Des climatosceptiques étasuniens ont infiltré le Parlement européen


27 janvier 2025 à 15h46

Mis à jour le 27 janvier 2025 à 17h09

Durée de lecture : 3 minutes

La vague climatosceptique étasunienne est-elle en train de déferler sur l’Union européenne ? C’est la question que soulève une enquête du journal britannique The Guardian. Celui-ci a révélé le 22 janvier qu’un groupe de réflexion climatosceptique étasunien œuvrait, avec l’aide d’eurodéputés d’extrême droite, à démanteler les réglementations environnementales européennes.

Nommé le Heartland Institute, ce groupe d’influence a eu de nombreuses positions climatosceptiques. « [Il] a des liens avec l’administration Trump et a bénéficié de financements de la part d’entreprises comme ExxonMobil et de riches donateurs républicains américains », indique The Guardian. D’après le journal, les relations ont été établies il y a deux ans avec deux eurodéputés autrichiens du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), groupe d’extrême droite et antimigration.

Ils ont permis au président du Heartland Institute, James Taylor, d’être accueilli au Parlement européen. Là, il a notamment pu rencontrer « des hommes politiques hongrois pour discuter de la politique climatique et de la loi sur la restauration de la nature [visant à stopper l’effondrement de la biodiversité] », poursuit l’article. Cela a pu avoir des conséquences sur la position de la Hongrie : « Plus tard dans le mois, le vote de la loi a été retardé lorsque la Hongrie a retiré son soutien, mais le projet de loi a finalement été adopté. »

« Un négationnisme climatique décomplexé »

Cette ingérence « n’est pas une surprise », réagit auprès de Reporterre l’eurodéputée La France insoumise Manon Aubry. « On observe déjà des groupes d’influence d’extrême droite œuvrer par exemple sur la question de l’avortement. Cela s’étend à l’écologie. »

Ce cas est révélateur de la rapidité avec laquelle l’extrême droite climatosceptique est arrivée à percer au sein des institutions européennes. L’Institut Heartland profite « d’une période où le sentiment anticlimat de la droite augmente fortement », estime The Guardian. « Nous craignons de voir renaître un négationnisme climatique décomplexé », a réagi Kenneth Haar, du Corporate Europe Observatory, auprès du quotidien.

Depuis les élections de juin dernier, ayant abouti à un nouveau Parlement européen plus à droite, le terrain de jeu est encore plus favorable. « Au fur et à mesure que le nombre de députés d’extrême droite grandit, que la quantité d’États d’extrême droite augmente, le nombre de leurs relais aussi, constate Manon Aubry. Et leur impact sera plus grand du fait de la victoire de Trump. Ils pourront mettre la pression en disant : “Dérégulez ou l’on vous met des droits de douane.” »

Des effets déjà visibles

Pour l’eurodéputée, l’effet de cette offensive de dérégulation est déjà visible au niveau de la Commission européenne : « Les premiers textes qu’elle a proposés — le paquet dit “Omnibus” — visent à déréguler les normes écologiques et sociales sur les entreprises [1]. Elles venaient pourtant d’être adoptées sous le mandat précédent. Cette influence sur la Commission européenne et le Conseil européen, c’est nouveau. Avant, elle se limitait à quelques députés. »

Au niveau du Parlement européen, tout dépendra de l’attitude de la droite. « L’Institut Heartland est susceptible de devenir l’un de ceux qui aideront à créer une alliance politique étroite entre les conservateurs et l’extrême droite qui sera très destructrice » pour le climat, s’inquiétait auprès du Guardian Kenneth Haar, du Corporate Europe Observatory.

« Ensemble, droite et extrême droite ont la majorité, confirme Manon Aubry. Et le cordon sanitaire se défait à vitesse grand V. L’extrême droite a de plus en plus de responsabilités, la charge de plus en plus de rapports. Ils ont compris qu’ils pouvaient gagner. »

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