L’arnaque de la déclassification. Et si le secret défense n’était qu’une couverture bien huilée ?


Dans un monde où la transparence devrait être la règle, certains dirigeants jouent la carte du « secret défense » ou « la raison d’État » comme le « joker juridique » (« l’Excuse » au tarot) pour dissimuler des vérités dérangeantes. Un tour de passe-passe de plus dans ce jeu de bonneteau politique général. Ces outils, censés protéger la nation, ne servent-ils pas trop souvent à camoufler les erreurs – ou pire, les scandales – des puissants ? Posons-nous la question : le secret défense est-il au service du peuple ou d’une élite cherchant à échapper à ses responsabilités ?
 

Quand la déclassification devient un spectacle

Prenons l’exemple récent de Donald Trump. Le 10 octobre 2024, il a annoncé sur X la déclassification de documents liés aux assassinats de John F. Kennedy (JFK), Robert Kennedy (RFK) et Martin Luther King Jr., promettant de révéler des vérités longtemps cachées. Avec des délais précis – 15 jours pour certains documents, 45 pour d’autres –, Trump a transformé cette initiative en un véritable show à l’américaine, sa spécialité.

Bref, il habille une opération de communication en preuves irréfutables, de façon à ce que la vérité « vraie », elle, ne puisse plus avoir cours. Pour que, définitivement, elle ne puisse plus être accessible aux masses ? L’immense majorité des gens, qui, hélas, victimes de cette supercherie, seront persuadés que c’est bien « ça » la vérité. La preuve ! Il s’agit d’informations déclassifiées. Eh oui ! Le génie de la manipulation s’opère ainsi dans l’esprit des personnes influençables :

« Si ces informations n’étaient pas authentiques, elles n’auraient pas été classifiées. »

Et il s’opère, ce génie de la manipulation, alors que tout individu un tant soit peu doué de raison devrait plutôt réagir de la sorte :

« Vous nous avez menti pendant 50 ans, en nous vendant une version officielle fausse comme étant la vérité, et aujourd’hui que vous nous vendez une version officielle différente, il faudrait qu’on vous crût sur parole. Que cette fois-ci c’est la vérité : c’est sûr ! La preuve : il s’agit d’informations déclassifiées. Hé ! Vous nous prenez vraiment pour des jambons ! »

 

Mais quelle est l’intention réelle ?

Selon des observateurs comme l’historien américain Larry Sabato, cette déclassification pourrait révéler des détails sur les enquêtes du FBI ou de la CIA, mais les documents les plus sensibles restent souvent partiellement censurés pour des raisons de sécurité nationale. Depuis la loi JFK Records Act de 1992, environ 88 % des archives JFK ont déjà été publiées, sans révélations bouleversantes. Dès lors, cette opération ne risque-t-elle pas de se limiter à un effet d’annonce, où des documents soigneusement sélectionnés servant à entretenir le mythe d’une « vérité cachée » sans jamais la dévoiler pleinement ?

Sur X, les réactions à cette annonce sont partagées. Des comptes comme @TribunePop23 saluent un « acte historique » pour exposer les dérives de « l’État profond », tandis que @camille_moscow reste sceptique : « Encore du buzz, mais où sont les documents non caviardés ? » D’autres utilisateurs, comme @sylviamiami1776, parlent d’une « transparence historique », mais les hashtags #JFKFiles ou #DeclassifyJFK révèlent une polarisation entre espoirs de révélation et doutes sur la sincérité de l’opération. Cette division montre que la déclassification, loin d’unifier, alimente les spéculations.
 

Le secret défense protège-t-il vraiment la nation ou sert-il à dissimuler des scandales d’État ?

Le problème dépasse le cas américain, et la stratégie ne s’arrête pas à la simple manipulation des dates et des délais. Le problème fondamental réside dans le fait que le « secret défense » se trouve détourné de sa vocation initiale. Dans un État qui se veut démocratique, l’utilisation abusive de cet outil juridique permet aux élites de se protéger, à savoir en légitimant leurs mensonges par des prétextes inviolables.

