Fortement critiquée depuis la tentative d’assassinat contre Donald Trump le 13 juillet dernier, Kimberley Cheatle, directrice du Secret Service, chargé de la protection de hautes personnalités américaines, a présenté sa démission mardi 23 juillet 2024. Assumant “la pleine responsabilité de toute faille de sécurité” de son personnel lors de son audition la veille par les représentants du Congrès, elle refusait jusque-là de quitter le navire, malgré les fortes critiques provenant aussi bien du camp républicain que du camp démocrate. Le chef de la Chambre des représentants, Mike Johnson, estime que “cela n’a que trop tardé” tandis que le président Joe Biden a préféré rendre hommage à ses “décennies de service”.
Le 13 juillet dernier, pendant un meeting de la campagne électorale en Pennsylvanie, Donald Trump a échappé à une tentative d’assassinat. Touché à l’oreille par une balle et le visage ensanglanté, il a levé le poing en direction de la foule, immortalisant un tournant dans la course à la Maison Blanche, avant d’être évacué par les agents du Secret Service. “Il est incroyable qu’un tel acte puisse avoir lieu dans notre pays”, avait réagi l’ancien président et milliardaire new-yorkais sur sa plateforme Truth Social. “J’ai tout de suite su que quelque chose n’allait pas car j’ai entendu un sifflement, des coups de feu, et j’ai immédiatement senti la balle déchirer la peau”, avait-t-il raconté.
“Nous avons échoué”
La fusillade a vite laissé place à de vives réactions dans les deux camps, qui s’interrogent sur la proximité de l’assaillant, positionné à 135 mètres environ de l’ancien président, ainsi que sur l’efficacité de ce service d’élite, chargé de la protection des personnalités politiques américaines. Les critiques ont vite été suivies par le lancement de plusieurs enquêtes, visant à identifier les failles qui ont permis à Thomas Matthew Crooks de se rapprocher aussi près et tirer autant de tirs avant une quelconque réaction des agents du Secret Service.
Des questions auxquelles Kimberley Cheatle devait répondre devant une commission de la Chambre des représentants, qui l’a convoquée pour une audition. La patronne de l’agence a reconnu des défaillances. “la mission solennelle du Secret Service est de protéger les dirigeants de notre nation (…) Le 13 juillet, nous avons échoué”, admet-elle. Elle a qualifié la tentative d’assassinat du “plus important échec opérationnel du Secret Service depuis des décennies”, assumant, “en tant que directrice, la pleine responsabilité de toute faille”.
“Directeur Cheatle, parce que Donald Trump est vivant, et Dieu merci, il l’est, vous avez l’air incompétent”, a déclaré le représentant républicain Mike Turner. “S’il était tué, vous auriez l’air coupable”. Son confrère, Ro Khanna, l’un des démocrates qui ont rejoint les appels à la démission de Cheatle, a noté que le directeur des services secrets qui présidait l’agence lors de la tentative d’assassinat de l’ancien président républicain Ronald Reagan avait démissionné. “La seule chose dont nous avons besoin dans ce pays, ce sont des agences qui transcendent la politique et qui ont la confiance des indépendants, des démocrates, des républicains, des progressistes et des conservateurs”, a-t-il fait remarquer.
Malgré leur insistance, de nombreuses questions des représentants sont restées sans réponse. Kimberley Cheatle refusait d’y répondre au motif que les enquêtes étaient toujours en cours. Elle avait toutefois rejeté les appels à sa démission. “Je pense que suis la meilleure personne pour diriger le Secret Service à l’heure actuelle”, a-t-elle affirmé, répondant, sur un ton sec, par un “non merci” à la représentante républicaine Nancy Mace qui lui a suggéré de commencer à rédiger sa lettre de démission depuis la salle d’audience.
Félicitations et hommages à l’annonce de sa démission
Mais la pression était vraisemblablement très lourde. Le lendemain, c’est-à-dire mardi, la patronne du Secret Service remettait sa démission. “C’est le cœur lourd que j’ai pris la difficile décision de démissionner”, a-t-elle écrit dans une lettre transmise à son personnel, selon plusieurs médias américains.
Une décision aussi bien attendue par les Républicains que par les Démocrates. Mike Johnson, figure influente du premier camp et chef de la Chambre des représentants, s’en est vite félicité. “Cela n’a que trop tardé, elle aurait dû le faire il y a au moins une semaine”, a-t-il estimé. Et d’ajouter : “nous devons maintenant recoller les morceaux, reconstruire la confiance du peuple américain dans le Secret Service”.
Le président Joe Biden, qui vient de se retirer de la course à la présidentielle, a préféré rendre hommage à Kimberly Cheatle pour ses “décennies de service”. “Tout au long de sa carrière au sein du Secret Service, elle s’est dévouée sans compter et a risqué sa vie pour protéger notre nation”, a-t-il indiqué.
“J’attends avec impatience d’évaluer les conclusions” de l’enquête “indépendante”, qui doit répondre aux multiples questions sur ce qui s’est passé le 13 juillet dernier. Exprimant son intention de nommer “bientôt” un remplaçant, il a rappelé que “ce qui s’est passé ce jour-là ne doit jamais se reproduire”.
Donald Trump a également réagi à la démission de la directrice du Secret Service sur son réseau Truth Social. Il a imputé la tentative d’assassinat à l’administration Biden, “qui ne l’a pas correctement protégé”. “J’ai été obligé de prendre une balle au nom de la démocratie”, a-t-il écrit.