Primé à la 77ème édition du Festival de Cannes, « Emilia Pérez » de Jacques Audiard est le grand vainqueur de la cérémonie. Cette odyssée musicale, qui raconte la transition de genre d’un narcotrafiquant mexicain, remporte quatre trophées. Notre analyse sur un succès hors normes.
Récompensé au Festival de Cannes par le Prix du jury et le Prix d’interprétation féminine, diffusé sur Netflix, le film « Emilia Pérez » de Jacques Audiard comptait 10 nominations pour les Golden Globes 2025.
Il a fait honneur à son statut de favori en remportant le nombre record de quatre trophées lors de la 82ème cérémonie des Golden Globes, ce dimanche 5 janvier, à Beverly Hills en Californie.
« Emila Pérez » a obtenu la récompense de meilleure comédie musicale ( pour nous il s’agit plutôt d’un drame en musique!) pour son odyssée au Mexique racontant l’histoire d’un narcotrafiquant qui change de sexe et veut faire le bien auprès des familles victimes des cartels de la drogue.
Il a ainsi écrasé la palme d’or Anora du 77ème Festival de Cannes, le film de Sean Baker, reparti bredouille. Ce qui ne nous a pas étonnés, car Anora a plutôt été boudé depuis sa sortie dans les salles de cinéma.
Le film de Jacques Audiard a également raflé le prix du meilleur film international, celui du meilleur second rôle féminin pour Zoe Saldana, et celui de la meilleure chanson pour les artistes français Camille et Clément Ducol, compositeurs de la bande originale.
En faisant le plein de statuettes, « Emilia Pérez » confirme ses chances pour la cérémonie des Oscars dans à peine deux mois. C’est le candidat de la France à l’Oscar du meilleur film international. A noter que cette fiction a été principalement tournée dans les studios de Bry-sur-Marne près de Paris. Question d’économies pour Jacques Audiard et la démonstration que le cinéma français peut faire aussi bien sans les studios d’Hollywood !
Transition de genre et changement de vie : pour le meilleur et pour le pire
« Emilia Pérez » est une fiction fort originale dont les critiques, selon nous, n’ont pas suffisamment insisté sur la fin tragique. Manitas del Monte change de genre, et revient, sous l’identité de « tante Emi ». Celle-ci vient vivre auprès de ses deux enfants dont elle ne peut se passer. Son ex-femme, qui ne l’a pas reconnu, veut refaire sa vie avec l’homme qu’elle aime. Cela finit très mal : les gamins se retrouvent orphelins.
La morale de l’histoire ? Si un adulte désire changer de sexe (et de vie), les conséquences peuvent être dramatiques pour sa famille, son entourage… et lui-même.
On peut regretter que l’actrice espagnole transgenre Karla Sofia Gascon n’ait pas évoqué les possibles tragédies lors des changements d’identité à l’occasion de ses déclarations. Il faut être sacrément « costaud » pour une telle aventure ! La comédienne a préféré insister sur la stigmatisation des personnes transgenres dans nos sociétés.
Elle est la première personne trans à avoir reçu un prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes en 2024 et cela a soulevé quelques tempêtes.
Agée de 52 ans, elle-même a commencé « sa transition de genre » à l’âge de 46 ans. Elle la raconte dans son autobiographie intitulée « Karsia, une histoire extraordinaire ». Ce changement de sexe semble plutôt bien lui réussir, au contraire de son héroïne Emilia : Karla est mariée (toujours avec sa femme rencontrée à 19 ans), a une fille de 13 ans et exerce avec succès son métier d’actrice.
Demi Moore sacrée meilleure actrice dans « The Substance »
Récompensée à Cannes, Karla Sofia Gascon n’a pas eu le même succès auprès des gens du cinéma à Hollywood. Elle s’est inclinée devant Demi Moore qui a remporté le prix de la meilleure actrice pour son rôle dans « The Substance ».
Ames sensibles s’abstenir. Dans cette fable horrifique de la cinéaste française Caroline Fargeat, qui ne lésine pas sur le gore, l’actrice de 62 ans incarne une ancienne gloire d’Hollywood accro à un sérum de jouvence.
Demi Moore a avoué avoir elle-même eu peur de devenir une actrice vieillissante et a remercié la Française pour « ce script magique, audacieux, courageux, hors des sentiers battus, complètement fou », qui lui permet d’être enfin reconnue lors d’une cérémonie majeure.
« Je suis en état de choc », a insisté la comédienne. « Je fais ce métier depuis longtemps, depuis plus de 45 ans, et c’est la première fois que je gagne quelque chose en tant qu’actrice. »
« The Brutalist », un futur grand classique du cinéma américain
« The Brutalist », autre grand vainqueur des Golden Globes, a remporté un tiercé très prestigieux : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur pour Brady Corbet – qui devance dans cette catégorie Jacques Audiard – et meilleur acteur pour Adrien Brody.
Brady Corbet avait déjà remporté le lion d’argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise 2024.
Ce film fleuve de 3h30 raconte l’histoire d’un juif rescapé d’un camp de concentration, qui émigre aux Etats-Unis avec son épouse après la seconde guerre mondiale. Il veut connaître le rêve américain.
Salué comme un chef d’œuvre et déjà élevé par la critique au rang de grands classiques comme « Le Parrain », il confirme son statut de poids lourd pour les Oscars. Rendez-vous le 3 mars 2025 pour connaître le verdict de la 97ème Cérémonie des Oscars du cinéma.
Voici le palmarès complet des vainqueurs des Films
Meilleur film dramatique :The Brutalist
Meilleur film de comédie ou comédie musicale : Emilia Pérez
Meilleure actrice dans un film dramatique :Fernanda Torres, I’m Still Here
Meilleur acteur dans un film dramatique : Adrien Brody, The Brutalist
Meilleure actrice dans une comédie ou une comédie musicale :Demi Moore, The Substance
Meilleur acteur dans une comédie ou une comédie musicale :Sebastian Stan, A Different Man
Meilleur acteur dans un second rôle : Kieran Culkin, A Real Pain
Meilleure actrice dans un second rôle : Zoe Saldaña, Emilia Pérez
Meilleur réalisateur :Brady Corbet, The Brutalist
Meilleure chanson originale :El Mal – Emilia Pérez
Meilleure musique de film :Challengers
Meilleur scénario :Conclave
Meilleur film étranger : Emilia Pérez
Meilleure performance au box-office : Wicked