Après des négociations très “intenses”, l’État et Atos sont parvenus à un accord, au dernier jour de la période d’exclusivité ouverte en novembre dernier pour le rachat de plusieurs filiales stratégiques de l’ex-fleuron informatique. Le coût du rachat de la filiale Advanced Computing, spécialisée dans l’informatique quantique est de 410 millions d’euros.
Après une décennie sous Thierry Breton, marquée par des acquisitions effrénées et des résultats catastrophiques, Atos a enregistré en 2021 une année noire, entre chute de ses actions et baisse de sa rentabilité. On reproche à l’ex-commissaire, européen donneur de leçon, d’avoir tenté une croissance externe sans que, réellement, l’ensemble de filiales acquises ne soient intégrées au groupe. À cela, s’ajoutent des retards dans le virage vers le cloud ainsi qu’un manque d’investissement dans la recherche, le développement et la formation.
Une “offre ferme” in extremis
La scission de ses activités est envisagée dès l’été 2023. À la fin de cet exercice, la dette financière nette d’Atos s’élevait à 2,23 milliards d’euros. Quant à sa dette financière brute, elle s’élevait à 4,65 milliards d’euros. L’ex-fleuron informatique a généré en 2023 un flux de trésorerie disponible négatif, estimé à 1,08 milliard d’euros.
Début février 2024, un mandataire ad hoc a été désigné pour encadrer les négociations sur cette dette avec les banques. L’ex-ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, affirmait que “l’État utiliserait tous les moyens à sa disposition pour préserver les activités stratégiques » d’Atos. Un mois plus tard, le groupe s’enfonçait encore dans la crise après le retrait “brutal” d’Airbus des discussions liées au rachat des activités big data et sécurité de l’ex-fleuron informatique.
En juin, les premières discussions entre l’État français et Atos débutaient, se clôturant sans accord en octobre. Les négociations concernaient à ce stade-là toutes les activités stratégiques du groupe. L’État avait proposé la bagatelle de 700 millions d’euros.
Le mois de novembre qui suit, un nouveau round est engagé dans le cadre de négociations exclusives, visant l’acquisition par l’État des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire. L’offre à ce stade-là variait entre 500 et 625 millions d’euros. L’activité Advance Computing était cette fois-ci la seule accordée et Atos offrait à Bercy un délai allant jusqu’au 31 mai dernier pour parvenir à un accord et signer un contrat de cession d’actions.
Lundi, la société française a annoncé avoir reçu “une offre ferme” de l’État français. Les négociations étaient “très intenses” et les deux parties ne sont parvenues à un accord qu’à la date butoir.
L’État mise sur Advance Computing
L’État a fait une offre pour acquérir Advance Computing, qui inclut aussi les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et qui exclut les activités de Division AI. Atos souligne que cette offre est estimée à 410 millions d’euros, que l’Agence des participations va devoir débourser. “L’activité ‘Advanced Computing’ du Groupe Atos rassemble les divisions Calcul Haute Performance (HPC) & Quantique ainsi que les divisions Business Computing & Intelligence Artificielle. Le périmètre de la transaction devrait générer un chiffre d’affaires d’environ 0,8 milliard d’euros en 2025”, rappelle-t-on.
“Il est du rôle de l’État, lorsque cela se justifie, d’assurer la pérennité et le développement des activités industrielles les plus stratégiques”, a réagi le ministre de l’Économie Eric Lombard.
Parmi les autres filiales pour lesquelles Atos recherche un acquéreur, les procédures de cession concernant Mission Critical Systems et Cybersecurity Products ont été officiellement suspendues. Selon le communiqué de presse du groupe daté de mai dernier, Atos a interrompu le processus de vente de ces deux activités et aucune négociation active n’est en cours à ce jour.
Mission Critical Systems et Cybersecurity Products continuent donc d’opérer sous la marque Eviden, dont les morceaux ont pu être recollés par Atos pour enterrer définitivement les possibilités de cession.