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Qui est Lucie Castets, la candidate de la gauche pour Matignon refusée par Macron ?


Plus personne n’y croyait. Pourtant, juste avant l’interview d’Emmanuel Macron au journal télévisé de France 2, le 23 juillet, les représentants du Nouveau Front populaire (NFP) se sont fendus d’un communiqué. La coalition de la gauche a soudainement annoncé s’être mise d’accord sur un nom de Première ministre : Lucie Castets.

« Validée au consensus de nos quatre formations politiques », a précisé la cheffe des Écologistes, Marine Tondelier, sur le réseau social X. Et de lancer, comme un défi : « Prochaine étape : Macron doit reconnaître le résultat des élections et la nommer. »

Las, à peine une heure et demie après cette annonce, Emmanuel Macron déclinait l’offre lors de sa première interview depuis le second tour des élections législatives. « Je suis prête, nous sommes prêts, je demande au président de la République de prendre ses responsabilités et de me nommer », a insisté sur France Inter Lucie Castets, mercredi 24 juillet.

Seize jours après les résultats des élections législatives anticipées, où le Nouveau Front populaire est arrivé en tête (sans toutefois réussir à obtenir de majorité absolue), la gauche réunie a enfin tranché. Les Écologistes, La France insoumise, le Parti communiste et le Parti socialiste ont choisi une personnalité inconnue du grand public, moins marquée politiquement qu’Huguette Bello (présidente du conseil régional de La Réunion) et Laurence Tubiana (directrice de la Fondation européenne pour le climat), dont les noms avaient créé la polémique au sein du NFP.

Une défenseuse des services publics

Le Nouveau Front populaire vante son profil de haute fonctionnaire, « animatrice de luttes associatives pour la défense et la promotion des services publics ». Lucie Castets, 37 ans, a en effet cofondé le collectif Nos services publics en 2021, dont elle est toujours l’une des trois porte-parole.

« Il manquait une entité qui prenne la parole de l’intérieur pour mettre en lumière les dysfonctionnements et faire des propositions », expliquait la Normande, originaire de Caen (Calvados) au journal L’Humanité en 2023. « Le service public va très mal. Il ne s’agit plus d’une lente dégradation, on arrive à un point de rupture. On ne peut pas traiter le service public comme on traite une entreprise », estimait-elle aussi, ajoutant que nous allons avoir « massivement besoin de l’État pour lutter contre le réchauffement climatique ».

Elle s’est aussi distinguée en novembre 2022, en reprochant publiquement à Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, sur le plateau de l’émission C ce soir (France 5), de ne pas créer suffisamment de postes liés à la transition écologique et énergétique.

Lucie Castets travaille actuellement à la Mairie de Paris, où elle est directrice des finances et des achats. Après avoir étudié sur les bancs de Sciences Po, de l’ENA et de la London School of Economics, cette économiste a d’abord exercé à la direction générale du Trésor et à la Banque mondiale, selon les informations de L’Humanité. Elle a notamment travaillé « à la répression de la fraude fiscale et de la criminalité financière », indique le Nouveau Front populaire.

Auprès de l’Agence France Presse, Lucie Castets a affirmé qu’elle souhaitait porter « l’abrogation de la réforme des retraites » — ce qui figurait en bonne place dans le programme commun du NFP. Sans perdre de temps, elle appelle également à une « grande réforme fiscale pour que chacun, individus et multinationales, paie sa juste part ». En outre, elle souhaite impulser une « amélioration du pouvoir d’achat » par la revalorisation des salaires et le relèvement des minimas sociaux.

Selon Macron, « personne n’a gagné » aux législatives

Durant la soirée du 23 juillet, les représentants du Nouveau Front populaire se sont donc succédé sur les plateaux télé pour demander à Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets Première ministre. Las, le président de la République ne l’a pas entendu de cette oreille.

Lors de son interview le même soir, le président de la République a enfin reconnu la défaite de la majorité sortante, estimant cependant que « personne n’a gagné » — quand bien même la coalition de gauche est arrivée en tête du scrutin. « Ce serait faux de dire que le Nouveau Front populaire a une majorité [à l’Assemblée] », a-t-il déclaré, soulignant que le député communiste André Chassaigne, qui avait été désigné candidat du NFP pour l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale, n’a pas été élu le 18 juillet.

Interrogé par les journalistes de France 2 sur la proposition Lucie Castets, Emmanuel Macron a répondu que « le sujet [n’était] pas là ». « Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique, a-t-il poursuivi. […] La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes, passer un budget et faire avancer le pays. »

Le président a donc préféré enjoindre les partis à « faire ce que toutes les démocraties européennes font », c’est-à-dire « savoir faire des compromis » pour « voter ensemble » et « essayer d’avancer ». À trois jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, Emmanuel Macron a affirmé qu’il ne nommera pas de Premier ou Première ministre avant la « mi-août », pour se « concentrer » jusque-là « sur les Jeux » et attendre « l’avancée de ces discussions ».

Macron fait du pied à l’extrême droite

Le président ne s’est pas contenté de nier le résultat de la gauche unie. Interrogé sur le fait que le Rassemblement national n’a obtenu aucun poste au sein du bureau de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron est allé jusqu’à estimer que « ce n’[était] pas une bonne chose », en prétendant que le Rassemblement national était « le premier parti à l’Assemblée » — quand bien même c’est la coalition des quatre partis de gauche qui est arrivée en tête. Au passage, il ne s’est pas empêché de critiquer les députés ayant refusé de serrer la main de membres du Rassemblement national, lors de l’élection au perchoir.

Continuant sur sa lancée de séduction de l’extrême droite, au moment de dérouler ses « priorités » pour le reste du mandat, Emmanuel Macron a déclaré vouloir « entendre ce que les Français nous ont dit sur [davantage] de fermeté, [davantage] de sécurité », reprenant ainsi les thèmes du Rassemblement national. À aucun moment durant son entretien le chef de l’État n’a mentionné les enjeux écologiques.

« Emmanuel Macron propose la suspension de la démocratie »

Sur le plateau de LCI, la présidente du groupe parlementaire insoumis Mathilde Panot a réagi en demandant à Emmanuel Macron de « se soumettre ou se démettre » pour faire « respecter le résultat des urnes et le résultat du vote des Français ».

« Il ne s’agit pas d’une trêve olympique que propose Emmanuel Macron, a-t-elle dénoncé. C’est tout simplement la suspension de la démocratie qu’il propose. J’espère que tout le monde comprend la gravité de ce que cela veut dire. »





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