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Quel avenir pour Gaza ?, par Gilbert Achcar (Le Monde diplomatique, juin 2024)

ByVeritatis

Juin 9, 2024


L’hypothèse d’une tutelle israélo-arabe

Leur volonté d’éradiquer le Hamas est répétée à l’envi, mais les dirigeants israéliens restent bien en peine d’indiquer quel sera l’avenir de l’enclave une fois les combats terminés. Si l’Égypte, les Émirats arabes unis et le Maroc pourraient fournir une force de maintien de la paix, une chose est certaine : Tel-Aviv n’a pas l’intention de laisser les coudées franches à l’Autorité palestinienne.

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Massinissa Selmani. – « Dans quel sens traverser les antipodes ? », 2018 (détail)

© ADAGP, Paris, 2024 – Photographie : Aurélien Molle – massinissa-selmani.com

Le 7 octobre 2023, la branche armée du Hamas menait l’opération la plus spectaculaire de son histoire en franchissant la barrière de sécurité qui enserre la bande de Gaza. Près de huit mois après le début des représailles lancées contre l’enclave palestinienne, l’usage de la « force disproportionnée » — la stratégie dissuasive mise en œuvre par les forces armées israéliennes pour la première fois au Liban en 2006 — a acquis une nouvelle dimension. Cette stratégie est plus connue sous le nom de « doctrine Dahiya », un terme qui signifie « banlieue » en arabe et sert, au Liban, de désignation commune pour la banlieue sud de Beyrouth dominée par le Hezbollah et détruite en grande partie par les bombardements israéliens en 2006. Elle fut énoncée publiquement en 2008 par l’actuel membre du cabinet de guerre formé le 11 octobre 2023, le général Gadi Eizenkot, qui était alors chef du commandement régional du Nord avant de devenir commandant en chef des forces armées israéliennes de 2015 à 2019. Selon la définition qu’a donnée le colonel de réserve Gabi Siboni, les forces armées israéliennes « devront agir immédiatement, de manière décisive et avec une force disproportionnée par rapport aux actions de l’ennemi et à la menace qu’il représente », de sorte à « infliger des dégâts et un châtiment d’une ampleur telle qu’elle exigera de longs et coûteux processus de reconstruction ».

Au vu de l’offensive israélienne en cours à Gaza, le qualificatif « disproportionnée » est presque devenu un euphémisme. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU, le bilan des hostilités entre Israël et Gaza depuis la prise de contrôle de l’enclave par le Hamas en 2007 et jusqu’au 7 octobre 2023 s’établissait à 6 898 morts palestiniens contre 326 israéliens, soit plus de 21 victimes palestiniennes pour chaque victime israélienne. L’opération menée par le Hamas a fait 1 143 victimes, dont 767 civils et 376 militaires et membres des forces de sécurité, selon les sources israéliennes. Hormis plus (…)

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Gilbert Achcar

Professeur à l’École des études orientales et africaines (SOAS) de l’université de Londres. Auteur du livre Les Arabes et la Shoah. La guerre israélo-arabe des récits, Sindbad/Actes Sud, Arles, 2009.



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