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Le néofascisme aux portes du pouvoir


30 juin 2024 à 21h11
Mis à jour le 30 juin 2024 à 22h05

Durée de lecture : 4 minutes

Le matraquage des droites contre la gauche, relayé sans nuance par les médias dominés par les milliardaires, aura pesé lourd : « Extrême gauche », « antisémitisme », « immigrationnisme », voire « volonté de La France insoumise de déconstruire notre civilisation » — selon le parti Les Républicains — ont été répétés à satiété… Certes, le sentiment chez de nombreux électeurs et électrices des campagnes et des petites villes d’être « les oubliés de la politique » a joué un rôle énorme dans la poussée du Rassemblement national (RN). Mais on ne pourra oublier que l’ensemble des forces de droite et du macronisme ont fait le choix de favoriser l’extrême droite plutôt que de laisser la gauche unie, et son projet de justice sociale et d’écologie, progresser fortement.

12 millions d’électeurs ont voté pour le RN, contre 4,2 millions en 2022 lors du premier tour de la présidentielle.
Capture d’écran / France 2

Les premiers résultats sont là : le RN recueillerait 34 % des voix lors du premier tour des élections législatives du dimanche 30 juin, le Nouveau Front populaire (NFP) 28 %, et Ensemble, le parti de la majorité présidentielle, 20 %. C’est évidemment une déception pour l’alliance de la gauche et des écologistes. Et que l’on ressentait au QG de La France insoumise à Paris. C’est un silence qui y a accueilli l’annonce des résultats. Dans les locaux de La Faïencerie (10e arrondissement), seuls quelques cadres du parti et une poignée de militants ont fait le déplacement — le reste étant resté dans leurs circonscriptions respectives.

Jordan Bardella entrevoit clairement la victoire

Après l’étourdissement des premiers instants, rapidement, l’optimisme a repris le dessus. « Ce ne sont que des estimations, on va gagner quelques points tout au long de la soirée », estime Bastien Lachaud, député sortant de Seine-Saint-Denis. « On sera au-delà de 30 % à la fin de la soirée. C’est un tiers du pays ! » Selon lui, ces premiers résultats révèlent surtout « un rejet du macronisme ». Jean-Luc Mélenchon, figure de La France insoumise, a appelé — sous les applaudissements et les « bravos » des militants — à ce que les candidats du NFP retirent leur candidature, dans les cas où ils sont arrivés troisièmes dans des circonscriptions où le RN est en tête. C’est également la position de Marine Tondelier qui a appelé à la « construction d’un nouveau front républicain », « un front contre le climatoscepticisme, contre la haine, contre la violence, et contre la ségrégation. Le front de celles et ceux qui veulent qu’on vive en France, comme ailleurs, côte à côté, et non face à face. » Elle a ajouté : « J’ai une pensée particulière pour les 3,3 millions de Français binationaux, pour les 50 % de femmes de ce pays, pour les personnes racisées dont je partage l’inquiétude, pour les personnes LGBT [..], on va se battre. »

À 21 h 30, des milliers de personnes étaient réunies place de la République à Paris, à l’appel des partis du Nouveau Front populaire.
© NnoMan Cadoret / Reporterre

Tous les responsables politiques de la gauche et des écologistes qui se sont exprimés avant 21 heures l’ont assuré : ils appellent à un désistement pour empêcher la majorité absolue du Rassemblement national. Les Républicains, Horizons et plusieurs figures du macronisme — comme la ministre chargée de l’égalité femmes-hommes Aurore Bergé — ont rejeté, eux, tout désistement automatique contre le RN au second tour.

Jordan Bardella entrevoit clairement cette victoire. Il a fait un discours de futur Premier ministre, affirmant qu’il « entend[ait] être le Premier ministre de tous les Français, à l’écoute de chacune et de chacun […] », un « Premier ministre de cohabitation, respectueux de la Constitution et de la fonction du président de la République, mais intransigeant sur la politique [qui sera mise] en œuvre au service de la France et au service des Français ».

Il est encore trop tôt pour regretter qu’après la magnifique surprise de l’union des gauches et des écologistes, la dynamique ait perdu de la force avec la dispute autour de l’investiture d’Alexis Corbière et d’autres députés LFI sortants. À court terme, il n’y a qu’une option : mettre toutes ses forces pour soutenir le Front populaire et empêcher un parti issu du fascisme et xénophobe d’accéder au pouvoir.


Quelques résultats marquants :

  • Député depuis 2017, le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a annoncé être éliminé dès le premier tour dans la 20e circonscription du Nord. Il a été largement battu par le candidat du Rassemblement national Guillaume Florquin.
  • François Ruffin, député sortant insoumis, est arrivé 2e derrière le RN dans la Somme.
  • Marine Le Pen, élue dès le premier tour dans le Pas-de-Calais, espère « une majorité absolue ».
  • Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a été élu au 1er tour. Le patron du PS, qui a été l’un des artisans du nouvel accord conclu entre les partis de gauche au sein du Nouveau Front populaire, était candidat à sa réélection dans la 11e circonscription de Seine-et-Marne dont il est le député depuis 2012.





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