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Les voix des ruines, par Philippe Pataud Célérier (Le Monde diplomatique, juin 2024)

ByVeritatis

Mai 30, 2024


Alain Schnapp, archéologue, historien de l’art, auteur d’Une histoire universelle des ruines (Seuil, 2020), et Sylvie Ramon, directrice du musée des Beaux-Arts de Lyon, questionnent les rapports qu’entretiennent les civilisations avec les ruines (1). Ils ont sélectionné trois cents œuvres pour leur grande diversité : de médium (fragments, fresques, stèles, peintures, maquettes…), d’aire culturelle (cinq continents) et d’époque (de la préhistoire à nos jours). Pour Schnapp, la ruine est « davantage une notion qu’un concept », à observer par l’intermédiaire des « espaces de tensions » dans lesquels elle gravite. Il les décline en plusieurs binômes : mémoire et oubli, nature et culture, présent et futur. Pour le dernier, matériel et immatériel, ­Schnapp montre qu’au-delà de sa seule matérialité l’objet « ruine » est aussi façonné par notre imaginaire, source de poétique introspective. La Vue de la Grande Galerie du Louvre en ruine (1796), peinte par Hubert Robert, est un emblème important de la « ruine romantique » : prise dans les rets de la nature, elle renvoie à notre finitude. Le présent interpelle l’avenir avec effroi : la maquette Voici mon cœur ! (2018-2022), de Khaled Dawaa, pétrifie dans une poussière noire le quartier de la Ghouta, à Damas, bombardé au gaz sarin par le régime du président syrien Bachar Al-Assad en 2013.



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