Vous avez sûrement entendu parler de cet écrivain franco-algérien qui a été arrêté en Algérie. Ce n’est pas un sujet qui vous passionnera mais, il est destiné à ceux qui s’intéressent à la géopolitique car en France, cette arrestation fait débat sur les raisons de cette interpellation. Après l’attribution du prix Goncourt à Kamel Daoud** (liens en fin d’article), qui est considéré comme prix politique et non littéraire par ses détracteur, voilà une autre affaire qui fait couler beaucoup d’encre. Vous allez lire la version de l’autre côté de la Méditerranée, et pourrez vous faire votre propre opinion. Proposé par Amar DJERRAD
Par Khider Mesloub* pour Algérie54
En France, l’arrestation de Boualem Sansal déchaîne une virulente campagne d’animosité contre l’Algérie. Un déversement de haine teintée de racisme. Au-delà d’être ignoble, ce déchaînement d’hostilité contre l’Algérie est infondé. Tous les médias français crient au scandale. «Un écrivain pris pour cible par un régime où l’arbitraire le dispute à la tyrannie», voilà, en résumé, les gros titres des médias français. A lire les journaux français, Boualem Sansal aurait été arrêté pour ses œuvres littéraires dérangeantes, ses ouvrages critiques du pouvoir algérien.
Or, jamais, depuis le début de sa carrière d’écrivain, Boualem Sansal n’a été inquiété, fait l’objet d’arrestation pour ses publications. Du reste, tous ses fervents soutiens le reconnaissent implicitement. Notamment l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, qui a twitté, ce jeudi 21 novembre, sur X : «Avec un immense courage et un immense talent, Boualem Sansal a toujours dénoncé les failles et les abus des pouvoirs iniques». Pour sa part, Eric Zemmour, après avoir loué «un authentique combattant de la liberté», précise que Boualem Sansal est «un intellectuel courageux, critique du régime et lucide sur l’islam».
En effet, depuis bientôt trente ans, Boualem Sansal exerce librement son activité de romancier et d’essayiste «critique du régime et de l’islam» en Algérie, sans avoir jamais subi d’arrestation. Ses livres, édités en France, sont vendus librement en Algérie. Tous ses romans et essais, Le Serment des barbares, charge contre l’Algérie du FLN et des islamistes, jusqu’à son dernier Le français, parlons- en, en passant par Rue Darwin, sont disponibles dans les librairies algériennes.
Mieux, il a toujours résidé officiellement en Algérie. Il habite depuis 1972 dans la petite ville côtière de Boumerdes, à une cinquantaine de kilomètres à l’est d’Alger. Il a toujours pu circuler librement entre les deux rives de la Méditerranée, l’Algérie et la France. En 2012, Boualem Sansal s’était même rendu en Israël sans avoir encouru quelque condamnation judiciaire.
Néanmoins, tout le microcosme germanopratin est monté au créneau pour vilipender les autorités algériennes pour avoir arrêté, le samedi 16 novembre, Boualem Sansal à son arrivée à l’aéroport d’Alger. L’un des écrivains, Pierre Assouline, n’hésite pas à se livrer à des comparaisons avec l’époque nazie pour ternir l’image de l’Algérie. «Au début des années 1930, ils n’étaient qu’une poignée d’écrivains à inquiéter leurs lecteurs sur les dangers à venir annoncés par la montée du nazisme. Ils manifestaient là un devoir d’intranquillité correspondant à l’idée qu’ils se faisaient de leur vocation d’écrivain. Dans l’Europe d’hier, ils s’appelaient André Suarès, Klaus Mann… Dans l’Europe d’aujourd’hui, ils s’appellent Kamel Daoud, Boualem Sansal. L’armée algérienne, qui tient les rênes du régime, ne les lâche pas, bien que désormais leur qualité de Français les protège».
En réalité, si Boualem Sansal, ce fasciste apologiste du génocide israélien contre le peuple palestinien, a été arrêté et incarcéré en Algérie, ce n’est absolument pas pour ses écrits littéraires, c’est-à-dire pour sa qualité d’écrivain et d’essayiste. La preuve : depuis bientôt trente ans, il a librement publié plus d’une vingtaine de livres, sans subir aucune interpellation, encore moins quelque incarcération.
Si ce fasciste vient d’être arrêté en Algérie, c’est pour ses engagements et ses prises de position pro-sionistes et pro- marocaines, c’est-à-dire en tant qu’agent avéré et invétéré du sionisme et du Makhzen. Et, surtout, pour sa dernière scandaleuse sortie médiatique où, dans une interview accordée à un média français, il a déclaré que les villes de l’ouest de l’Algérie, comme Tlemcen et Oran, appartiennent au Maroc. En effet, Boualem Sansal a soutenu dans un entretien au média d’extrême-droite, Frontière, dont il fait partie du comité stratégique, qu’une partie de l’Algérie était rattachée au Maroc avant l’indépendance, reprenant à son compte les thèses marocaines expansionnistes du parti Al- Istiqlal.
Aussi, l’interpellation et la poursuite pénale engagée contre Boualem Sansal sont liées à ses récentes déclarations faites à ce média français sur «l’appartenance de certaines villes de l’ouest algérien comme Oran et Tlemcen au Maroc». Par ce dérapage politique et non littéraire, Boualem Sansal a franchi la ligne rouge. Avec une infâme traîtrise, il a tenté de disloquer, sans jeu de mot, la frontière de l’unité nationale, désagréger l’intégrité territoriale de l’Algérie.
Selon plusieurs sources, Boualem Sansal pourrait être poursuivi pour, entre autres, «atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du pays» et «incitation à la division du pays». Des chefs d’inculpation passibles de lourdes peines de prison.
Pour conclure. Avec Kamel Daoud, nous savions que l’attribution du prix Goncourt revêt un caractère éminemment politique et absolument pas littéraire. Avec son congénère Boualem Sansal, nous découvrons que la nomination à l’Académie française revêt également une dimension politique. Pour preuve. Jean-Christophe Rufin, académicien, vient de déclarer qu’à la prochaine séance de l’Académie française, «si Boualem Sansal n’est pas libéré» par les autorités algériennes, il proposera «son élection, exceptionnelle et immédiate, parmi les Immortels».
*Essayiste
(Envoyée par A. Djerrad)
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