Le député Stéphane Delautrette (PS) propose notamment de créer un observatoire de la couverture médiatique des enjeux écologiques. – © Artur Widak / NurPhoto / NurPhoto via AFP
Le député Stéphane Delautrette (PS) propose notamment de créer un observatoire de la couverture médiatique des enjeux écologiques. – © Artur Widak / NurPhoto / NurPhoto via AFP
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Y aura-t-il bientôt une loi pour sanctionner le climatoscepticisme dans les médias ? Plus d’un an après l’émergence de cette idée, des députés issus de huit groupes politiques ont déposé mercredi 13 novembre une proposition de loi « visant à garantir le droit d’accès du public aux informations relatives aux enjeux environnementaux ».
Pour l’association QuotaClimat, à l’origine de cette réflexion, « un changement des règles du jeu est nécessaire pour encourager et permettre à l’écosystème médiatique de jouer le rôle essentiel et attendu face à l’urgence écologique ». En effet, la couverture médiatique des enjeux environnementaux reste trop faible. En 2024, année noire sur le plan climatique, le temps d’antenne dédié aux enjeux environnementaux a diminué de 30 % par rapport à 2023, selon l’Observatoire des médias pour l’écologie.
Portée par le député Stéphane Delautrette (PS), la proposition de loi prévoit entre autres :
- de renforcer les prérogatives de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication) en matière de protection de l’environnement. Le texte propose notamment d’inclure dans les conventions que les chaînes de télévision et les radios concluent avec l’Arcom des volumes horaires dédiés aux enjeux environnementaux ;
- de créer un observatoire de la couverture médiatique des enjeux écologiques ;
- d’instaurer des règles, voire des quotas, en période électorale afin d’assurer une prise en compte des enjeux environnementaux ;
- de renforcer la mission du service public de l’audiovisuel concernant l’information sur la crise écologique.
Le texte entend aussi rendre obligatoires les contrats climat, qui visent à réduire le volume de publicités relatives à des produits ou des services ayant des effets négatifs sur l’environnement. Pour Quota Climat, « l’amélioration de la couverture médiatique des enjeux environnementaux est à portée de loi ». L’association espère une adoption du texte courant 2025.
La nécessité d’une telle loi ne fait cependant pas l’unanimité parmi les experts. En juillet 2023, Laurent Cordonier, le directeur de la Fondation Descartes indiquait qu’« [il] ne pense pas que la loi soit une bonne idée ». « Ce n’est pas en imposant le climat aux rédactions qu’on aura un effet positif, précisait-il. La profession commence à s’autoréguler, il ne faut pas endommager la liberté démocratique. »
La journaliste Anne-Sophie Novel avait pour sa part rappelé les principaux freins à une couverture médiatique à la hauteur de l’urgence écologique : les cas d’intimidation ou les menaces physiques contre les journalistes traitant d’environnement, les poursuites-bâillons ou les poursuites juridiques. Et surtout le problème de la dépendance de nombre de médias envers des actionnaires réactionnaires et parfois climatosceptiques.
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