Un ravissement moderniste, par Hélène-Yvonne Meynaud (Le Monde diplomatique, juin 2023)


Le mouvement shin hanga (estampes modernes), qui prend la relève quand le succès des estampes japonaises traditionnelles (ukiyo-e) s’estompe à la fin du XIXe siècle, offre des scènes urbaines, des paysages de neige, des images d’acteurs de kabuki (théâtre traditionnel) d’une intense et délicate séduction (1). Ce sont plus de trois mille œuvres qui seront produites entre 1900 et 1960. La technique et les thèmes renouvellent la tradition, et la facture en est moderne, traduisant une certaine influence de l’art occidental comme l’apport de nouveaux pigments, couleurs plus vives grâce à un papier plus robuste. Un des éditeurs, Watanabe Shozaburo, est le maître d’œuvre de ce second souffle, qu’il impulse par ses commandes thématiques. L’impression passe de milliers d’exemplaires à de petites séries afin d’attirer les collectionneurs. En 1923, le tremblement de terre de Tokyo détruit son atelier et de nombreux autres, mais la production repart. Après avoir introduit à l’art des estampes, les auteurs de ce bel ouvrage présentent 350 reproductions par thème et par artiste. Plus d’estampes érotiques, mais des « belles femmes » et des « femmes modernes » saisies dans leurs gestes quotidiens — ce sont désormais des modèles qui posent. Le mouvement se poursuivra après 1945, mais sans éclat.

(1Catalogue d’une exposition au musée Art et Histoire de Bruxelles : Chris Uhlenbeck (sous la dir. de), Shin hanga. Les estampes modernes du Japon, 1900-1960, Hazan, Vanves, 2022, 223 pages, 35 euros.



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