8 août 2024 à 16h51
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C’est par un bref communiqué, publié le 6 août au matin, que la branche autrichienne de Letzte Generation (Dernière génération) a annoncé sa dissolution. « Nous avons continué malgré la violence, les menaces de mort, les arrestations et la détention, la haine ou les amendes qui se chiffrent par dizaines de milliers d’euros… [Mais] nous ne voyons plus de perspective de succès. Aujourd’hui, nous mettons fin à nos protestations », a expliqué la direction de ce mouvement d’activistes climatiques aussi dynamiques que médiatisés dans l’espace germanophone.
La branche autrichienne est née en 2021, comme sa grande sœur allemande, en réaction aux projets de construction d’un tunnel autoroutier en plein centre de Vienne. Ses militants ont ensuite étendu leurs actions en occupant les rues ou le tarmac des aéroports, pour bloquer le trafic et pousser la société et le gouvernement autrichien à agir contre l’emploi des énergies fossiles et « l’effondrement climatique ». Interrogée par le quotidien Der Standard, la porte-parole du mouvement, Marina Hagen-Canaval, a précisé que près de 600 personnes avaient participé aux diverses actions du groupe.
Des membres de la direction en retrait depuis novembre
Après plus de trois années d’activité, le bilan tiré par l’organisation est amer : « Le gouvernement a brillé ces deux dernières années par une incompétence totale. Une partie de la population préfère l’aveuglement fossile… La société a échoué. Cela nous rend malades et infiniment tristes », peut-on lire dans le communiqué. Toutefois, celui-ci se veut aussi optimiste : « Nous faisons de la place pour que de nouvelles choses puissent naître. Nous avons politisé plus de personnes que jamais et planté les graines d’un soulèvement pacifique. Nous ne sommes plus les seuls à ne plus vouloir tolérer les crimes du gouvernement. »
Le communiqué ne détaille pas les raisons internes de la dissolution. Mais Marina Hagen-Canaval a reconnu qu’il existait, depuis plusieurs mois, des divergences stratégiques au sein du mouvement. Une partie de l’équipe dirigeante s’était retirée des postes à responsabilité en novembre dernier, dans le sillage de Martha Krumpeck, célèbre militante du climat autrichienne, actuellement en prison à cause des actions de protestation et de blocage qu’elle a menées.
Il semble aussi que l’association, confrontée à de nombreuses plaintes contre ses militants, ait de sérieux problèmes financiers : « Nous utiliserons les ressources financières restantes pour couvrir les frais liés aux poursuites et à notre défense. Nos canaux de collecte de fonds restent ouverts, car de lourdes amendes et de lourds frais de justice sont toujours en suspens », précisent les activistes.
« Nous restons en colère. La résistance continue »
Depuis 2023, le ministère de l’Intérieur autrichien a enregistré 378 manifestations de Letzte Generation. Elles ont donné lieu à 230 plaintes pénales et 3 990 plaintes administratives. Au total, 1 060 arrestations ont eu lieu. Le ministre conservateur de l’Intérieur Gerhard Karner a annoncé que « la police continuerait à surveiller de près les milieux et leurs groupes dissidents et interviendrait de manière intensive à chaque nouvelle flambée d’actions ».
Christian Bergemann, porte-parole de Letzte Generation Allemagne, a pour sa part confirmé que la partie allemande du mouvement n’avait pas l’intention de suivre l’exemple de la section autrichienne. Cependant, « la fin des protestations de Letzte Generation en Autriche devrait être un avertissement pour nous tous. Il ne suffit pas de souligner sans cesse l’importance de la “cause”. Les gens doivent à un moment se lever », a-t-il expliqué. Pour leur part, les militants autrichiens de Letzte Generation n’abandonnent pas le combat. « Nous restons en colère. La résistance continue », concluent-ils, sans donner plus de précisions.
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