deux européistes, pro ukrainien et non en faveur de la paix, et ne se sont pas opposés au viol du consentement opéré par lobbies interposés sur la vaccination covid !
Qu’on ne vienne pas me dire céans ou ailleurs, que c’est parce qu’il a été confronté à des éléments extérieurs à lui-même et impossibles à vaincre, si, en lieu et place de faire ce qu’il fallait faire pour pouvoir légitimement espérer prendre le pouvoir par les urnes (si tant est que cela fût possible), Jean-Marie Le Pen a préféré opter, et très rapidement, pour cette PME familiale. Ce Front National devenu « RN », qui a permis à tous les autres cadres du parti, de vivre sur le dos du contribuable, et aux dépens de leurs adhérents et de leurs donateurs, c’est-à-dire comme le font tous les autres partis, qui eux font partie du système de manière revendiquée. Une version moderne de la pièce de théâtre que j’ai appelée « c’est quoi la République ! ».
Je pense tout particulièrement au fait, hélas établi, de l’invocation perpétuelle des dégâts causés dans les années 30 et lors de la Seconde Guerre mondiale, par un nazisme qui était et demeure à la fois une création du système et l’outil parfait pour la mise en place du mondialisme. Ce système dorénavant dominant, et dont la victoire a été rendue possible par une destruction des Nations opérée sans relâche depuis 1945. Peut-être hormis aux États-Unis (coté « Occident ») et en Chine, en Russie et en Corée-du-Nord (côté « Orient »), à savoir, afin de pouvoir subrepticement avancer aux peuples du monde, que le mondialisme est scindé en deux camps distincts et qui soi-disant sont adversaires.
L’épouvantail du nazisme est matérialisé par des idées et des méthodes « empruntées au nazisme » que les médias imputent systématiquement aux vrais patriotes, pour que, dans l’esprit des électeurs, le programme politique, économique et culturel avancé par les vrais patriotes, rappelle cette période sombre de l’Histoire, un génocide sans cesse « déporté » au-devant de l’actualité, dans les médias et à l’école : la sempiternelle référence à la Shoah.
Néanmoins, du début à la fin, Jean-Marie Le Pen a eu à l’égard de la Shoah une attitude paradoxale. Paradoxale et qui démontre que, grandement cultivé et intelligent qu’il était, c’est manifestement en conscience qu’il a entretenu ce paradoxe tout le temps. Et, que c’est par l’entremise de ce paradoxe, qu’il a pu se saborder comme susdit. Gruger les Français, qui ont vu en lui le mélange de Jeanne d’Arc et Charles Martel qui allait sauver la Patrie. « Bouter » hors de France les Anglo-Saxons mondialistes, et « ces féroces soldats » qu’ils font venir en France, en masse, pour s’occuper de « nos filles et nos compagnes ». Une effectivité devenue flagrante cumulativement sous l’ère Hollande-Macron-Von der Leyen, avec l’art de l’inversion accusatoire, de la capture des libertés amenée à son paroxysme, car « c’est pour votre bien ».
Eh oui !
Tout sauf idiot qu’il était, et parfaitement conscient qu’il était du caractère sacré conféré à la Shoah par la version officielle de l’Histoire et la propagande, Jean-Marie Le Pen a fait ceci au début du FN. Un à un, il aura débarrassé le parti de ses membres originels qui soutenaient ouvertement que la Shoah a été instrumentalisée depuis 80 ans. Ceci aura permis d’agiter l’épouvantail du nazisme, et afin de faciliter que le mondialisme ne s’étende, in fine, comme son nom l’indique à toute la planète.
Le plus connu d’entre eux est François Duprat. Négationniste estimé, François Duprat était potentiellement un grand danger pour le système. À savoir s’il s’était trouvé que, par le truchement de, je ne sais quel hasard chafouin (et surtout grâce à l’aide financière et médiatique de mécènes, qui auraient misé sur ce canasson-là plutôt que sur un autre cheval), ses écrits et ses discours circonstanciés, dénonçant l’épouvantail susdit du nazisme, ainsi portés à la connaissance de suffisamment de Français, eussent alors réussi à en convaincre ; des Français ; en le nombre requis pour renverser la table. Fort heureusement pour toutes les composantes du système politique dont la France et les Français subissent les frasques et les trahisons depuis 54 ans, François Duprat est mort le 18 mars 1978, assassiné lors d’un attentat : l’explosion de sa voiture.
