Le Maréchal et la révolution surréaliste, par Louis Janover (Le Monde diplomatique, novembre 2024)


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Le Maréchal. – « Psychopompe (pompe l’or et le sang) », vers 1965

© Le Maréchal

Dans les années 1950 et 1960, ceux qui viennent à l’art en se réclamant de l’idée de révolution, marqués par la Résistance, recherchent une référence radicale pour rompre avec un réalisme encore trop souvent dominant dans les milieux intellectuels et artistiques. Cette minorité, largement issue de cercles qui côtoient le surréalisme et l’œuvre d’André Breton, se tourne vers une théorie opposée aux divers courants du socialisme de parti de l’après-guerre. Le socialisme de conseils — nourri de ce que fut la lutte des soviets pour une spontanéité dans l’action — peut alors servir de pôle d’attraction et apporter un instant une idée nouvelle de l’avant-garde, loin de la doxa des partis et de ses impératifs réducteurs. Maximilien Rubel, éditeur des œuvres de Karl Marx dans la « Bibliothèque de la Pléiade », exerce une influence indiscutable sur ce milieu. S’ouvre ainsi un lieu de convergence assez unique, espace d’accueil mis au jour par les écrits poétiques et même polémiques de ceux qu’attirait cette mouvance particulière : un espace « d’en dehors », qui n’a de compte à rendre à aucune école. Et c’est là que va se tenir un moment Jacques Moreau, dit Le Maréchal, peintre-graveur, mort en 2016.

« Le Maréchal. Peintre surréaliste, né en 1928 à Paris (…). Il mène une existence solitaire, en rupture à peu près totale avec tout ce qui lui est contemporain », affirme l’écrivain José Pierre dans un livre paru en 1981. Mais de quoi parle-t-on ? Le surréalisme, à ne pas confondre avec la révolution surréaliste — qui se référait à une éthique révolutionnaire de la création artistique ouverte à la radicalité des revendications politiques —, s’est abîmé dans le jeu de déconstruction des cadres d’expression et des codes de création du passé, avec des recours à des procédés qui ne renvoyaient qu’à la découverte d’une direction artistique nouvelle et refermaient le mouvement sur lui-même, à l’intérieur des limites qu’il prétendait franchir. Surréalisme mode d’emploi…

Les expositions organisées en faveur d’un passé (…)

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Louis Janover

Essayiste, ancien membre du groupe surréaliste. Auteur notamment de La Révolution surréaliste, Plon, Paris, 1989 (rééd. : Klincksieck, Paris, 2016), et des Mots perdus de la révolution, Éditions du Sandre, Saint-Loup-de-Naud, 2022.



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