En France, le secret défense, régi par le Code de la défense (articles L2311-1 et suivants), est censé protéger les intérêts stratégiques. Mais son usage soulève des questions troublantes.

  • L’incendie de Notre-Dame en 2019, en est un exemple. L’enquête judiciaire, toujours en cours, privilégie la piste accidentelle (court-circuit électrique), selon les rapports publics du parquet de Paris. Pourtant, des rumeurs persistantes évoquent une classification de certains documents sous secret défense. Cette décision, si elle est avérée, aurait-elle pour but de protéger l’image d’Emmanuel Macron face aux critiques sur la gestion de la crise, plutôt que des enjeux de sécurité nationale ?

    Aucune preuve officielle ne confirme cette hypothèse, mais l’opacité entourant l’affaire alimente la méfiance. De plus, la mort suspecte du général Jean-Louis Georgelin, chargé de superviser la reconstruction et décédé en 2023 dans un accident de randonnée, n’a-t-elle pas ajouté au climat de doute autour de cette affaire ? Comme le souligne le journaliste Edwy Plenel, « le secret défense, quand il est mal utilisé, devient un outil de défiance démocratique ».

    Les discussions sur Notre-Dame restent vives, avec des comptes comme @VeriteND2019 relayant des théories sur une dissimulation étatique, tandis que d’autres, comme @ParisienSceptique, appellent à se fier aux rapports officiels. Cette méfiance reflète un sentiment plus large d’opacité.
     

  • Les informations sur la Covid-19 posent un autre problème. En France, certaines délibérations du Conseil scientifique et les contrats d’achat de vaccins sont classés ou partiellement confidentiels, officiellement pour des raisons commerciales ou diplomatiques. La Cour des comptes européenne a critiqué en 2022, l’opacité des négociations UE-Pfizer, révélant des contrats de plusieurs milliards d’euros avec des clauses floues. 
    Ce n’est qu’à travers les efforts de citoyens, comme ceux menés par Frédéric Baldan, que les contrats vaccinaux Pfizer ont été totalement obtenus, un combat que 69 % des Français jugent anormal, selon un sondage France-Soir/BonSens.org de mars 2025, qui montre également que 68 % exigent une évaluation indépendante des vaccins. 

    Mais est-ce une dissimulation de malversations, comme certains le prétendent, ou une protection légitime d’intérêts économiques ? L’absence de transparence totale laisse place aux doutes, surtout quand Pfizer a été condamné par le passé pour des pratiques frauduleuses dans d’autres contextes (par exemple, une amende de 2,3 milliards de dollars en 2009 aux États-Unis).

    L’opacité des contrats vaccinaux est un sujet brûlant. Des comptes comme @CitoyenLibre33 dénoncent un « scandale d’État », saluant les actions de Baldan, tandis que @SantePubliqueFR défend la confidentialité pour des raisons économiques. Les hashtags #PfizerGate et #VaccinsTransparence montrent une colère citoyenne face à ce que beaucoup perçoivent comme un manque de responsabilité, surtout devant le fait que 9 %, soit quelque 4,5 millions de Français, déclarent avoir eu des effets secondaires de la vaccination covid qui a nécessité la consultation d’un médecin.
     

  • L’affaire Nestlé Waters illustre également cette opacité. En 2024, une commission d’enquête sénatoriale sur l’exploitation des eaux souterraines par Nestlé Waters a révélé des pratiques potentiellement illégales, mais Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée jusqu’en avril 2025, a refusé de comparaître, invoquant son rôle exécutif (France-Soir). Ce refus, perçu comme un obstacle à la vérité sur d’éventuelles complicités étatiques, ne fait-il pas écho à une culture du secret qui protège les élites plutôt que l’intérêt public ?

    L’affaire Nestlé Waters suscite l’indignation, avec des utilisateurs comme @EcoCitoyen75 accusant l’État de « vendre les ressources naturelles aux multinationales », tandis que d’autres, comme @Pragmatique92, demandent des preuves avant de juger. Le refus de Kohler est souvent cité comme un symbole d’impunité.

