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À Paris, les opposants aux JO ont organisé leur contre-cérémonie


26 juillet 2024 à 09h56
Mis à jour le 26 juillet 2024 à 15h14

Durée de lecture : 4 minutes

Place de la République (Paris), reportage

Des dizaines de drapeaux palestiniens flottent sur la place de la République ce jeudi 25 juillet. Pourtant, ce ne sont pas les collectifs de soutiens à la Palestine qui ont organisé ce rassemblement, mais les opposants aux Jeux olympiques de Paris. À la veille de la cérémonie d’ouverture, ils ont souhaité rappeler les destructions écologiques, sociales et démocratiques de cette grande messe sportive.

Un évènement qui a entraîné 12 500 expulsions et qui a rempli Paris d’un dispositif sécuritaire sans précédent : 45 000 policiers les jours de pic, plus de 20 000 agents de sécurité et 10 000 militaires de l’opération « Sentinelle », selon le décompte du Monde. Une ambiance anxiogène pour de nombreux manifestants qui n’ont pas le cœur à la fête.

Sami, venu avec ses amis place de la République.
© Laury-Anne Cholez / Reporterre

  • Sami, 24 ans : « Les JO, c’est une méga orgie de la bourgeoisie internationale »

Les JO, c’est un enfer. On ne peut plus circuler, il y a des flics partout qui n’arrêtent pas de contrôler tout le monde. Sur les quais de Seine, il y a des grillages partout pour la cérémonie d’ouverture. C’est absurde.

Et moi, je suis pauvre, je n’ai pas accès aux jeux. Peut-être que si j’avais eu les moyens, je serais allé voir une compétition et j’aurais dégainé le drapeau palestinien.

De nombreux soutiens à la Palestine étaient présents.
© Emmanuel Clévenot / Reporterre

Cet évènement, c’est une espèce de méga orgie de la bourgeoisie internationale qui vient s’amuser dans ce parc d’attractions géant qu’est devenue Paris et aussi Saint-Denis. Avec le climat politique, je pense que beaucoup de gens sont mécontents.

La ville a dépensé énormément d’argent pour ces jeux alors qu’il y a une grave crise du logement. Cela montre très bien où sont les priorités du gouvernement.

« Arrosoir » est dessinateur dans le journal francilien « Le Chiffon ».
© Emmanuel Clévenot / Reporterre

  • “Arrosoir” : « S’opposer à un tel événement, c’est faire preuve d’espoir »

Je suis venu parce que je suis contre les Jeux olympiques et je pense que je ne suis pas le seul. Ce n’est pas rabat-joie que d’exprimer cela, c’est même le contraire. Les JO, c’est la manifestation de la quintessence du capitalisme et de tout ce qui ne va pas dans le monde d’aujourd’hui.

S’opposer à un tel événement, c’est faire preuve d’espoir. J’habite dans le sud de Paris en petite couronne, l’endroit est saturé de publicité pour les jeux. Pour venir ici, j’ai dû traverser la Seine, c’est un peu la croix et la bannière. Il y a des barrières partout, des policiers partout. Je me sentais très oppressé.

Nicolas.
© Emmanuel Clévenot / Reporterre

  • Nicolas, 28 ans : « On a l’impression d’être dans un pays autoritaire »

Les JO sont le creuset de la propagande de tous les pays autoritaires qui y participent. Je pense à la participation officielle d’Israël, alors qu’on ne permet pas à la Russie de le faire.

De plus, à cause des JO, on expulse les sans-abris, on oblige les étudiants à s’en aller de leur résidence universitaire pour accueillir les forces de l’ordre qui ont découvert les états déplorables des chambres.

Des banderoles apposées à la statue de la place rappelaient les conséquences sociales de l’organisation des Jeux.
© Emmanuel Clévenot / Reporterre

Et aussi, on a transformé la capitale en Fort Knox. Il y a plus de policiers que de Parisiens, c’est anxiogène. Couplé avec la situation politique et le déni de démocratie, on a l’impression d’être dans un pays autoritaire. Les seuls qui semblent en profiter ce sont les sponsors.

Il y a des gens qui m’ont dit que je faisais un peu rabat-joie. Mais il faut des rabat-joie pour rappeler par exemple qu’on a dépensé plus d’un milliard d’euros pour nettoyer la Seine.

Laura Inès.
© Emmanuel Clévenot / Reporterre

Laura Inès, 18 ans : « Je suis indignée par les JO »

Pour être tout à fait honnête, je suis venue par hasard en voyant ce groupe de gens manifester. Je suis une jeune issue des banlieues, franco-algérienne et musulmane. Aujourd’hui, j’ai peur et je suis indignée par les Jeux olympiques.

Alors peut-être que certains sont ravis d’avoir un événement aussi grand dans notre pays. Mais en même temps, on a délogé tous les étudiants et les SDF. Il y a plein de commerçants fermés si bien que je n’ai pas réussi à trouver de boulot d’été. Il y a aussi les sportifs israéliens ne qui n’ont pas du tout été sanctionnés comme les joueurs russes, c’est deux poids deux mesures.

Je n’avais vu un climat aussi tendu, avec une telle appréhension de l’autre. C’est assez oppressant et cela me génère de l’anxiété. Surtout les policiers sont lourdement armés. J’ai l’impression d’être dans un des pays du Moyen-Orient qu’on critique pour leur violence. Tout le monde est sur les nerfs.

© Emmanuel Clévenot / Reporterre



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