Faut-il qualifier pénalement les féminicides ?, par Laurène Daycard (Le Monde diplomatique, novembre 2024)


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Ruth Marten. – « #46 », de la série « All About Eve » (Tout sur Ève), 2024

À Paris, de Nation jusqu’à République, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé le 25 novembre 2023 pour la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Dans son appel à manifester, #NousToutes, l’un des collectifs organisateurs, revendique l’inscription des féminicides dans le code pénal. « Qualifier pénalement le féminicide, c’est une étape symbolique extrêmement importante », martèle Mme Maëlle Noir, membre de la coordination nationale de #NousToutes. Paradoxalement, alors que le féminicide n’a jamais autant occupé l’espace médiatique et politique, les structures qui militent activement pour son incrimination restent assez minoritaires : ONU Femmes France a lancé sur les réseaux sociaux le mot-clic #LeFeminicideDansLaLoi en 2019, Osez le féminisme ! (OLF) reste sur la même ligne depuis la diffusion de sa pétition « Reconnaissons le féminicide », en 2014.

Mais la plupart des grandes associations françaises de lutte contre les violences intrafamiliales, celles-là mêmes qui se sont mobilisées pour renforcer l’arsenal juridique au cours des trente dernières années, ne se mobilisent pour l’instant pas pour une inscription dans le code pénal. « Je n’ai pas de position claire, admet Mme Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis, jointe par téléphone à l’automne 2023. Aujourd’hui, l’enjeu essentiel pour moi, c’est la question de l’exercice de l’autorité parentale lorsque l’un des parents a tué l’autre. » Contactée à la même période, Mme Clémence Pajot, la directrice générale de la Fédération nationale des centres d’information sur les droits des femmes et des familles, renchérit : « Le premier enjeu, c’est de faire œuvre de pédagogie, notamment à travers la formation des personnels de police-justice. » Et, même si un tel projet semble « très fort sur le plan symbolique », la directrice a aussi conscience des enjeux constitutionnels que cela implique.

« Quid de la rupture (…)

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