Cette tendance à esquiver la transparence n’est pas isolée. Des figures comme Olivier Véran, ex-ministre de la Santé, critiqué pour son rôle dans la gestion opaque des contrats vaccinaux, Aurélien Rousseau, accusé d’avoir minimisé les débats sur les effets secondaires, Alexis Kohler, déjà cité, et Agnès Ratignier-Carbonneil, directrice de l’EMA, souvent pointée pour son manque de clarté sur les données vaccinales, ont évité de répondre pleinement aux demandes de transparence. Plus largement, le gouvernement Macron est jonché de procédures juridiques – enquêtes sur les contrats Pfizer, plaintes pour favoritisme ou conflits d’intérêt, comme celles visant McKinsey ou les contrats vaccinaux – qui renforcent l’impression d’une élite protégée par l’opacité.

Contre-arguments : reconnaissons que le secret défense peut être justifié. Protéger des sources de renseignement, des enquêtes en cours ou des technologies sensibles est essentiel pour la sécurité nationale. Par exemple, révéler des détails sur la cybersécurité française pourrait exposer le pays à des attaques. De même, dans des affaires comme Nestlé Waters, certains pourraient arguer que la confidentialité protège des négociations économiques sensibles. Cependant, lorsque le secret s’applique à des événements publics comme Notre-Dame, la covid-19 ou des enquêtes industrielles, sans justification claire, il devient suspect, surtout en période de crise de confiance.
 

Un passé révélateur

L’histoire offre des leçons. En France, l’affaire Ben Barka (1965), où un opposant marocain a disparu avec l’implication présumée des services français, a vu le secret défense bloquer la vérité pendant des décennies. Aux États-Unis, les Pentagon Papers (1971), déclassifiés par Daniel Ellsberg, ont révélé les mensonges sur la guerre du Vietnam, prouvant que la transparence peut servir l’intérêt public. Ces cas montrent que le secret peut être un outil d’impunité, mais aussi que sa levée, quand elle est sincère, renforce la démocratie.
 

Vers une transparence authentique

Face à ces dérives, il est urgent de repenser le secret défense et d’abolir la raison d’État, concept flou qui, sans base légale claire, justifie trop souvent le silence. Cette urgence est d’autant plus criante que la confiance des Français envers leurs institutions s’effondre. Seuls 21 % des citoyens font confiance au gouvernement, et 75 % estiment que la corruption est répandue parmi les élites politiques. Cette défiance se traduit par des campagnes comme #StopCorruption ou #TransparenceMaintenant, où des utilisateurs comme @FranceLibre2025 appellent à des audits citoyens, tandis que d’autres, comme @RealisteParis, craignent une récupération populiste. 

Si nos dirigeants n’ont rien à cacher, pourquoi ne pas voter une loi limitant le secret défense aux informations strictement liées à la défense nationale (sécurité militaire, intégrité territoriale) ? Une commission indépendante, comme celle proposée par Transparency International, pourrait superviser les classifications et réduire les délais (actuellement jusqu’à 50 ans).

Quant aux assassinats ciblés, parfois justifiés à l’Élysée par « l’intérêt supérieur de l’État », ils posent un problème éthique et légal. L’assassinat est un crime puni de réclusion à perpétuité (article 221-1 du Code pénal). Même dans des cas historiques comme l’opération contre le terroriste Khaled Kelkal en 1995, les zones d’ombre sur l’autorisation étatique montrent la nécessité d’un contrôle démocratique strict.
 

Changer les règles du jeu

La déclassification, qu’elle soit signée par Trump ou imposée en France, reste un simulacre si elle sert à manipuler plutôt qu’à éclairer. Derrière les annonces spectaculaires se cache souvent une volonté de légitimer l’opacité, transformant des vérités partielles en dogmes intouchables.

Il est temps de briser ce cercle vicieux. La démocratie authentique exige que les citoyens aient accès aux informations sur les décisions prises en leur nom. Cela passe par une transparence totale sur les choix politiques et leurs conséquences, ainsi qu’un pouvoir responsable, où chaque dirigeant rend des comptes.

Exigeons une vérité accessible à tous, sans scellés ni faux-semblants, pour que la devise de la démocratie – « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » – ne soit plus un slogan, mais une réalité.





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