• lun. Sep 30th, 2024

« La consommation en métaux des Européens génère des massacres »



14 juin 2024 à 14h59
Mis à jour le 14 juin 2024 à 17h58

Durée de lecture : 6 minutes

Génération lumière est une association écologique et de solidarité internationale née il y a sept ans.


Du 22 juin au 16 juillet, nous marcherons de Besançon au Parlement européen, à Strasbourg, pour porter la voix de la République démocratique du Congo (RDC) et dénoncer les conséquences de la surconsommation de métaux par les grandes puissances.

La région du Kivu, à l’est du Congo, est en effet décimée depuis plus d’une vingtaine d’années : plus de 6 millions de morts, des viols systématiques de femmes et d’enfants, des millions de déplacés. Un massacre inouï qualifié de « génocide » par de nombreux observateurs, mais qui se déroule toujours à l’ombre de l’indignation internationale. Il est notamment le résultat de manœuvres entreprises par les industries des pays riches pour l’accès à des ressources minières essentielles à la transition dite écologique : financement direct ou indirect des bandes armées, corruption des dirigeants du pays.

Cobalt, cuivre, coltan, lithium, la RDC possède dans son sous-sol les minerais indispensables au soutien du modèle économique dominant, fondé sur la croissance exponentielle du numérique et de la consommation électrique : elle abrite entre autres pas loin de 80 % des réserves mondiales de coltan, un métal important pour l’industrie électronique, et l’une des plus grandes réserves de lithium au monde encore non exploitée, matériau indispensable à la fabrication des batteries de voitures électriques.

Lire aussi : La guerre des minerais, revers de la transition énergétique ?

Pour porter la voix de la RDC, victime de cette prédation coloniale, nous marcherons. Nous marcherons pour dénoncer l’industrie extractive qui pille ses ressources et empoisonne les terres, les eaux et le vivant avec ses produits et déchets toxiques. Les pertes subies par les citoyens de RDC sont irréversibles, en termes de vies humaines et de « patrimoine » naturel. De surcroît, à une telle échelle, cette dévastation minière a des impacts planétaires : 500 000 hectares de forêt disparaissent chaque année en RDC à son profit.

Tueries industrialisées

Nous marcherons pour construire un autre avenir que celui imposé par ces tueries industrialisées et cet écocide, en réclamant que tout acteur impliqué de quelque manière que ce soit cesse d’alimenter cette guerre, à commencer par l’Union européenne, qui a planifié une « transition énergétique » pétrie d’extractivisme colonial. Nous irons donc jusqu’au Parlement européen pour exiger qu’il se saisisse des résolutions suivantes :

  • revenir sur les lois concernant la mobilité, les énergies, l’électronique/le numérique, qui nécessitent plus de minerais que l’humanité n’en a jamais consommés, entraînant l’intensification de la guerre et la destruction du vivant en RDC et ailleurs ;
  • refondre les accords contestables « sur les chaînes de valeur durable pour les matières premières », avec notamment le régime rwandais, dont la responsabilité dans les guerres en RDC est à maintes reprises soulignée par l’ONU et par l’Union européenne elle-même ;
  • contraindre chaque secteur d’activité engagé dans la transition écologique à évincer tout produit qui n’aurait pas comme conséquence le « commun positif », autrement dit renoncer à l’extraction d’un minerai lorsque le processus de production n’est ni sobre sur le plan environnemental, ni respectueux des droits humains, ici ou en dehors de l’Union européenne ;
  • hâter l’existence du droit à réparer, avec l’instauration d’un indice minimal de réparabilité et de durabilité et des endroits communs de réappropriation, de réparation et de sociabilité — par exemple « les repair cafés ». Cela permettra de faire drastiquement baisser la consommation de nouveaux appareils électriques et électroniques ;
  • en finir avec les accords commerciaux coloniaux qui conduisent à la destruction du vivant dans son ensemble, l’humain inclus, comme les « partenariats stratégiques pour les matières premières critiques » conclus depuis 2021 entre la Commission européenne et le Kazakhstan, la Namibie, la RDC, la Zambie, le Chili, le Groenland, le Rwanda, etc.

« Les pertes subies par les citoyens de RDC sont irréversibles, en termes de vies humaines et de patrimoine naturel. »
Flickr/CC BYNC 2.0/Responsible Sourcing Network

Nous marcherons pour rassembler les diasporas africaines, les citoyens européens, les camarades engagés pour la justice et l’environnement, et nous lever aujourd’hui pour une cause qui transcende les frontières et les différences : la lutte contre la surconsommation de métaux et l’extractivisme qu’elle engendre, ici et ailleurs.

Cette transition passera enfin par la reconnaissance de l’ampleur des crimes commis en RDC et dans le monde, qu’ils relèvent d’un génocide ou de tout autre massacre caractérisé, et l’attribution d’une compensation pour les victimes de ces guerres et la destruction des écosystèmes, à la charge des entreprises et des acteurs qui s’en sont rendus coupables directement ou indirectement.

Pour les Lyonnais, rendez-vous le 22 juin, à 10 heures, place Bellecour pour lancer la marche, qui démarrera officiellement l’après-midi à Besançon pour rejoindre le Parlement européen de Strasbourg, le 16 juillet. Elle sera ponctuée de conférences, de spectacles et de concerts et insufflera un nouvel élan à la transition écologique. Car celle-ci ne deviendra noble qu’en provoquant un changement radical de paradigme, vers un monde où l’écologie, la justice sociale et l’abolition des rapports coloniaux ne feront qu’un.

Vous pouvez signer la tribune ici.


Adéquations

Alpha Lutumba, étudiante

Attac France

Balume Diem, technicien informatique

Bassinot Simone, médecin retraité

Bx Emma

Chaudron des alternatives

Congolese Youth plateform France

Dona Hermine, étudiante

Dynamique de Jeunes pour la paix et le développement (DJPD), coordonnateur

Fischer Maryse, militante pour les droits humains

Gabrei

Gabriel Montel, accompagnant éducatif

Gonin, étudiante

Hamel Danielle, retraitée

Hani Amina, étudiante

Joyeux Benjamin, conseiller régional Aura et coordinateur Jai Jagat, à Genève

Jutier Johan, animateur socio-culturel

Lalu Sébastien, entrepreneur activiste militant

Laurence Meyer / Weaving Liberation

Le Mouton numérique

Malcom Ferdinand, chercheur

Marie Rougieux, étudiante

Marš sa Drine, Serbia

Matthieu Amiech, écran total / éditions La Lenteur

Mayemba Lea, auxiliaire de vie à domicile

Moïse Mastaki, fondateur de Congo Telema

Montegu Louise, étudiante

Mure Sylviane, milieu associatif

Oriane Saint-Cyr

Point De M.I.R

Pol, étudiant universitaire

Poupeau Chanel, étudiante en marketing

Rébécca Rogly, coprésidente de l’observatoire Terre Monde

Survie

Systex

Zoé Berger, étudiante



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