Alors que le G20 au Brésil s’apprête à sceller l’accord de libre-échange UE-Mercosur, les syndicats agricoles français tapent du poing sur la table : « Nous allons nous mettre en route à partir de lundi », a annoncé Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. L’idée est simple : mettre la pression au gouvernement pour qu’il respecte ses promesses d’opposition.
Le Mercosur, alliance économique d’Amérique du Sud, et l’UE négocient depuis plus de 20 ans la création d’une zone de libre-échange majeure. Mais cet accord, censé ouvrir de vastes débouchés pour l’industrie européenne, inquiète profondément les agriculteurs. Et pour cause ! Le texte prévoit des quotas d’importation de produits sud-américains à bas coût, exemptés de droits de douane. Les produits concernés, souvent issus de pratiques interdites en Europe, risquent d’écraser le marché européen : « 30 000 élevages sont en péril et quatre filières sont concernées : l’éthanol, le sucre, la filière bovine et la volaille », dénonçait Christiane Lambert, ex-présidente de la FNSEA, en 2018.
La FNSEA, soutenue par la Coordination rurale et la Confédération paysanne, pointe une concurrence jugée déloyale. Sans « clauses miroirs » imposant des normes sanitaires et environnementales équivalentes, le traité risque d’inonder l’Europe de produits comme le poulet traité aux antibiotiques ou le maïs OGM.
De son côté, le Premier ministre Michel Barnier a déclaré que « la France n’acceptera pas cet accord en l’état » à Ursula von der Leyen. Le hic, c’est que la détermination de Bruxelles, qui s’appuie notamment sur la volonté allemande, met Paris dans une position délicate. Reste donc à savoir si l’Etat français saura faire entendre sa voix auprès d’une Union qui entend mettre de côté la souveraineté. Comme l’explique CNEWS, pour espérer bloquer la décision, la France doit réunir une minorité de blocage, constituée d’au moins quatre Etats, au sein du Conseil qui regroupe les membres de l’UE.