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François Ruffin lance sa campagne sous le signe de l’apaisement


13 juin 2024 à 09h47
Mis à jour le 13 juin 2024 à 11h36

Durée de lecture : 4 minutes

Amiens (Picardie), reportage

« Vous allez être mes voix et mes visages pendant les jours à venir. Vous allez être à l’image de la gauche que l’on veut incarner : joyeuse et généreuse. » Face à une foule d’environ 400 personnes réunies dans les quartiers nord d’Amiens, François Ruffin a prodigué ses premiers conseils de campagne. Le 12 juin, il est parti en quête d’une réélection dans la première circonscription de la Somme. Et, malgré un Rassemblement national aux portes de Matignon, l’ex-député n’entendait pas le faire dans la morosité. « Même si l’heure est grave, je prends plaisir à être en campagne », a-t-il admis. Face aux tours HLM de ce quartier populaire, le Picard souhaite avant tout porter un discours qui rassure. Il le fait sentir en agrémentant sa prise de parole d’anecdotes chaleureuses.

« Les gens ont besoin de protection et de stabilité. Pourquoi ? Parce qu’en face, on a Macron qui instaure le désordre en remettant tout dans les mains du marché. Et qu’on a le RN, le déchirement national, qui propose de trier les gens selon leurs origines et leur couleur de peau », résume-t-il.

« Une gauche joyeuse et généreuse »

Le député est conscient de l’ampleur de la tâche à mener dans sa circonscription composée à la fois de quartiers populaires amiénois et de petits villages. Même s’il a été confortablement réélu en 2022 (61 % des suffrages exprimés au second tour) face à une candidate RN, rien n’est joué depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin. Projetés à l’échelle de sa circonscription, les résultats de l’élection européenne donnent l’extrême droite à 44 % (RN et Reconquête), quand le Front populaire (socialistes, communistes, écologistes et insoumis) n’est qu’à 21 %. « Bien sûr qu’il pourrait perdre », commente Franck, venu de la commune rurale de Bourdon pour soutenir François Ruffin.

« La force de Ruffin, c’est de battre la campagne à chaque élection. Il va voir les gens et parle avec eux. Ce n’est pas la même chose que pour les européennes, cette fois les électeurs votent pour quelqu’un qu’ils connaissent », soutient Sophie, enseignante à Flixecourt et sympathisante Picardie Debout.

Militants, syndicalistes, associatifs… Tous réunis contre le RN

Et puisqu’il faut « battre la campagne », les soutiens de Ruffin ne perdent pas de temps. À peine le discours du candidat terminé, un cortège bigarré se forme, batucada en tête, pour aller tracter en bas des immeubles. On y trouve des militants vêtus de noir, affichant une banderole « Amiens antifasciste », ainsi que des drapeaux de Solidaires, de la CGT et du parti du candidat à sa réélection : Picardie debout.

Les nuances d’appareil ont clairement été mises de côté pour faire barrage à l’extrême droite. Sur Amiens, le projet du Front populaire semble réussi. Les gauches sont réunies et elles embarquent avec elles le mouvement syndical et associatif, fort de ses militants de terrain et de leur présence dans les rues. Dans le quartier, l’accueil est bon, les habitants prennent les tracts et posent des questions. « On est vraiment dans la merde si c’est l’autre qui gagne et qu’on est étranger ? », questionne un jeune. « Oui », acquiesce Arnaud, en lui tendant une pile de brochures.

Franck, Sophie et Thierry sont venus de la campagne picarde pour soutenir François Ruffin.
© Guillaume Bernard / Reporterre

Pendant ce temps, François Ruffin est déjà en direct sur BFM TV. Devenu, depuis le 9 juin, « capitaine » du Front populaire, son statut ne lui laisse plus le temps de mener le cortège et de s’adresser aux habitants par la fenêtre avec son mégaphone, comme il avait pris l’habitude de le faire pendant ses précédentes campagnes.

Malgré tout, il essaie un temps d’écarter l’actualité politique nationale pour s’adresser à ses électeurs picards. Aux journalistes qui lui demandent déjà s’il se voit Premier ministre, il répond par une métaphore footballistique : « Ce qui compte, c’est l’équipe, un match, ça se gagne à onze. » Et l’ex-député de proposer dans la foulée une mesure phare pour le Front populaire, à mettre en œuvre dès cet été : « L’école vraiment gratuite, gratuite sur les fournitures, sur le périscolaire, la cantine et les sorties. » Une proposition qui parle à la fois à « la France des tours et la France des bourgs », comme il aime à le dire.



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