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Perte dramatique d’efficacité des puits de carbone en 2023


Le lac Canaçari, dans l’État de l’Amazonas, au Brésil, début 2024.

31 juillet 2024 à 16h57

Durée de lecture : 2 minutes

Serions-nous à l’orée d’une boucle de rétroaction positive qui va emballer les changements climatiques ? D’après une étude publiée lundi 17 juillet, les puits de carbone terrestres, composés de sols et de forêts, ont massivement perdu en efficacité en 2023. Avec les sécheresses et les incendies qui se sont multipliés, leur rôle d’absorbeur mondial de CO2 a tourné en sous-régime, à environ un tiers, voire un cinquième de ses capacités moyennes. Alors qu’ils avaient absorbé 9,5 milliards de tonnes de CO2 en 2022, forêts et sols n’ont retenu qu’une fourchette située entre 1,5 milliard et 2,6 milliards de tonnes de CO2 en 2023. Principales causes : la sécheresse en Amazonie et les feux de forêts du Canada et de Sibérie, qui détruisent des arbres prompts à stocker du CO2.

Ces résultats, issus des travaux d’une équipe d’une quinzaine de chercheurs, ont été présentés lundi 29 juillet lors d’une conférence internationale sur le cycle du carbone organisée au Brésil. L’un de ses auteurs, le climatologue Philippe Ciais, a confié une certaine inquiétude. « Si cet effondrement se reproduisait dans les prochaines années, nous risquons d’observer une augmentation rapide du CO2 et du changement climatique au-delà de ce que prévoient les modèles », prévient le directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.

D’ordinaire, en moyenne, ces puits de carbone terrestres avalent jusqu’à 7,3 milliards de tonnes de CO2 chaque année sur la dernière décennie. Le niveau observé l’année dernière est le plus bas depuis vingt ans. Ces chiffres incluent le déstockage du carbone provoqué par les changements d’affectation des sols, comme la déforestation. Le pire, c’est qu’avec le réchauffement qui augmente la fréquence et l’intensité des canicules, sécheresses, incendies et autres phénomènes extrêmes, les puits terrestres devraient continuer à s’affaisser à moyen ou long terme.

L’année 2023 a été marquée par des records de chaleur mais aussi par une très forte augmentation du CO2 dans l’atmosphère, d’environ +86% par rapport à 2022 ! Comme les émissions liées à la combustion d’énergies fossiles n’ont progressé que de 1,1% au maximum, il ne restait qu’un coupable : le ralentissement des puits de carbone naturels qui, rappelons-le, absorbent jusqu’à près de la moitié des émissions d’origine humaine.

Relative bonne nouvelle au milieu de cette alarme : le puits de carbone océanique, lui, a légèrement augmenté pour absorber jusqu’à 8,5 voire 9,5 milliards de tonnes de CO2 en 2023. Cette amélioration est essentiellement due à la survenue du phénomène naturel El Niño, qui empêche les remontées d’eau profondes et riches en CO2 le long du Pérou, et limite donc les émissions.



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