Théoriquement, ça paraît simple : si vous pouvez remplacer un trajet en avion par un trajet en train qui dure moins de deux heures et demie, vous devez le faire. Mais il y a de nombreuses conditions qui rendent la pratique difficile à comprendre : le trajet en train doit desservir, sans changement, les mêmes villes que les aéroports concernés ; la liaison doit permettre plus de huit heures de présence sur place dans la journée, et ce toute l’année ; “les fréquences doivent être suffisantes et les horaires appropriés, compte tenu des besoins de transport des passagers empruntant cette liaison, notamment en matière de connectivité et d’intermodalité, ainsi que des reports de trafic qui seraient entraînés par l’interdiction” ; l’interdiction ne concerne pas les vols en correspondance.
Concrètement, les seules liaisons concernées sont Paris-Orly-Nantes, Orly-Lyon et Orly-Bordeaux.
Christine Arrighi, députée écologiste de Haute-Garonne, déplore les failles trop évidentes de l’interdiction : “On change d’aéroport, au lieu de partir d’Orly, on part de Roissy, et comme on part de Roissy, tout est permis (…) Ce décret vide complètement de son sens la loi Climat et résilience sur cet enjeu-là”.
Du côté du secteur aérien, c’est justement le côté écologique de la décision que l’on remet en question : “Nous contestons l’idée simpliste selon laquelle la réduction des émissions carbone pourrait s’obtenir pour partie par l’interdiction de liaisons aériennes”, a déclaré à l’AFP le président de l’Union des aéroports français (UAF), Thomas Juin. Il se moquait un peu : “On ne voit pas pour le moment en Europe d’autres pays se précipiter pour imposer ce type de mesures”.
La principale organisation de compagnies aériennes européennes, Airlines for Europe (A4E), a pour sa part critiqué les “interdictions symboliques” et appelé les gouvernements à soutenir des “solutions réelles et significatives” pour décarboner l’aviation. “La Commission européenne, dans sa propre évaluation des interdictions de vols en France, reconnaît qu’interdire ces trajets n’aura que des conséquences négligeables” sur l’atteinte des objectifs climatiques, a affirmé le directeur général par intérim d’A4E, Laurent Donceel. Il a par ailleurs rappelé que les compagnies aériennes s’étaient engagées à “zéro émission nette” de CO2 à l’horizon 2050, via notamment le recours à des carburants d’origine non fossile.
L’ONG Transport & Environment (T&E) avait également estimé en décembre que “l’interdiction des vols [courts] en France est une mesure symbolique qui n’aura malheureusement que très peu d’impact sur les émissions”.
En somme, une décision mi-figue mi-raisin qui semble ne ravir personne.