Dans le métro parisien ou sur Internet, impossible d’échapper, ces dernières années, aux publicités pour le spectacle Shen Yun. Avec danseuses à la robe colorée et ciel immaculé, elles annoncent « la renaissance de cinq mille ans de civilisation ». Parfois perçu comme une expression du soft power de la Chine, le spectacle a été conçu par le Falun Gong, ennemi juré du Parti communiste chinois (PCC).
En cette soirée de mai 2024, les rideaux noirs du Palais des congrès, à la lisière nord-ouest de Paris, s’ouvrent sur un parterre de danseuses, de bonzes en robe safran et de gardes impériaux. Sur un écran géant apparaît un être entouré d’un halo de lumière, présenté comme le « Créateur » : « Suivez-moi sur Terre pour sauver toute vie », leur intime-t-il.
Au cours du spectacle se succèdent des tableaux sans cohérence chronologique ou narrative. Des légendes faites de fées célestes, de moines et de dragons alternent avec des scènes contemporaines. Un tableau central intitulé « Les crimes des derniers jours » dénonce la persécution des adeptes du Falun Gong dans la Chine communiste. Des pratiquants lisant un ouvrage de M. Li Hongzhi, fondateur de ce mouvement spirituel, sont soudain pris d’assaut par des hommes en chemise noire avec un brassard rouge et la faucille et le marteau dans le dos — des policiers du régime. Une pratiquante est arrêtée, puis assassinée avant que ses organes ne soient prélevés.
« Cette scène est basée sur des faits réels qui se déroulent encore aujourd’hui en Chine », commente la présentatrice. À la sortie, sur des kakémonos, en plusieurs langues, l’ancien slogan du spectacle qui a disparu des campagnes publicitaires : « La Chine avant le communisme ». Un stand propose les ouvrages du « maître » Li. Une vendeuse conseille aux clients son « livre principal », Zhuan Falun. « Il a été traduit dans plus de cinquante langues », précise-t-elle avant de glisser : « Li Hongzhi habite aux États-Unis, parce qu’il est persécuté en Chine. » (…)
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