À peine 11 mois après sa formation, le gouvernement néerlandais chute. Mardi, Geert Wilders, vainqueur des dernières législatives fin 2023, a officialisé le retrait de son parti PVV de la coalition au pouvoir. Les Pays-Bas plongent de nouveau dans une période d’instabilité politique suite à la démission du Premier ministre Dick Schoof, qui continuera à gérer les affaires courantes jusqu’aux prochaines législatives anticipées.
Les dernières élections législatives aux Pays-Bas, qui se sont tenues en novembre 2023, ont été provoquées par la chute de la coalition gouvernementale menée par Mark Rutte, cet habitué du WEF et actuel SG de l’OTAN, suite à des désaccords internes sur la politique d’asile. Ce contexte avait favorisé une campagne dominée par les thèmes de l’immigration et du pouvoir d’achat, sur lesquels Geert Wilders et son Parti pour la liberté (PVV) avait centré leur discours. Cette formation politique avait provoqué la surprise en remportant une victoire historique avec 37 sièges sur 150.
Une patience “à bout”
La formation d’un gouvernement s’était ensuite révélée particulièrement complexe. L’accord a n’avait été trouvé que six mois plus tard, soit en mai 2024 entre le PVV, le VVD (libéraux), le Mouvement agriculteur-citoyen (BBB) et le Nouveau Contrat social (NSC, centre droit). Ce compromis a permis la mise en place d’un gouvernement dirigé par Dick Schoof.
Wilders avait ainsi renoncé au poste de Premier ministre face à l’opposition en face de lui. Il a en outre assoupli certaines de ses exigences, comme négocier un programme commun, résumé dans une note de vingt-cinq pages, qui devait concilier les priorités de chaque parti, notamment sur l’immigration, l’austérité budgétaire, l’agriculture et les questions sociales.
Mais le dirigeant nationaliste, à qui on reprochait des positions jugées radicales sur l’Europe, l’immigration et l’Islam, avait maintes fois menacé d’un retrait si aucun accord n’était trouvé sur la politique d’immigration, mais jusque-là le gouvernement Schoof parvenait à le retenir. La semaine dernière, il exprimait officiellement ses conditions dans un plan de dix points, visant à instaurer une alternative à la politique migratoire actuelle, exigeant l’arrêt complet du droit d’asile, la fermeture des frontières aux demandeurs, la suspension du regroupement familial, le renvoi des Syriens ayant obtenu un statut temporaire, l’arrêt de l’ouverture de nouveaux centres d’accueil et l’expulsion rapide des délinquants à double nationalité.
Peu après, dans une conférence de presse improvisée, il affirmait encore que sa patience “était à bout”. Il a ainsi mis sa menace à exécution, retirant le PVV de la coalition au pouvoir. « Aucune signature dans le cadre de nos plans d’asile. Le PVV quitte la coalition », a-t-il écrit mardi matin, ajoutant : “J’ai signé pour la politique d’asile la plus stricte, pas pour la chute des Pays-Bas”.
En réponse, Dick Schoof a annoncé sa décision de soumettre la démission de son gouvernement au roi des Pays-Bas, Willem-Alexander, conformément à la tradition néerlandaise. Les autres partis de la coalition ont critiqué la décision de Wilders. Dilan Yesilgöz, la dirigeante du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), de droite, se disant « choquée » par cette décision, qu’elle a qualifiée de « super irresponsable ». “On passe pour des idiots (…) Il y a la guerre sur notre continent. Au lieu d’affronter ce défi, Wilders montre qu’il ne veut pas assumer de responsabilité”, estime-t-elle.
Vers des législatives anticipées
De son côté, Caroline van der Plas, leader du mouvement populiste des citoyens fermiers (BBB), a accusé le dirigeant du PVV de prioriser ses ambitions personnelles. « Il ne place pas les Pays-Bas en premier, il place Geert Wilders en premier », a-t-elle déclaré.
La chute de la coalition gouvernementale ouvre ainsi la voie à des élections anticipées, qui devront se tenir au cours des prochains mois, sauf si le Parlement actuel parvient à former une nouvelle coalition. Un scénario peu probable avec le nombre de sièges détenus par le PVV.
D’après les sondages les plus récents réalisés après la chute du gouvernement néerlandais, le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders reste en tête des intentions de vote, bien que son avance sur ses rivaux se soit réduite. L’alliance entre les Verts et les sociaux-démocrates (PvdA/GL), se rapproche du PVV, rendant la compétition très serrée en cas de nouvelles élections. Le parti libéral VVD se maintient également parmi les premiers, ce qui laisse présager des législatives très disputées et des négociations tout aussi complexes pour former une majorité.
De quoi confirmer la montée des partis nationalistes en Europe, face à une Union européenne qui tarde à répondre concrètement aux inquiétudes de ses citoyens sur l’immigration, le pouvoir d’achat ou la souveraineté.