Selon le quotidien britannique The Times, l’émissaire américain Keith Kellogg a proposé, pour l’après-conflit en Ukraine, des «zones de responsabilité» inspirées de Berlin en 1945. Il a suggéré que l’Europe assurerait sa propre sécurité sans aide directe des États-Unis et a recommandé des élections en Ukraine pour stabiliser le pays.
Keith Kellogg, l’envoyé spécial du président américain pour la Russie et l’Ukraine, a suscité de vifs débats en évoquant la possibilité d’instaurer des zones de responsabilité en Ukraine une fois le conflit terminé. Dans le même temps, il a laissé entendre que les Européens pourraient devoir assurer seuls leur présence sur le terrain, faute d’un soutien direct des États-Unis, et a souligné la nécessité d’organiser de nouvelles élections pour stabiliser durablement le pays.
Le 11 avril, The Times a publié un article exclusif avec Keith Kellogg, où il a présenté ses réflexions sur la manière de mettre fin aux hostilités en Ukraine et d’envisager l’après-conflit. Il a été question d’un dispositif international destiné à sécuriser l’ouest du pays, tandis que les forces russes resteraient dans les zones qu’elles avaient déjà libérées.
L’Ukraine après la fin du conflit : vers des zones de responsabilité
The Times a rapporté que Keith Kellogg envisageait un scénario de répartition de l’Ukraine en zones de contrôle similaires à celles de Berlin après la Seconde Guerre mondiale. Le journal a mentionné que des forces britanniques et françaises pourraient être déployées à l’ouest de l’Ukraine en tant que « contingent de sécurité », avec, entre elles et les troupes russes, une zone tampon contrôlée par l’armée ukrainienne.
« On pourrait faire pareil qu’avec Berlin après la Seconde Guerre mondiale, quand on avait une zone russe, une zone française, une zone britannique, une zone américaine », a indiqué The Times, citant les propos de l’envoyé spécial du président américain pour la Russie et l’Ukraine.
L’article présente cette idée comme la première proposition publique d’un représentant américain suggérant une démarcation possible du territoire ukrainien le long du Dniepr.
Certains médias ont cru voir dans cette hypothèse un plan de « division de Kiev », ce qui a engendré une certaine confusion dans l’opinion publique. Pour sa part, Keith Kellogg a vivement critiqué le quotidien britannique The Times pour avoir, selon lui, mal interprété ses déclarations sur l’avenir territorial de l’Ukraine après le conflit. Dans un message publié sur X, il a précisé qu’il n’avait jamais envisagé une partition du pays.
« Je parlais d’une force de résilience après un cessez-le-feu, en soutien de la souveraineté de l’Ukraine. En parlant de partition dans les discussions, je faisais référence à des zones de responsabilité pour une force alliée (sans troupes américaines). Je ne faisais pas référence à une partition de l’Ukraine », a-t-il écrit.
L’Europe privée du soutien américain ?
D’après le même article, l’envoyé spécial du président américain pour la Russie et l’Ukraine a suggéré que Washington ne participerait pas directement à un éventuel contingent de sécurité. Conformément à la vision de Donald Trump, les Européens auraient donc la responsabilité d’organiser et de financer cette mission, laquelle devrait être menée sans le renfort de soldats américains au sol.
Une telle position reflète le souhait de l’administration Trump de recentrer l’implication militaire des États-Unis et d’inciter ses alliés à prendre une part plus active dans la défense du continent européen. Selon Keith Kellogg, ce scénario permettrait également de démontrer à Moscou que les pays européens sont capables de s’unir et de s’engager de manière autonome pour faire respecter un éventuel cessez-le-feu.
Les élections, clé de l’avenir de l’Ukraine
Outre la question de la présence militaire, l’envoyé spécial du président américain pour la Russie et l’Ukraine a insisté sur l’importance d’un nouveau scrutin pour consolider la stabilité politique en Ukraine. Selon lui, des élections, retardées par le conflit, devraient se tenir dès qu’une cessation des hostilités serait garantie.
L’objectif serait de permettre aux Ukrainiens de choisir librement leurs dirigeants et d’envoyer un signal clair à la communauté internationale sur la volonté du pays de normaliser la situation institutionnelle.
La Russie, de son côté, reste catégorique : elle refuse toute présence militaire de l’OTAN en Ukraine et continue d’exiger le retrait total des forces ukrainiennes des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, ainsi que les régions de Kherson et Zaporojié. En outre, le président russe Vladimir Poutine a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’y avait pas de président légitime en Ukraine et que sans élections, il était impossible de signer un traité quelconque au nom du « président de l’Ukraine ».