« Et c’est donc par le plus grand des hasards » aurait dit Emmanuel Macron, si l’attentat en question avait eu lieu à Annecy (et au couteau) et non pas à Ajaccio. Ne peut-on qualifier ce fait divers de crime d’état, car justement, en l’état, c’est une affaire non résolue ? En tout cas, pour le grand public. Le ministère public, lui, toutefois, connaît très certainement le fin mot de l’histoire.
Jean-Marie Le Pen, lui, s’est montré catégorique : le coupable, c’est forcément l’extrême gauche.
Alors, certains voient en cela, une occurrence qui confirme que cet adage fait « fureur » chez les membres de la caste au pouvoir : « C’est la poule qui chante qui a fait l’œuf. »
Pourquoi ? Parce que, d’un côté, donc, Jean-Marie Le Pen a évincé du parti (ou en a fermé la porte) tous ceux qui argumentaient, en off ou publiquement (ce qui était permis avant la loi Gayssot), l’instrumentalisation de la Shoah aux fins politiques que j’ai évoquée plus haut, et, d’un autre côté, c’est par les sorties médiatiques « Durafour crématoire » et « La Shoah est un détail de l’Histoire » que Jean-Marie Le Pen s’est sabordé, institutionnellement parlant.
Les réactions à son décès faites par les acteurs principaux actuels de cette gigantesque pièce de théâtre qu’est la politique française, vont parfaitement dans ce sens.
Ainsi, une possibilité semble devoir ne pas être écartée, si on veut pouvoir affirmer valablement qu’on a fait le tour des éléments « hors bilan » de Jean-Marie Le Pen. Ne serait-il pas, sinon évident, du moins plausible, que, contrairement à ce que j’ai laissé entendre ici, en faisant état de son côté hors bilan, Jean-Marie Le Pen a été, non pas un faux patriote, mais un vrai patriote. Un patriote grandiose, d’accord, mais attention ! Pas au bénéfice de « la cause » de la France et des Français. Non. Au bénéfice de la cause de tous les problèmes de la France et des Français. Celle de la caste parasite autoproclamée « La France d’en haut. » Cette organisation dont les membres conchient, exploitent et asservissent un peuple de France qu’ils dénomment de manière méprisante « La France d’en bas », et qui font châtier très sévèrement les braves gens qui essaient de s’extirper de ce carcan. Dans un bilan, on place en haut les actifs et en bas les dettes, et c’est bien la France d’en bas qui porte la dette que les actifs au pouvoir nous grèvent sans limites comptables ni contrôles.
Si l’appartenance de Jean-Marie Le Pen à cette caste parasite est bel et bien la réalité, elle l’est donc au même titre que celle de tous les membres du paysage politique français. En choisissant de se réjouir en un apéritif géant de la disparition de Jean-Marie Le Pen, on ne peut que déplorer le manque de respect et de bienséance à l’égard d’une personne qui vient de décéder de la part des organisateurs gauchistes. Cependant, c’est probablement sans le savoir qu’ils ont eu raison de l’organiser Place de la République.
Et oui ! « La République » est précisément la dénomination constitutionnelle de cette caste parasite.
Voilà.
Enfin, histoire dirais-je de conclure cet édito « en conformité » avec l’image publique que le défunt du jour s’est employé à laisser, de provocateur adepte du clin « d’œil » adressé à ses détracteurs, Jean-Marie Le Pen aurait-il fait exprès de mourir le 7 janvier 2025, à savoir dix ans pile après l’attentat de Charlie Hebdo, l’hebdomadaire dit « satirique » qui l’a tant raillé ? Adversaires acharnés qu’ils furent, lui et Cabu, Honoré, Tignous, Wolenski et Charb (les dessinateurs de Charlie Hebdo assassinés par les frères Kouachi), les voilà désormais unis, comme tous les décédés, pour l’éternité.
R.I.P.