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La France craint une campagne de sabotages pilotée par la Russie

ByVeritatis

Juin 8, 2024


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Dans la soirée du lundi 3 juin, les sapeurs-pompiers interviennent dans un hôtel à Roissy-en-France, dans le Val-d’Oise. Un client de l’hôtel souffre « de brûlures importantes à la suite d’une explosion », a expliqué le Parquet national antiterroriste (Pnat) dans un communiqué. Dans la chambre qu’il occupe sont découverts divers produits et matériels destinés à la fabrication d’engins explosifs. Un de ces dispositifs avait explosé et occasionné les blessures de l’individu, qui s’avère être âgé de 26 ans et avoir la double nationalité russe et ukrainienne. Né dans le Donbass, il aurait combattu au sein de l’armée russe pendant deux ans et est arrivé en France « il y a quelques jours ».

Informé des faits, le Pnat a ouvert une enquête. Une fois soigné, l’artificier malheureux est interrogé par la DGSI sous le régime de la garde à vue. Il a été mis en examen et écroué vendredi soir pour association de malfaiteurs terroriste et détention d’explosifs ou de substances destinés à composer un explosif, en relation avec une entreprise terroriste. Le Pnat a fait savoir dans un nouveau communiqué que les investigations vont désormais s’attacher à « déterminer les contours exacts de son projet et identifier les autres personnes pouvant être impliquées ».

Laurent Vinatier, un Français de 48 ans, a été interpellé à Moscou. Une « provocation » selon Emmanuel Macron. © NATALIA KOLESNIKOVA / AFP

Que faisait-il dans cette ville où se situe l’aéroport international Roissy-Charles-de-Gaulle ? La confection ou la manipulation des explosifs laisse entendre que ce Russo-Ukrainien préparait une action violente en France. Mais de quel type ? Le Journal du dimanche, qui a révélé l’information, affirme que le suspect confectionnait des engins explosifs « afin de détruire le matériel militaire français destiné à l’armée ukrainienne »

En attendant que l’information judiciaire réponde à ces questions, la réplique russe n’a pas tardé. Le lendemain de la médiatisation de l’interpellation du Russo-ukrainien, Laurent Vinatier, un Français de 48 ans, représentant d’une ONG suisse, a été interpellé à Moscou pour ne pas s’être déclaré « agent de l’étranger ». Les images de son interpellation sont diffusées dans la foulée et la Russie fait savoir qu’il est accusé d’avoir « recueilli des informations dans le domaine des activités militaires et militaro-techniques de la Fédération de Russie ». Le président de la République, Emmanuel Macron, a évoqué son cas lors de son intervention dans la soirée de jeudi à la télévision, l’inscrivant dans la droite ligne des « intoxications », « menaces » et « provocations » menées par le Kremlin contre la France.

Un projet d’attentat contre une usine d’armes pour l’Ukraine

Selon les informations de Mediapart, ce n’est pas la première fois que la Russie projette des actes de sabotage en France. Depuis le début de l’année, la DGSI s’est intéressée au moins au cas d’un propagandiste russe qui cherchait, avec insistance, à recruter des Français abonnés à sa chaîne Telegram. Il a été jusqu’à solliciter des sympathisants pour faire exploser une usine fournissant des armes à l’Ukraine. Il a aussi essayé de leur faire faire des repérages aux abords d’installations militaires françaises. 

Comme l’avait révélé l’AFP en février dernier, la DGSI a alerté, dans une note destinée aux forces de l’ordre et exceptionnellement déclassifiée, contre « les actions subversives » menées par « les services de renseignement russes » dans plusieurs pays européens. Dans cette note que Mediapart a pu consulter, le renseignement intérieur français précise qu’il « n’est pas exclu » que « des actions de nature violente » puissent être « commanditées ».

Le risque d’une vague d’attentats a été souligné par plusieurs services de renseignement européens, a révélé début mai le Financial Times. D’après le quotidien britannique, les services de quatre pays ont en effet récemment alerté leur gouvernement respectif du risque d’actes de sabotage « imminents » pilotés par la Russie, qui projette des attentats à la bombe et des incendies criminels dans plusieurs pays européens.

Un renseignement quasiment confirmé par… la Russie. Ce jeudi, lors d’une rencontre avec la presse organisée en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine a menacé les pays qui, comme la France, disent réfléchir au fait d’autoriser l’Ukraine à bombarder la Russie avec des missiles de longue portée. « Si quelqu’un considère possible de fournir de telles armes dans la zone de combats pour frapper notre territoire […], pourquoi n’aurions-nous pas le droit de fournir des armes du même type dans des régions du monde où seront frappées les installations sensibles des pays qui agissent ainsi contre la Russie ? », a ainsi fait mine d’interroger le dictateur russe.



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